58 minutes pour vivre sur M6 : retour sur la genèse insolite de ce 2ème Die Hard
58 minutes pour vivre est diffusé ce soir M6, l’occasion de se pencher sur la genèse mouvementée de second opus de la saga Die Hard !
En 1988, dans Piège de cristal, le monde découvrait une nouvelle race de héros d’action, personnifiée par la carrure d’homme ordinaire de Bruce Willis. Les surhommes bodybuildés représentés par Arnold Schwarzenegger ou Sylvester Stallone commencent déjà à décliner. L’Amérique de Ronald Reagan perd de sa superbe, empêtrée dans des scandales d’ingérence dans la gestion des pays d’Amérique du Sud.
UNE SUITE À PIEGE DE CRISTAL, VITE !
Dans ce contexte, le producteur Lawrence Gordon flaire la bonne affaire. Certain que Piège de cristal sera un succès, il va mettre immédiatement la suite en chantier. Trois semaines seulement après la sortie de Die Hard en salles, Gordon engage le scénariste Doug Richardson pour travailler sur le scénario du second opus.
Le producteur anticipe les demandes de la Fox en se procurant les droits du roman 58 minutes de Walter Wager, leur cachant son ambition d’en faire Die Hard 2. « Lawrence Gordon était très malin. Il se doutait, au vu du succès initial du film, que le studio allait demander une suite. Il se doutait aussi que de nombreux scénaristes allaient se battre pour tenter d’avoir le contrat », confie Richardson pour Première.
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Son producteur associé, Joel Silver, se débarrasse de Doug Richardson, et rappelle Steven E. De Souza, auteur du script du premier volet, pour revoir le scénario. « Le pays fictif du Val Verde, qui est une invention de DeSouza, déjà vue dans Commando puis Predator, était déjà dans ma première version du scénario. Je devais lui avoir emprunté. Esperanza, le nom du général joué par Franco Nero, était le nom de la grand-mère de ma femme de ménage ! La première partie du film suit vraiment fidèlement mon scénario original.
Ensuite, quand McClane monte sur la snowmobile, le film se met à dévier de mon scénario, pour devenir presque trop Bondien et fantastique à mon goût. La scène du crash de l’avion rempli de voyageurs était déjà dans mon script original. La différence était qu’il s’agissait d’un jet privé que les méchants envoyaient en collision avec un avion Fedex. C’était la même idée, mais sans autant de morts », précise Richardson.
DELUGE D’ACTION
De Souza s’en donne à coeur joie, ajoutant de nombreuses scènes d’action rocambolesques, trahissant l’essence du premier opus et son côté plus réaliste. Le scénariste de 48 Heures et Commando s’amuse aussi à insérer des références à Piège de cristal un peu partout dans le film. C’est aussi lui qui est à l’origine de l’idée de la notoriété naissante de McClane depuis ses exploits dans la tour Nakatomi. De Souza apporte également une dimension politique à 58 minutes pour vivre, inspiré par toutes les ingérences de USA en Amérique du Sud, notamment le scandale Iran-Contra, qui a fragilisé le Président Ronald Reagan.
Le scénario est prêt, Bruce Willis rempile en John McClane, Bonnie Bedelia campe toujours sa femme Holly, Michael Kamen revient composer la musique, Gordon et Silver sont toujours à la production… la dream team est presque au complet. Une seule personne manque à l’appel, et pas des moindres : John McTiernan, réalisateur acclamé de Predator et du premier opus de Die Hard. L’enthousiasme des producteurs retombe vite, McT n’est pas disponible ! Il doit s’occuper de son nouveau long-métrage, À la poursuite d’Octobre Rouge avec Sean Connery.
QUI POUR SUCCEDER À JOHN MCTIERNAN ?
Branle-bas de combat chez Fox ! Il faut trouver un remplaçant au plus vite. Joel Silver se met en quête de celui qui aura la lourde tâche de succéder à McTiernan. Il se souvient alors d’un jeune réalisateur américano-finlandais, Renny Harlin, 30 ans. Ce dernier est en train de tourner Les Aventures de Ford Fairlane, produit par Silver himself. Le cinéaste, également auteur du Cauchemar de Freddy, commence à se faire une solide réputation à Hollywood. Le contrat est signé très rapidement, Harlin ne voulant pas rater l’occasion de se retrouver à la tête d’un blockbuster de cette ampleur.
Deux mois seulement après avoir terminé Ford Fairlane, le metteur en scène attaque le tournage de 58 minutes pour vivre. Ce dernier s’en sort très bien et parvient à mettre en boîte le long-métrage avec brio. Cependant, ce second opus sera pendant très longtemps le canard boîteux de la franchise, ne bénéficiant pas du savoir-faire d’un maître de l’action comme McTiernan. La mise en scène dynamique de ce dernier est une des raisons du succès de ses films, le tout magnifié par son sens de la dérision. Ce n’est pas pour rien que le cinéaste finira par mettre en scène Last Action Hero en 1993, pastiche assumé des films d’action survitaminés.
UN BEAU SUCCES
Malgré tout, 58 minutes pour vivre est un triomphe, rapportant 240 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget estimé à 70 millions. Le film, malgré sa surenchère pyrotechnique, sa violence et ses ralentis à la John Woo, plaît beaucoup aux spectateurs. Il contribue aussi à faire de Bruce Willis une superstar.
Dans l’Hexagone, il faudra attendre Une journée en enfer pour qu’un Die Hard soit un succès commercial, attirant 3,4 millions de spectateurs. Avant cela, les français ont plutôt boudé la franchise avec environ 650.000 entrées pour Piège de cristal et et 995.000 pour 58 minutes pour vivre. La semaine prochaine, M6 diffusera le 3ème volet de Die Hard, qui a aussi connu son lot de péripéties avant de voir le jour en 1995. On ne manquera pas de vous raconter tout ça !
LES PETITS DETAILS DE 58 MINUTES POUR VIVRE
Source Hors-série Mad Movies Classic « Die Hard, une saga en enfer » (Cédric Delelée et François Cau)
Source: Lire L’Article Complet