Désolé Anisha, la vraie gagnante de « Star Academy », c’est TF1

  • L’édition 2022 de Star Academy s’est achevée dans la nuit de samedi à dimanche sur TF1, avec la victoire d’Anisha au bout de six semaines de compétition.
  • Pour la première chaîne, le retour du télécrochet fut triomphal, notamment en termes d’audiences.
  • TF1 et la production ont su éviter les principaux pièges. Cette Star Academy a trouvé son public, séduisant les plus jeunes sans se mettre à dos les nostalgiques, et a bien géré l’absence de stars internationales.

Qu’Anisha ne nous en veuille pas de l’écrire : la vraie gagnante de la Star Academy, c’est TF1. Mi-octobre, à quelques jours du retour du télécrochet culte sur la première chaîne, nous faisions l’inventaire des nombreux défis à relever pour que le come-back soit réussi. Six semaines, plus tard, force est de constater qu’il a été triomphal.

Pour le premier prime de la saison, le 15 octobre, 4.84 millions de curieux étaient au rendez-vous : une personne sur quatre devant une télévision ce soir-là était en train de découvrir la nouvelle promo. Samedi, malgré le lancement à une heure tardive (22 heures…), 3.77 millions de fidèles ont été au rendez-vous de la finale. Entre-temps, les directs n’ont pas rassemblé moins de 3.4 millions d’individus. Sur la cible si convoitée par les annonceurs, la femme responsable des achats de moins de 50 ans, la part d’audience a chaque semaine dépassé les 40 % Les quotidiennes, suivies en moyenne par 1.76 million d’aficionados ont, elles, clairement dynamisé les fins d’après-midi de la Une.

Star Academy a ainsi retrouvé la dimension de phénomène de société qui la caractérisait il y a vingt ans. Même les médias peu enclins à se compromettre avec des programmes populaires s’y sont intéressés. Le Monde a décortiqué la « vague de nostalgie » qui a transformé l’émission en succès. Libération a consacré sa dernière page de jeudi au (beau) portrait d’Adeline Toniutti, la prof de chant…

Ce lundi, à notre tour de reprendre la liste des challenges qui s’imposaient à la production. Il y en a qui ont été relevés. Et d’autres contournés.

Pas de ringardisation

Ressusciter une émission plus de dix ans après sa dernière diffusion était une gageure. Parce que Star Academy apparaissait comme une émission d’un autre temps – d’avant les réseaux sociaux, d’avant l’industrie musicale bouleversée par le streaming, d’avant The Voice.

Le public de 2022 serait-il prêt à se passionner à nouveau pour des amateurs à la justesse vocale parfois approximative ? Le producteur Mathieu Vergne prévenait avant le lancement que les candidats avaient, « pour la plupart, de gros progrès à faire » et que « c’est ça qu’on allait regarder ». Verdict : l’aspect scolaire a plu aux téléspectateurs qui ont aimé assister à la progression d’un Louis, à l’application d’une Enola et à l’enthousiasme d’un Stan. Même le trublion Julien ne manquait pas de potentiel, mais sa nonchalance a fini par le conduire à l’élimination.

Star Academy n’a pas pâti de la comparaison avec The Voice. « C’est une super belle émission, produite et animée par des gens de talent, on va dire que ce sont nos cousins, déclare à 20 Minutes Matthieu Grelier, le producteur de The Voice. Ce sont deux programmes qui portent la musique, sont complémentaires et permettent à des gens qui ont envie de faire ce métier de s’y exposer. Plus ceux qui aiment chanter ont des opportunités pour pouvoir le faire, mieux c’est. »

Six semaines de passion

Cette Star Academy à la sauce 2022 n’aura duré que le temps de sept primes, soit moitié moins que par le passé. « Le public ne peinera-t-il pas à s’attacher à cette version express ? », nous demandions-nous il y a plus d’un mois. La crainte a rapidement été dissipée. Entre la bonne élève, le garçon sensible, la diva, la timide ou le crâneur, les profils des candidats étaient suffisamment marqués – presque archétypaux – pour qu’on cerne d’emblée une partie de leur personnalité. Ce qui ne les a pas empêchés de se révéler avec d’avantage de subtilité et d’épaisseur au fil des semaines. Pour les téléspectateurs, il y avait à boire et à manger entre les réparties lunaires de Léa, les bouderies de Chris, les doutes d’Anisha et la spontanéité de Tiana… Ils et elles nous manquent déjà.

