Comment cette montre Patek Philippe a-t-elle pu atteindre 7,8 millions de dollars aux enchères ?
Alors que le marché du vintage atteint des sommes stratosphériques, cette montre aux heures du monde signée Patek Philippe vient de s’envoler pour 7,8 millions de dollars chez Phillips Genève. Alors, spéculation ou œuvre d’art ?
De l’aveu même des collectionneurs et vendeurs de montres les plus en vue, le marché de l’horlogerie vintage est pris d’une fièvre sans précédent. Une bulle spéculative touchant les professionnelles de Rolex, les Royal Oak d’Audemars Piguet et surtout une large gamme de Patek Philippe faisant parfois plus que doubler les prix de ces garde-temps désirés en seulement une dizaine d’années. «C’est du jamais vu. Aujourd’hui, les montres ont une cote journalière, exactement comme à la bourse», déplore Grégory Blumenfeld, fondateur du Guide des montres et grand passionné de garde-temps allurés, qui fait face à de plus en plus d’investisseurs mal intentionnés. Face à cette flambée inédite, le nouveau record établi chez Phillips à Genève par cette montre Patek Philippe Ref. 2523, dite «Silk Road», pourrait sembler se glisser dans le sillage de cette folie ambiante. Et pourtant, un simple coup d’œil suffit pour se rendre compte de sa valeur inestimable.
Spécimen rare
Un aperçu du cadran aux heures du monde de cette montre montre Patek Philippe.
Premier indice : sa fonction worldtime révèle quelques surprises. «Il y a une vraie poésie dans cette pièce. C’est toute la beauté des heures du monde, nous faire voyager rien qu’en lisant le nom des villes et certaines mentions n’existent plus d’ailleurs aujourd’hui, comme la Californie ou Saïgon», ajoute-t-il. Une montre pensée en 1953 (bien avant le coup d’éclat lancé par Patek Philippe dans les années 1970 avec sa Nautilus et les volumes de production d’aujourd’hui) et dont on a pour le moment retrouvé que deux autres exemplaires.
On le sait, si la rareté de la pièce est une condition essentielle, la conservation du cadran en est une autre (qui peut compter pour 80% de la valorisation totale). Et à ce jeu-là, cette référence 2523 mérite que l’on s’attarde sur la beauté délicate de cette mappemonde peinte à la main. «Ce cadran en émail cloisonné s’apparente plus à une œuvre d’art qu’à une simple montre. Soixante-dix ans plus tard, il est encore là, intact, sous cloche. Et on imagine encore l’artisan en blouse blanche, penché seul sur son établi, qui a signé cette pièce digne des métiers d’art», souligne Grégory Blumenfeld. Un record de vente qui le choque finalement moins que le prix affiché par certaines montres phares de la tendance sport chic. Et si certains spéculent sur l’identité de ce mystérieux collectionneur qui s’est emparé de cette pièce maîtresse pour 7,8 millions de dollars, il ne reste plus qu’à espérer la revoir un jour, pourquoi pas sous les ors du musée Patek Philippe à Genève.
Source: Lire L’Article Complet