Culture – Bernard Minier : “notre monde a des dents et il mord !”
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Ici Paris : Servaz est donc de retour mais dans un milieu pour le moins surprenant : le cinéma d’horreur. Seriez-vous amateur du genre ?
Bernard Minier : Je l’étais très modérément avant d’entreprendre l’écriture d’Un Œil dans la nuit. Comme tous ceux de ma génération, j’avais vu L’Exorciste, Rosemary’s baby, Psychose et quelques autres. Mais comme toujours, je me suis immergé à 200 % dans l’univers que j’envisageais de décrire. Pendant des mois, j’ai donc visionné plus de 200 films d’horreur, en général entre 21 heures et 1 heure du matin. J’ai réussi à dénicher 150 films qui valent le détour, de 1920 à nos jours : la liste figure d’ailleurs à la fin du roman.
Et il y a de remarquables réussites dans le genre. Est-ce également pour vous l’occasion d’évoquer la littérature de genre, celle du thriller en particulier ?
En effet car le thriller, tout comme le cinéma d’horreur, fait appel aux émotions des lecteurs ou des spectateurs, mais transmet aussi une certaine vision du monde. Un monde sombre, inquiétant, corrompu, dangereux. L’un et l’autre nous disent : non, le monde n’est pas innocent, il a des dents et il mord.
Comment expliquez-vous ce regain d’intérêt, notamment, chez les jeunes, pour les films d’horreur ?
Pas seulement chez les jeunes. L’astrophysicienne britannique, Rosemary Coogan, sélectionnée en 2022 pour aller dans l’espace, a déclaré passer de nombreuses soirées à regarder des films d’horreur. Je crois que ce que les gens apprécient dans le cinéma d’horreur c’est son jusqu’au-boutisme. On y voit ce qu’on ne voit nulle part ailleurs. Tout y est permis. Pas d’autocensure, pas de politiquement correct, on y va à fond. C’est un cinéma transgressif, instinctif, viscéral et surtout, qui ne donne pas de leçons. Les gens en ont marre des donneurs de leçons… Mais dans mon roman, il n’est pas seulement question de cinéma d’horreur. J’aborde aussi les thèmes de l’amitié, de la filiation, du complotisme…
EN VEDETTE
Bernard Minier XO éditions, 506 pages, 22,90 €
Dans les montagnes, retiré du monde, un réalisateur de films d’horreur, Morbus Delacroix. Culte, misanthrope, fou ! Parmi ses fans, une étudiante de cinéma. Fascinée, intrépide, inconsciente… À Toulouse, un as des effets spéciaux est retrouvé mort, ligoté sur un lit d’hôpital. Et si ce meurtre trouvait sa source dans un film maudit ? Pour le commandant Martin Servaz, peut-être la plus grande énigme de sa carrière. Cet œil dans la nuit n’a pas fini de vous fixer. Quel bonheur de retrouver ce bon vieux Servaz dans ce 8e opus tout simplement addictif et électrisant. Minier a encore de beaux jours devant lui pour hanter nos nuits…
STÉPHANIE LOHR
À VOIR
Annie Colère DVD et Blu-Ray 19,99 €
Mère de deux enfants, Annie, ouvrière dans une petite ville, tombe accidentellement enceinte une 3e fois. Son mari est d’accord avec elle pour avorter, mais en 1974, cette pratique est illégale. Annie décide de partir à la rencontre du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) et rallie leur cause. Un fi lm puissant et féministe sur un mouvement qui a abouti à la dépénalisation de l’IVG en 1975.
THOMAS PROMÉ
À ÉCOUTER
Boulay chante Bashung. Isabelle Boulay Sony, 17 €
L’artiste québécoise chante Bashung… A priori on se dit « quelle drôle d’idée » tant elle semble éloignée de l’univers de ce chanteur. C’est justement ce qui fait tout l’intérêt de cet album. Le fait qu’une femme chante donne déjà une autre vision des mots, et Isabelle les articule si bien qu’elle leur enlève le côté sombre et en fait parfois ressortir un nouveau sens. Un peu comme quand Alain Bashung reprenait Les Mots bleus de Christophe. Ce ne sont pas des reprises, c’est une transformation et elle est plus que réussie.
JEAN MARC
À FAIRE
Ramsès et l’or des pharaons. Grande halle de La Villette de Paris, 75019, entrée 24 €, 4-14 ans 20 €, expo-ramses.com
C’est l’expo événement de ce printemps. Plus de 180 pièces (bijoux, momies d’animaux, mobilier…) dont certaines ne sont jamais sorties d’Égypte, sont rassemblées jusqu’au 6 septembre. Le sarcophage du pharaon est prêté en exclusivité, une première depuis 1976. Vous pourrez aussi vivre une expérience immersive unique avec casque VR (15 € en plus) qui vous permettra de visiter le temple d’Abou Simbel et la tombe de la reine Néfertari. À ne pas manquer !
ANAÏS PACAUD
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