Patrick Bruel : le voyage de sa vie

Le chanteur n’avait que 3 ans quand il a quitté l’Algérie avec sa mère. Presque soixante ans après, ils y sont retournés main dans la main. Un retour aux sources empreint d’émotions.

Devant le théâtre d’Oran

À Tlemcen avec Augusta, sa mère (87 ans), il a visité l’école où elle était institutrice




L’avion va bientôt atterrir. Tu caches tes larmes dans un sourire. J’avais quel âge ? 3 ans à peine. Et nous voilà. Tous les deux à Tlemcen. » Dans son nouvel album, Patrick Bruel évoque dans Je reviens, un rêve qu’il fait depuis longtemps : revenir avec sa mère dans sa ville natale, en Algérie où il est né le 14 mai 1959. L’encre utilisée pour écrire la chanson n’était pas encore sèche qu’une chose incroyable s’est produite. Au moment où il imaginait ce voyage, les autorités algériennes lui ont proposé de revenir sur sa terre natale avec sa maman ! La coïncidence était trop grande, et il a, bien sûr, accepté immédiatement l’invitation.

Ainsi, soixante ans plus tard, le chanteur a fait le voyage retour avec sa mère, Augusta. Un périple de cinq jours émouvant à chaque instant durant lequel sont revenus de nombreux souvenirs. Au fil des rues, Augusta a pleuré de joie et d’émotion en retrouvant les lieux presque comme elle les avait laissés, avec le soleil, les parfums, les endroits où elle avait été heureuse.

Si Patrick n’était qu’un enfant quand sa famille, fuyant la guerre, s’est envolée pour la France et Argenteuil, le départ a marqué son inconscient. Il a confié sur France Inter en avoir gardé un étrange traumatisme : « Aujourd’hui encore, j’ai du mal à faire une valise. J’ai une peur panique à l’idée de me mettre devant une valise, de savoir ce que je vais prendre… Je fais des listes… Je deviens fou ! Ça fait rire tout le monde, mes enfants, ma compagne. » Là-bas, Patrick et sa mère ont pu visiter l’école où elle enseignait et dont il avait également fait une chanson, intitulée L’instit ! Augusta a même rencontré une de ses anciennes élèves ! « Ce voyage servait aussi à réparer, explique le chanteur. Il y a des choses à réparer. C’est en se rencontrant, en se parlant, et en se regardant surtout. Il y a eu des très jolis silences pendant ce voyage. »

Sur Instagram, posant dans les rues de Tlemcen juste avant de partir pour Oran, Patrick a écrit : « Merci pour tous ces sourires, et ces mots qui résonneront longtemps et puis merci pour cet immense cadeau fait à ma maman. Son bonheur et son émotion resteront gravés. »

Il n’a pas voulu regagner la France sans être passé au cimetière juif de Bologhine (ex-Saint-Eugène), à l’ouest d’Alger, pour se recueillir sur la tombe de Roger Hanin. « Il a été le lien entre les rapatriés et les Algériens, et puis c’était mon premier papa de cinéma. » Le chanteur fait désormais un autre rêve qui devrait bientôt se concrétiser : donner là-bas un grand concert pour célébrer ces retrouvailles.

JEAN MARC

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