6 idées reçues sur les compléments alimentaires
Dès les premiers beaux jours, ils sont bien en évidence dans les vitrines des pharmacies. Mais donnent-ils vraiment un coup de pouce ? Eclairage du Pr Luc Cynober *, chef de service à l’hôpital Cochin et professeur de nutrition à la faculté de pharmacie de Paris.
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Chaque année, quand le moment de se mettre en maillot de bain approche, on se dit qu’on tenterait bien une cure, tout en sachant que ces compléments alimentaires minceur ne suffiront pas à compenser de mauvaises habitudes alimentaires. S’ils se présentent comme des médicaments, leur mise sur le marché est soumise à des règles plus souples, seulement assujettis à une déclaration de la part du fabricant auprès de l’organisme de référence **. Résultat : peu d’entre eux font l’objet d’études cliniques garantissant leur efficacité. En revanche, « des enquêtes ont montré que les personnes qui les utilisent sont souvent plus motivées pour surveiller leur alimentation ou se dépenser « , souligne le Pr Cynober.
Les coupe-faim naturels sont réellement efficaces
Vrai. Il s’agit des produits à base de gomme guar, de gomme de caroube, de konjac, de nopal, de graines de psyllium, de l’algue Fucus vesiculosus ou de pectine de pomme. Ils sont principalement constitués de fibres dites solubles. Elles ont la propriété de se gorger d’eau à la manière d’une éponge. On les prend 30 minutes avant les repas avec un grand verre d’eau, de façon à avoir l’estomac bien rempli et de modérer ses quantités plus facilement une fois à table. « Ils améliorent vraiment le rassasiement et pour les produits à base de konjac, la mention “contribue à la perte de poids dans le cadre d’un régime hypocalorique” est autorisée. » Gare toutefois aux troubles digestifs pouvant être occasionnés. « Il faut éviter de les prendre en même temps que des médicaments, dont ils peuvent freiner ou empêcher l’assimilation. »
Pour booster le métabolisme, rien de tel qu’une cure de guarana
Vrai & faux. Le guarana et les autres plantes contenant de la caféine – café, thé (vert ou non), maté, noix de cola – augmentent légèrement (de moins de 5 %) la dépense énergétique. Mais gare à l’excès de caféine ! En cumulant complément alimentaire et boissons habituelles, on a vite fait de dépasser les 300 mg, dose maximale acceptable selon l’Anses (200 mg pour les femmes enceintes ou les personnes cardiaques) : avec le risque de mal dormir, voire de déclencher un accident cardio-vasculaire en cas de prédispositions. Le thé vert a aussi un léger impact sur le métabolisme grâce à son épigallocatéchine gallate mais « il faut s’en tenir aux infusions de feuilles, car certains extraits présents dans les compléments alimentaires sont toxiques pour le foie ».
S’ils ne contiennent que des plantes, les compléments alimentaires sont sans danger
Faux. « Les effets d’une plante varient selon sa provenance, les conditions de culture, la partie de la plante utilisée… En outre, selon l’Académie nationale de pharmacie, certaines d’entre elles ont des effets comparables à ceux de médicaments et ne devraient pas être autorisées dans les compléments alimentaires. Même avec des produits de marque française (plus encadrés que les produits en provenance de l’étranger vendus sur Internet), il faut être prudent : se limiter à la durée de cure et à la dose indiquées, ne prendre qu’un seul complément alimentaire à la fois et se faire conseiller par un professionnel de santé, surtout si on a un traitement médicamenteux en cours. »
Si on se sent souvent gonflée, on peut faire confiance aux draineurs
Faux. Aubépine, bruyère, fenouil, genévrier, hibiscus, orthosiphon, pissenlit, prêle, queue de cerise, reine-des-prés, saule, de nombreuses plantes ont un effet diurétique. Augmentant l’élimination de l’eau et du sodium, elles font en effet dégonfler. Mais, elles ne sont pas sans risque. « Leur usage régulier peut masquer une hypertension artérielle. Et dans ce cas, elles peuvent occasionner une défaillance cardiaque. Dans certains draineurs fabriqués à l’étranger et vendus sur Internet, la plante déclarée est remplacée par une autre plante interdite, encore plus diurétique mais toxique pour les reins. Prudence donc, d’autant que certains produits allient plusieurs types de principes actifs, par exemple une plante drainante et un coupe-faim naturel. »
Les prébiotiques sont prometteurs dans le domaine de la minceur
Vrai. Les prébiotiques sont des composés proches des fibres, dont la consommation régulière module la composition du microbiote intestinal. Parmi eux, l’inuline et les fructo-oligosaccharides ont fait l’objet d’études cliniques sur de petits groupes de personnes de poids normal ou en surpoids, avec de bons résultats. Ils diminuent la faim et améliorent la satiété, probablement grâce à un effet sur les hormones intestinales impliquées dans ces sensations. « Des travaux à plus grande échelle sont nécessaires pour confirmer leur efficacité, mais rien n’empêche de les tester, sous forme de compléments alimentaires ou simplement en mangeant des aliments qui en contiennent. Ail, artichaut, asperge, banane, chicorée, oignon, poireau, salsifis, seigle. Leur limite : ils peuvent être à l’origine de troubles digestifs (ballonnements, gaz…). »
Certains compléments alimentaires sont déconseillés en cas d’infection à la Covid-19
Vrai. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a lancé l’alerte *** : certaines plantes contenues dans les compléments alimentaires perturberaient les défenses naturelles de l’organisme en interférant avec les mécanismes inflammatoires utiles pour lutter contre les infections et en particulier contre la Covid-19. Parmi les plantes à éviter dès suspicion de l’infection, la reine-des-prés et le bouleau, parfois présents dans des compléments minceur en raison de leur action drainante. « Les plantes contiennent de multiples principes actifs et ont par conséquent plusieurs effets à la fois, même si leurs utilisateurs ne recherchent que l’un de ces effets. »
* Le Pr Luc Cynober est l’auteur de : « Tout sur votre poids : ne prenez pas de risques ! », éd. Michel Lafon, 2018.
** La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
*** Avis de l’Anses du 10 avril 2020.
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