Covid-19 : pour cet épidémiologiste, la vaccination ne suffira pas pour endiguer l’épidémie, découvrez pourquoi

En France, la campagne de vaccination contre la Covid-19 s’accélère. Suffira-t-elle à sortir de la crise sanitaire ? Dans le JDD, l’épidémiologiste Antoine Flahault explique pourquoi tout miser sur le vaccin pour endiguer la pandémie de coronavirus est « un pari hasardeux et risqué » selon lui.

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16.06 % des Français ont reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid, selon la plateforme Covid Tracker. Et la campagne de vaccination s’accélère dans l’Hexagone : « Dès lundi, tous les plus de 55 ans pourront être vaccinés », a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran le 11 avril dans le Journal du dimanche. Il a également précisé que le vaccin Janssen du laboratoire Johnson & Johnson arriverait dès ce lundi 12 avril avec une semaine d’avance et que la première livraison regrouperait 200.000 doses.

Si la vaccination est indispensable pour endiguer l’épidémie de Covid-19, cette stratégie est-elle suffisante pour faire face au virus ? Non, selon Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à Genève (Suisse). Dans un entretien accordé au JDD, il estime que tout miser sur le vaccin pour sortir de la crise est « un pari hasardeux et risqué ».

Vaccin anti-Covid : 3 scénarios qui pourraient limiter son efficacité

L’analyse de l’épidémiologiste repose notamment sur trois scénarios qui pourraient mettre à mal l’impact de la vaccination : « Si de nouveaux variants émergent et mettent en péril l’efficacité des vaccins, si l’acheminement ne se fait pas au rythme voulu, si les problèmes rencontrés par le vaccin AstraZeneca se posait avec d’autres vaccins et remettait en question l’adhésion de la population », indique-t-il.

La suspension du vaccin AstraZeneca dans plusieurs pays européens après des cas de thromboses avait effectivement eu un impact sur la confiance de la population dans ce sérum : 61% des Français avaient par exemple affirmé être méfiants à l’égard de ce vaccin, selon un sondage YouGov révélé le 22 mars dernier.

Vaccination et circulation minimale du virus, des piliers contre la Covid-19

Antoine Flahault rappelle également que la vaccination seule ne suffit pas pour lutter contre le coronavirus. « Les pays européens qui réussissent (Royaume-Uni, Portugal, Danemark, Norvège, Finlande ou Allemagne) s’appuient sur deux piliers : la vaccination mais aussi une circulation minimale du virus« , précise-t-il dans le JDD.

Pour limiter la circulation du virus, la mise en place de certaines mesures restrictives ont aussi un rôle à jouer. L’épidémiologiste développe notamment l’exemple du Royaume-Uni : ce pays « qui sort de deux mois de confinement, observe une chute drastique des infections et de la mortalité amplifiée par sa politique vaccinale ».

La France parviendra-t-elle à suivre ce cap ? En mars dernier, des restrictions ont été mises en place dans plusieurs départements. Le 3 avril, un confinement hybride et un couvre-feu ont été instaurés sur tout le territoire. La France pourrait connaître la situation du Royaume-Uni « début juin si elle maintient son niveau de restrictions jusque-là », indique Antoine Flahault dans le JDD.

Covid-19 : le nombre de cas augmente au Chili malgré la vaccination massive

Preuve que la vaccination seule n’est pas suffisante pour sortir de la crise sanitaire, le Chili, qui est le troisième pays le plus vacciné au monde derrière Israël et le Royaume-Uni, se reconfine.

Si 37% des Chiliens ont reçu au moins une dose d’un sérum anti-Covid, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 explose. Le 9 avril dernier, 9.151 cas ont été recensés, un chiffre qui dépasse ceux enregistrés lors de la première vague de la pandémie. « L’épidémie est hors de contrôle, et le virus se réplique à une plus grande vitesse que lors du pic de juin 2020. Il y a eu un discours beaucoup trop triomphaliste qui a laissé penser que le vaccin était un blanc-seing », explique au Monde Gabriel Cavada, épidémiologiste et spécialiste en biostatistiques.

Un nouveau confinement strict a ainsi été imposé au Chili. Les frontières du pays sont désormais fermées, un couvre-feu est en vigueur et les élections prévues le 11 avril ont été repoussées. L’interdiction totale de sortir même pour acheter à manger avait même été instaurée le week-end du 27 mars.

L’importance des gestes barrières face à la Covid-19

Une situation qui serait notamment due à un non-respect des gestes barrières. « Personne ne remet en cause le fait que la campagne de vaccination est une réussite mais elle a donné un faux sentiment de sécurité aux gens, qui ont eu l’impression que puisque nous sommes tous vaccinés, la pandémie est terminée », explique au New York Times le Dr Francisca Crispi, présidente régionale de l’association médicale chilienne.

Or on le sait : après une première dose de vaccin, il faut compter environ deux semaines pour être en partie protégé et attendre également deux semaines après la seconde dose pour profiter pleinement des effets du vaccin, tout en sachant que les sérums anti-Covid ne confèrent pas une immunité totale face au virus. « Le port du masque reste donc nécessaire. Plus généralement, une personne vaccinée doit continuer d’appliquer les gestes barrières », peut-on lire sur le site du ministère de la Santé.

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