A Paris, après l'Odéon, les intermittents du spectacle investissent le 104
Les intermittents du spectacle ont quitté l’Odéon, théâtre qu’ils occupaient depuis le 4 mars, pour investir la salle parisienne du 104, qui est également un centre de vaccination, a-t-on appris auprès de la CGT Spectacle.
Ils ont évacué d’eux-mêmes l’Odéon vers 6h du matin, enlevant toutes les banderoles revendicatives sur le fronton et ne laissant que celle-ci, « A bientôt… ».
« Continuer à batailler le plus longtemps possible »
Ils se sont rendus au 104, autre lieu culturel de la capitale, où ils ont déployé leur banderole à l’intérieur. « Nous voulons trouver le moyen de faire une occupation, avec nos assemblées générales, sans empêcher les spectacles au 104, ni les vaccinations, puisque c’est un centre de vaccination. Nous sommes en train de rencontrer la direction, on va s’organiser », a indiqué à l’AFP Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. La direction du 104 n’a pu être jointe.
« Rester à l’Odéon » était « devenu un problème d’affrontement avec la direction », avait exposé plus tôt dans la matinée ce responsable syndical, qui précisait alors déjà que l’idée était de « poursuivre ailleurs, pour continuer à batailler le plus longtemps possible ».
Le mouvement d’occupation des théâtres, parti de l’Odéon, a essaimé dans une centaine de salles à travers la France.
Une deuxième année blanche demandée
Soutenus par la CGT, les intermittents du spectacle et précaires étaient sur les lieux, à l’Odéon, 24h sur 24, pour réclamer une deuxième année blanche en raison de la crise sanitaire et le retrait de la réforme de l’assurance chômage qui entre en vigueur en juillet.
Ce mouvement d’occupation avait empêché, selon la direction de l’Odéon, la réouverture de ce théâtre au public comme prévue dès le 19 mai avec les représentations de « La Ménagerie de verre », chef-d’oeuvre de Tennessee Williams, mise en scène par Ivo van Hove, avec Isabelle Huppert en tête d’affiche.
« La décision du directeur de ne pas donner les représentations de +La Ménagerie de verre+ depuis le mercredi 19 mai, ce n’était pas tenable pour nous, car on voulait que ce spectacle ait lieu », avait commenté Denis Gravouil.
« Les représentations de +La Ménagerie de verre+ reprendront donc dès le mardi 25 mai », a d’ailleurs annoncé Stéphane Braunschweig, directeur de l’Odéon, dans un communiqué dimanche en fin de matinée.
Une réouverture culturelle en trompe-l’œil ?
Denis Gravouil se montre par ailleurs sceptique sur la réouverture culturelle par étapes depuis le 19 mai: « C’est un leurre, il y a un tiers, un quart, un dixième des gens qui travaillent (…) certains festivals sont annulés ou sont en demi-jauge; les théâtres privés ont reporté. Donc, déjà, la réouverture ce n’est pas suffisant, elle est partielle ».
Ce mouvement d’occupation des théâtres est condamné par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. La responsable politique avait twitté jeudi: « Le moment est venu d’arrêter les blocages, de permettre au public de revenir en sécurité dans les salles, de laisser artistes et techniciens travailler ».
Spécificité française, le régime des intermittents concerne 120.000 artistes et techniciens indemnisés chaque année avec comme condition d’avoir travaillé 507 heures sur 12 mois. Emmanuel Macron leur a accordé une année blanche qui expire en août et qui a été récemment prolongée de quatre mois.
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