8 conseils pour prendre soin de son foie

Malbouffe, médicaments, alcool… A force d’être exposé à des toxiques, le foie s’engorge. Et si on lui accordait un peu de répit?

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« On a souvent tendance à délaisser le foie, au profit des intestins, alors qu’il joue un rôle fondamental pour notre santé« , assure le Pr Didier Samuel, hépatologue à l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif. Cet organe volumineux assure en effet de nombreuses missions essentielles : il débarrasse le corps de déchets variés (globules rouges usagés, pesticides…), il participe à la synthèse de plusieurs protéines et garantit le stockage de certaines vitamines. Il transforme, en outre, les nutriments apportés par l’alimentation et régule aussi le taux de sucre dans le sang. Mais notre mode de vie actuel lui impose un surcroît de travail. Or, lorsqu’il est trop sollicité, il peut avoir des ratés.

Une alimentation trop riche en sucre et en féculents est nocive pour le foie. Et attention aux graisses cachée ! Si les glucides absorbés en masse ne sont pas brûlés par l’exercice physique, le foie les transforme en lipides et s’engraisse peu à peu. « Huit millions de Français sont touchés par ce fléau sans forcément le savoir« , estime le Pr Lawrence Serfaty, chef du service des maladies du foie au CHU de Strasbourg. Ils font une stéatose hépatique non alcoolique (maladie du soda). Celle-ci est souvent bénigne, mais dans 20% des cas, le foie devient fibreux et développe une stéatohépatite (NASH), une forme plus sévère de la maladie du foie gras. Avant 50 ans, les femmes sont moins à risque que les hommes, car les œstrogènes les protègent. Un effet qui disparaît à la ménopause.

Réduire les sucres

Les confiseries et les pâtisseries ne sont pas seules en cause. « Tous les féculents dont l’index glycémique est élevé (purée de pommes de terre, fécule de maïs, pain blanc…) surchargent le foie, explique la nutritionniste Angélique Houlbert, auteure des Recettes du régime Nash (éd. Thierry Souccar). Il faut également se méfier des jus de fruits, aussi nocifs que les sodas. » En effet, le sucre des fruits – fructose – n’est pas une source d’énergie directement utilisable par les muscles. Pour être exploité, il doit au préalable avoir été transformé par le foie. Or, celui-ci ne parvient à traiter qu’une faible quantité de fructose à la fois. L’excédent est donc stocké sous forme de graisse.

La stévia, mieux que les édulcorants chimiques

L’idéal est de se désaccoutumer du goût sucré. Mais si vous n’y parvenez pas, optez pour la stévia. Une étude américaine, datant du mois d’avril 2020 et publiée dans Scientific Reports, démontre que sa consommation est sans risque pour le foie. En revanche, le sucralose et l’aspartame ne le sont pas.

Surveiller votre assiette

Tous les produits chimiques présents dans les aliments transformés, de même que les pesticides, sont dégradés par le foie. Pour traquer les premiers, il suffit de scruter la liste des ingrédients. Plus elle est longue, plus l’aliment est bourré d’additifs ! Pour éliminer les pesticides présents dans les légumes, faites-les tremper dans de l’eau additionnée de vinaigre ou de bicarbonate de soude (2 cuillerées à soupe par litre), puis brossez-les avant de les rincer à l’eau claire.

Ne pas dîner trop tard

« Nos organes sont régis par une horloge biologique qui rythme leur activité« , observe Angélique Houlbert. Le foie ne fait pas exception. Il est plus actif durant la journée que lorsque le soleil est couché, c’est pourquoi les travailleurs de nuit sont davantage touchés par la maladie du foie gras. Pour réduire les désordres hépatiques, mieux vaut donc dîner léger, à heures régulières (à la demi-heure près) et pas trop tard.

