Cate Blanchett orchestre la descente aux enfers de « Tár », son personnage
- Cate Blanchett est impressionnante dans « Tár » de Todd Field où elle incarne une cheffe d’orchestre aussi géniale qu’autoritaire.
- La descente aux enfers de son personnage, après des accusations de harcèlement, se révèle spectaculaire.
- Déjà récompensée à Venise et aux Golden Globes, la comédienne est archi favorite dans la course aux Oscars.
Elle est magistrale. On ne voit pas d’autre adjectif pour qualifier la prestation de Cate Blanchett dans Tár de Todd Field. Un avis partagé par le jury de la Mostra de Venise et les votants des Golden Globes qui l’ont récompensée.
La comédienne impressionne en cheffe d’orchestre autoritaire qui va être emportée dans une spirale terrifiante malgré le soutien de son assistante jouée par une Noémie Merlant, impeccable. « Si Cate avait refusé le rôle, le film n’aurait jamais vu le jour, insiste Todd Field qui dit l’avoir imaginé et écrit pour l’actrice. Cela faisait des années que j’avais envie de raconter comment quelqu’un qui a tout donné pour concrétiser son rêve voit sa réussite professionnelle tourner au cauchemar quand elle est accusée de harcèlement au point de finir par tout perdre. » On ne voit pas qui d’autre qu’elle aurait pu incarner avec autant de justesse cette femme emportée dans une spirale de jeux de pouvoirs où la musique ne trouve aucune place et qui passe en un temps record du statut de star adulée à celui de paria abandonnée de tous.
De la gloire au cauchemar
« C’est évidemment un personnage purement imaginaire », assure Todd Field. N’en déplaise à Marin Alsop qui prétend s’être reconnue dans ce personnage tyrannique et obsessionnel et s’être sentie « offensée en tant que femme, en tant que cheffe d’orchestre et en tant que lesbienne ». Réaction de Cate Blanchett sur la radio anglaise ClassicFM : « Je n’ai basé le personnage de Lydia Tár sur personne en particulier. Elle est cheffe d’orchestre mais aurait pu facilement être un architecte ou un patron d’une grande banque ». L’actrice australienne balaie aussi l’accusation de lesbophobie : « Oui c’est un film très provocateur, mais c’est un examen de la nature corruptrice du pouvoir institutionnel qui affecte tout le monde, peu importe votre orientation sexuelle ou votre sexe ».
Et à ce jeu, Cate Blanchett est sublime, autant dans la gloire que dans la descente aux enfers de son personnage, dans les discussions avec ses musiciens que dans sa relation avec son épouse et leur fillette. Elle n’angélise jamais un personnage tout en nuances, capable de se montrer aussi sympathique que parfaitement détestable. De quoi la faire donner évidemment favorite pour un troisième Oscar après ceux qu’elle a reçus pour Aviator (2005) de Martin Scorsese et Blue Jasmine (2014) de Woody Allen alors qu’elle a déclaré il y a dix jours aux Critics Choice Award (qu’elle a remporté) « ne plus supporter ce système de mise en compétition des acteurs ». Une autre polémique ?
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