Un public jeune conquis

Pour Rémi Faure, le directeur des programmes de flux de TF1, il s’agissait du plus gros défi : séduire les plus jeunes générations, pour qui la Star Academy n’évoque rien ou presque. « Si on veut faire d’autres saisons, il faut qu’on embarque le public de demain », disait-il à la conférence de presse.

Est-ce dû à la curiosité, à l’influence des parents, au retour de hype pour la mode des années 2000 ? Toujours est-il que les minots ont répondu présents. En moyenne, les quotidiennes ont enregistré une part d’audience de 32 % chez les 15-24 ans. Le score sur cette tranche d’âge a atteint 43 % pour les primes (hors demi-finale et finale). Banco.

Juste ce qu’il faut de nostalgie

Brusquer les souvenirs des fans de la Star Ac’ ancienne époque en bousculant leurs repères et en proposant quelque chose de radicalement différent était un autre écueil à éviter. Les piliers essentiels – le château de Dammarie-les-Lys et Nikos Aliagas – étaient là. Autour d’eux, les ex-élèves Karima Charni et Lucie Bernardoni, promues animatrice de l’after et répétitrice, ont été des présences appréciées.

En revanche, la production, qui avait prévu d’inviter des anciens chaque dimanche soir pour dîner avec la promo, a revu ses plans après le passage catastrophique de Jean-Pascal, Mario et Carine la première semaine. On n’a quasiment rien vu de leur venue lors de la quotidienne et ça n’a pas manqué.

Des stars internationales ? Pour quoi faire ?

Une saison de Star Academy peut-elle tenir la route sans star internationale sur le plateau ? Cette édition a prouvé que oui. Si l’on redoutait que l’absence de pointures telles que Beyoncé, Mariah Carey ou Madonna, qui ont fait les grandes heures du télécrochet, donne une impression d’émission au rabais, cela n’a pas été le cas.

Le quota de vedettes mondiales a été chiche : Lewis Capaldi et Tom Gregory (qui ?) pour les deux premiers primes et Robbie Williams pour la finale. Ce dernier était aussi le parrain de la saison et ça, on l’avait presque oublié. On se dit même que Clara Luciani ou Véronique Sanson auraient fait office d’excellentes marraines.

Les artistes français ont été au rendez-vous, on a même vu Zazie sur la scène pour la première fois, et cela a été propice aux beaux moments. On a aimé aussi que plusieurs d’entre eux (Camille Lellouche, Bilal Hassani, Slimane, Soprano, Lara Fabian…) soient allés à la rencontre des élèves au château, ce qui a nourri la quotidienne. Autre bonne idée, demander à des figures (Camélia Jordana, Vitaa, Slimane, Hoshi) d’écrire des chansons originales pour les finalistes qui sont autant de validations pour les artistes en herbe.

Une bonne viralité

A quoi ressemblerait la Star Ac’ à l’heure de Twitter et Instagram ? Telle était la question. Côté posts et stories, la chaîne et la production ont fait dans la retenue. Rémi Faure estimait que « le réseau social, c’est le château ». Il n’avait pas vraiment tort : le flux en direct, disponible une bonne partie de la journée sur MyTF1 Max, a été particulièrement suivi. Il était commenté instantanément sur Twitter où le hashtag #StarAcademyLive était régulièrement parmi les plus mentionnés.

Des internautes ont partagé des centaines et des centaines d’extraits vidéos – la production a fait supprimer bon nombre d’entre elles pour infraction aux droits d’auteur. On a quand même eu le temps de constater que la quotidienne lissait sensiblement les contenus trop polémiques (Léa disant à Enola que lors de leur première rencontre elle lui a trouvé « l’air conne » ; Laure Balon haussant le ton face à Julien…). La production a été bien inspirée de se concentrer sur la bienveillance.

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