"Combler le manque", "un sentiment de liberté" : le public retrouve cinémas et musées
C’est sous les applaudissements de la première cinquantaine de visiteurs que le musée du Louvre a ouvert ses portes vers 09H00. « Ça nous a trop manqué! Je voulais être là à la première heure », s’exclame Tom Delaporte, 25 ans.
« Heureux de retrouver la Joconde! »
Frédéric Destival, autoentrepreneur de 47 ans, est le premier à entrer pour admirer la Joconde: « Elle m’a manqué pendant sept mois. Heureux de la retrouver! ». Comme pour tous les musées, la distanciation est de mise avec la règle des 8 m2 par visiteur.
A Strasbourg, Thomas Kaufman, 38 ans, et sa fillette de 4 ans, Léa, se rendent à l’exposition « Goethe à Strasbourg ». « La fermeture des musées depuis si longtemps, c’était symbolique d’une crise planétaire. Ca rouvre enfin, c’est un jour important. Le 19 mai 2021 on s’en souviendra! ».
« Comme une rentrée des classes »
Pour Jean-François Chougnet, président du Mucem, un des grands musées de Marseille, « c’est un sentiment un peu étrange, comme une rentrée des classes ». « On s’interroge, le public va-t-il venir, sera-t-il au rendez vous après 203 jours de fermeture? ».
Au musée d’Orsay, à Paris, Isabelle Berthonneau était tellement impatiente qu’elle a pris une semaine de congés pour visiter plusieurs musées. « C’est un sentiment de liberté… Il est nécessaire de recommencer à vivre! », assure cette femme de 54 ans qui a réservé sa place dès le 6 mai pour l’exposition « Les Origines du monde ».
« Enchaîner trois séances la journée »
Albertine et Valérie, deux soeurs de 66 et 65 ans qui ont toujours effectué leurs sorties culturelles ensemble, piaffent d’impatience parmi la file d’attente devant MK2 Bibliothèque, dans l’est de Paris, pour voir « Adieu les cons » d’Albert Dupontel. « On est en manque! », lance Albertine. « On vient à la première séance parce qu’on a tout un programme. On va ensuite à une expo à Beaubourg », explique sa soeur.
Guillaume Leroux, 23 ans, a lui « été traîné là par un ami à 8H00 du matin » pour voir « Mandibules » de Quentin Dupieux. Il « ne le regrette pas ». « On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de monde », relève Léo, 24 ans, qui doit ensuite rouvrir son bar. Les deux disent avoir regardé « beaucoup de streaming » ces derniers mois. « Mais ce n’est pas pareil ».
« Se lever tôt pour aller voir un film, ça fait partie du plaisir », assure Luce Van Dam, 17 ans, venue pour la séance de 8H20. Elle pense « enchaîner deux trois séances dans la journée » car « ce n’est pas tant le film qui compte mais l’ambiance, le grand écran, ressortir un peu groggy ».
Théâtres ouverts, fermés… et occupés
Le paysage est plus contrasté du côté des salles de théâtre et d’opéra, où la jauge est de 35% à partir de mercredi. Et la période coïncide avec la fin de la saison théâtrale.
Les grandes salles subventionnées comme l’Opéra de Paris, Théâtre des Champs-Elysées, Théâtre de la Ville ou encore Théâtre de Chaillot vont rouvrir cette semaine. Mais du côté du privé, sauf quelques exceptions, rien ne change vraiment, la plupart ayant décidé de reporter la réouverture jusqu’en juin, lorsque la jauge remontera à 65%, voire à l’automne.
« Le théâtre, c’est comme la grande cuisine: cela ne s’improvise pas, ça se prépare, se mijote puis se déguste sans masque ni couvre-feu », déclare à l’AFP Jean Bouquin, à la tête du Théâtre Déjazet à Paris, qui compte rouvrir le 12 octobre. « Quel est le producteur qui va se lancer dans un spectacle, avec une jauge plus que drastique? Il ne peut que perdre de l’argent ou déposer le bilan ».
Et en ce jour de réouverture, près de 100 théâtres continuent à être occupés en France par des intermittents et des précaires qui réclament le retrait de la réforme de l’assurance chômage. A Paris, l’Odéon a annoncé avoir annulé sa représentation prévue mercredi faute de d’avoir su convaincre les occupants de quitter les lieux.
Source: Lire L’Article Complet