Elizabeth II, reine du style et fashion queen
En images. Du glamour de ses jeunes années aux tenues colorées d’une dame de 95 ans, Elizabeth II conjugue coquetterie, diplomatie et protocole au sein d’un vestiaire identifiable entre mille.
Des tenues remarquables d’Elizabeth II, on retient surtout les imprimés, les manteaux color block et les bibis improbables assortis, à plumes, voilette ou rosette, ainsi que cet incontournable sac, qui semble comme attaché à son royal poignet ganté. Une mode figée et délicieusement désuète, que la reine, pourtant, ne cesse à sa manière de réinventer dans un vertigineux nuancier depuis des décennies. Avec une prédilection marquée pour le bleu, le rose et le jaune poussin. Mais ce style inimitable, et parfois moqué, témoigne en réalité d’un dress code royal qui obéit à des règles strictes.
Première exigence : il faut que la reine Elizabeth II puisse être repérée de loin, et ses tenues, dont la transparence est farouchement bannie, doivent également apporter à Sa Majesté un confort optimal. Ses souliers, dont, à sa demande, les talons n’excèdent pas 7 cm de hauteur, sont d’ailleurs préalablement assouplis pour le lui garantir. En outre, des petites mains veillent à lester fermement ses ourlets pour éviter tout effet shocking, en cas d’inopportune bourrasque. De même, ses étonnants couvre-chefs, solidement arrimés, dont elle s’enorgueillit qu’ils ne s’envolent jamais, même par grand vent, ne doivent pas dissimuler son visage. Quant au collier de perles, de préférence à trois rangs, il semble qu’il lui soit devenu, au fil des ans, aussi indispensable que son éternelle broche-bijou.
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Robes de mariée et de sacre
Cependant, l’immuable icône britannique aux cheveux blancs a éclipsé la princesse comme la jeune reine glamour d’hier, silhouette fragile qui remontait la nef de Westminster le jour de son couronnement le 2 juin 1953, dans une impressionnante robe de Sir Norman Hartnell, son couturier fétiche, et chaussée des fameuses «sandales à talons en chevreau doré semés de grenats», signées Roger Vivier. De fait, qui se souvient encore de la jeune femme qui virevoltait, taille cintrée dans une robe à l’allure New Look, lors d’un bal à Ottawa en 1951 ? En 2016, une rétrospective exceptionnelle a ravivé ces souvenirs. Intituée Fashioning a Reign : 90 Years of Style from Te Queen’s Wardrobe, elle a rendu autant hommage que justice à l’élégance de la souveraine britannique au record de longévité.
150 tailleurs, robes et manteaux de jour comme du soir et accessoires, choisis en fonction du lieu, ont retracé les temps forts de son règne et les événements familiaux qui l’ont marqué, révélant en filigrane la diversité de ses goûts. Y compris sa spectaculaire robe de mariée en satin duchesse brodé de lys et de fleurs d’oranger imaginée par le même Norman Hartnell en 1947 − et payée avec des coupons de rationnement. Une charmante tenue exhumée du passé, comme celles de la petite princesse modèle née en 1926, dont la Seconde Guerre mondiale allait assombrir l’adolescence. Sur une photo prise par Sir Cecil Beaton en 1941, la jeune Elizabeth pose ainsi à 15 ans, habillée en colonel des Grenadier Guards, princesse mélancolique, solidaire des efforts de la nation sur laquelle elle était appelée à régner.
Elizabeth II, reine du style
Aujourd’hui, Fashioning a Reign : 90 Years of Style from Te Queen’s Wardrobe, une exposition en trois volets dans trois palais – Holyrood, Buckingham et Windsor – rend autant hommage que justice à l’élégance de la souveraine britannique au record de longévité. (Londres, 1er juillet 1957.)
Pour cette exceptionnelle rétrospective, 150 tailleurs, robes et manteaux de jour comme du soir et accessoires, choisis en fonction du lieu, retracent les temps forts de son règne et les événements familiaux qui l’ont marqué, révélant en filigrane la diversité de ses goûts. (Tokyo, 12 mai 1975.)
C’est Holyrood, son cher palais écossais d’Édimbourg, qui inaugure ce très exclusif défilé de mode, dont Norman Hartnell, Ian Tomas et Stewart Parvin, ont créé les somptueux modèles. (Édimbourg, 24 mai 1977.)
Le style inimitable de la reine d’Angleterre, et parfois moqué, témoigne en réalité d’un dress code royal qui obéit à des règles strictes. (Londres, 1er juillet 1982.)
Une mode diplomatique
Norman Hartnell, Ian Tomas et Stewart Parvin, tous anciens élèves de l’Edinburgh College of Art, ont créé de somptueux modèles, certains en tartan. Écosse oblige. Dans le palais de Holyrood, la reine a accueilli en 1962 le roi Olav V de Norvège en visite d’État. Pour le gala au Royal Lyceum organisé en l’honneur du souverain, Elizabeth II portait une robe du soir en faille de soie lavande sertie de perles, de paillettes, de cristaux et de diamants, très représentative des créations de Norman Hartnell. Et il y a plus de vingt ans, en 1997, le couturier John Anderson, désigné pour l’habiller à l’occasion du sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth, créait pour elle une robe du soir japonisante en soie, brodée de perles blanches, roses, or et ivoire. Une ligne sobre et épurée, alors que les tenues dessinées par le styliste Hardy Amies soulignaient non sans audace la féminité – et la taille − de la souveraine.
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Mais la mode royale traduit aussi un langage diplomatique qui prend en compte les susceptibilités des visiteurs comme des hôtes de Sa Majesté. Même les motifs des broderies sont choisis en fonction de l’événement et des messages à transmettre. Lors de ses audiences avec le Saint-Père au Vatican − Elizabeth II a connu sept papes au cours de son règne −, la reine s’emploie par exemple à respecter scrupuleusement la tradition catholique. Ainsi en 1980, pour sa rencontre avec Jean-Paul II, la chef suprême de l’Église d’Angleterre était vêtue d’une robe noire en velours de soie, la tête couverte par une mantille. Moins solennel, son hommage à la culture écossaise, lorsqu’elle prend ses quartiers d’été à Holyrood fin juin ou début juillet. Sa fameuse garden-party réunit chaque année quelque 8000 invités. En 2009, sa robe en soie rose (signée Stewart Parvin), son manteau assorti en jacquard blanc et son chapeau rose, griffé Philip Somerville, son modiste préféré, avaient ainsi fait sensation. Entre protocole et intimité, la reine, sous des dehors austères, a toujours fait preuve d’une certaine coquetterie.
Cet artcle, initialement publié le 20 avril 2016, a fait l’objet d’un mise à jour.
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