Consommer des choux

Les légumes verts fournissent de nombreux micronutriments (vitamines, minéraux…) qui aident le foie à neutraliser les toxines et à évacuer les métaux lourds. Selon une étude américaine de l’université de l’Indiana, publiée en janvier 2020 dans la revue Hepatology, les choux frisés, brocolis et choux de Bruxelles recèlent de l’indole, un composé qui réduit l’inflammation du foie et son infiltration par les graisses.

Marcher à bonne allure au moins 30 min/jour

Lorsque les muscles se contractent, ils consomment du sucre, ce qui tempère les risques de surcharge hépatique. Ils boostent aussi la circulation de la lymphe et produisent des substances anti-inflammatoires qui diminuent les risques de Nash. Une étude irlandaise de juillet 2020, révélée dans Alimentary Pharmacology & Therapeutics, suggère que ces bienfaits apparaissent même sans perte de poids. Les activités d’endurance (marche rapide, vélo, natation…) sont les plus efficaces. On peut aussi choisir de faire de l’exercice en fractionné, c’est-à-dire entrecouper les séances d’intensité modérée de plages d’efforts intenses (30 sec d’accélération maximale toutes les 2 min).

Apprendre à gérer le stress

En élevant le taux de sucre dans le sang, le stress déclenche une sécrétion accrue d’insuline par le pancréas, qui favorise le stockage sous forme de graisse. Lorsque le mental est survolté, le sommeil devient également perturbé. Or, des médecins américains de l’université du Texas ont prouvé qu’une mauvaise qualité de sommeil augmente le risque de stéatose et de cancer hépatique. Se détendre sur le canapé ne suffit pas. Pour désamorcer le stress, misez sur le yoga, le qi gong, la sophrologie ou la méditation.

Perdre du poids

Cela réduit le volume de graisse viscérale qui entretient l’inflammation hépatique. En cas d’obésité sévère, la chirurgie bariatrique améliore la santé du foie. « Plus de 80% des patients atteints de stéatose non alcoolique retrouvent un foie sain un an après une sleeve gastrique (rétrécissement de l’estomac) ou un by-pass (court-circuit d’une partie de l’intestin grêle)« , indique le Pr Lawrence Serfaty. Ces interventions améliorent également les fibroses hépatiques, donc éloignent le spectre du cancer du foie.

Le chardon-marie, un allié précieux

Cette plante médicinale regorge d’actifs (silymarine et silybine) qui atténuent l’impact des toxiques sur les cellules hépatiques et boostent leur capacité naturelle d’auto-régénération. Pour soutenir votre foie, faites bouillir 1cuil. à soupe de chardon-marie dans 250ml d’eau, puis laissez infuser 10 min. Posologie : 2 tasses par jour pendant 8 jours.

L’avis de notre expert

Pr Didier Samuel, hépatologue, chef de l’unité d’hépatologie et de réanimation hépatique à l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif). Auteur de La Crise de foie n’existe pas, éd. Marabout.

« On parle beaucoup des hépatites virales, mais peu des hépatites médicamenteuses. Or, celles-ci peuvent générer des séquelles, voire se révéler fulminantes et nécessiter une transplantation hépatique. Mieux vaut donc être prudent, spécialement lorsque l’on pratique l’automédication, car aucune molécule n’est anodine pour le foie. Si sa toxicité est directe, une hépatite peut survenir suite à un surdosage ou à un traitement trop prolongé. Mais une toxicité peut aussi apparaître à très faible dose en cas de réaction immuno-allergique, notamment lors de la réintroduction d’un médicament que l’on avait déjà pris, puis arrêté sans problème. Le remède le plus à risque est le paracétamol. Bien qu’il soit en vente libre,il est devenu la première cause d’hépatite sévère dans le monde, c’est pourquoi il ne faut jamais en prendre plus de 3g par jour et sur une courte période (2g seulement si le foie est fragilisé). L’isotrétinoïne, destiné au traitement de l’acné, le diclofénac (Voltarène), les antituberculeux et quelques antibiotiques peuvent également avoir de graves conséquences sur le foie. Lors que l’on prend un traitement au long cours, un bilan hépatique (par prise de sang) est donc indispensable, une fois par an. »

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