Mon enfant a un parent préféré

Il arrive qu’un enfant manifeste plus d’intérêt pour l’un ou l’autre de ses parents. Un déséquilibre qui peut être difficile à vivre pour toute la famille. Pamela Prévost, psychologue clinicienne, nous explique le mécanisme à l’oeuvre dans ce phénomène et comment y faire face.

  • Parent préféré : à quel âge ?
  • Lorsque l’enfant exprime une colère
  • Parent préféré et séparation
  • Parent préféré : que faire ?

Avant d’aborder la question d’une préférence de l’enfant pour l’un de ses parents, il est important d’aborder le problème dans l’autre sens. « L’enfant lui-même se pose la question : ‘Suis-je l’enfant préféré ?’ Il se demande si l’amour de ses parents est inconditionnel« , rappelle la psychologue. « En tant qu’être humain, il est normal d’avoir des réactions différentes face à l’un ou l’autre de ses enfants, en raison de son histoire personnelle, de ses goûts. On peut également reproduire inconsciemment certains schémas », observe Pamela Prévost. Un déséquilibre qui peut être difficile à vivre pour les enfants. Au sein d’une fratrie, il est important que les parents se montrent rassurants envers leurs enfants, que chacun se sente aimé et accepté avec ses particularités et ses différences. 

Parent préféré : à quel âge ?

A la naissance, un bébé n’a pas une préférence pour l’un ou l’autre de ses parents. « Vers l’âge de deux ans, l’enfant peut souhaiter que l’un des deux parents s’occupe de lui. Ce n’est pas parce qu’il le préfère, mais simplement parce qu’il passe plus de temps avec lui au quotidien. L’enfant ne veut pas bousculer sa routine, il a ses habitudes et refuse d’en changer« , explique la psychologue. Il n’est ici nullement question d’amour et cette inclinaison est tout simplement l’expression d’une habitude. Face à cette réaction, le second parent va moins chercher s’imposer et se mettre en retrait, accentuant encore ce déséquilibre.

Cela évolue à mesure que l’enfant grandit. « Vers l’âge de 3 à 5 ans puis jusqu’à 7 ans, l’enfant va s’identifier au parent du même sexe, même s’il passe moins de temps avec lui. Avant trois ans en revanche il n’y a aucune affinité de genre. La préférence s’explique ici en terme d’affinité et non d’amour, l’enfant va être naturellement porté vers le parent qui partage ses jeux et ses activités », détaille Pamela Prévost.

Lorsque l’enfant exprime une colère

Chez l’enfant plus grand, à partir de 10 ans, une colère peut s’exprimer envers l’un des deux parents. Différents cas de figure sont possibles, mais il arrive par exemple que l’enfant ne parvienne pas à répondre à des attentes trop fortes de l’un de ses parents. « Il  y a parfois un déséquilibre entre ce que le parent exige de son enfant, et sa capacité à lui montrer de l’affection », analyse la psychologue. Difficile alors pour l’enfant de se positionner face à ce parent qui lui en demande beaucoup, on observe d’ailleurs souvent une exigence plus forte envers l’ainé, mais qui n’est pas capable de lui témoigner suffisamment d’attention. 

Parent préféré : et en cas de séparation ?

Lors d’une séparation, l’enfant peut également exprimer très tôt, dès l’âge de 5 ans, cette colère envers l’un de ses parents. Il peut éprouver des difficultés à trouver sa place auprès de son père ou de sa mère, avoir des difficultés à accepter un nouveau conjoint. 

Parent préféré : comment apaiser la situation et renouer le lien ?

« Le parent concerné doit avoir confiance en lui et conscience que son enfant ne l’aime pas moins. Les affinités peuvent être différentes, mais pas la quantité d’amour. Il doit également éviter à tout prix d’entrer en concurrence avec son conjoint », recommande la psychologue. Cette dernière insiste sur la nécessité pour le parent, quel que soit l’âge de son enfant, de faire un effort pour s’intéresser à lui, à ses goûts.  « Le parent ne doit pas seulement chercher à imposer ses goûts, mais plutôt demander à son enfant ce que lui à envie de faire« , conseille-t-elle. Le jeu est un formidable outil pour maintenir le lien, ce que beaucoup de parents ont tendance à oublier. Et c’est l’enfant qui va décider du jeu. Le parent doit alors se mettre à son niveau et accepter de s’ouvrir aux passions de son enfant, même si elles sont très différentes des siennes. 

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Mais il peut arriver qu’une prise en charge chez un psychologue soit nécessaire. « Si cette situation génère de la souffrance chez l’une des deux parties, c’est un bon motif de consultation« , observe la praticienne. « Cela peut biaiser la relation et influer sur le lien affectif entre l’enfant et son parent. », ajoute-t-elle. Mieux vaut donc consulter le plus tôt possible afin de dénouer la situation. 

Merci à Pamela Prévost, Psychologue clinicienne, spécialiste des enfants et adolescents

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