Line Renaud : mamie hors-la-loi !

À 94 printemps, la demoiselle d’Armentières n’a peur de rien, et surtout pas de défier la législation française…

Chanteuse, actrice, meneuse de revue, Line Renaud a eu mille vies au cours d’une carrière à la longévité exceptionnelle. Depuis le milieu des années 80, c’est sur le terrain du combat et du progrès qu’elle s’est illustrée. On lui doit notamment l’importation en France du Sidaction, cette association de lutte contre cette terrible maladie contre laquelle elle a commencé à sensibiliser les gens en 1985, à une époque où ce n’était pas très bien vu. « Tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques, tu recevras des lettres d’insultes, m’avait prévenue Liz Taylor, confiait-elle au Parisien en 2021. Et j’en ai reçues, mais je répondais et j’expliquais ce qu’était le sida. […] De fil en aiguille, c’est devenu ma raison d’être. Je crois que ça m’était destiné, je suis jusqu’au-boutiste et j’aime les gens. »

Légalisation

Sida, légalisation de l’avortement libre et gratuit, abolition de la peine de mort, mariage gay… Line Renaud a été de tous les combats. Son humanité, elle la met aujourd’hui au service d’une nouvelle cause qui lui tient à cœur : celle du droit de mourir dans la dignité. En 2021, déjà, elle s’était exprimée sur cette question sensible à l’Assemblée nationale, aux côtés du député Olivier Falorni (Mouvement radical), rapporteur d’un projet de loi déposé en novembre 2017, donnant « le droit à une fin de vie libre et choisie. » « Je ne peux pas imaginer mourir enchaînée, contrainte, avait-elle dignement clamé dans l’hémicycle. Si notre vie nous appartient, il doit absolument en être de même pour notre mort. » En août 2022, devenue marraine de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), elle s’exprimait une nouvelle fois, via Twitter, sur la légalisation de l’euthanasie assistée qu’elle appelle de ses vœux. « Quand il n’y a plus de qualité de vie, qu’on s’acharne, il vaut mieux partir. Votons une loi de Liberté… »

Le 20 avril dernier, dans un entretien accordé à Paris Match, Line Renaud a franchi un palier supplémentaire. Celle qui assure avoir reçu d’Emmanuel Macron la promesse de porter une nouvelle loi sur la fin de vie s’est exprimée pour la première fois sur la façon concrète dont elle envisageait la sienne. Réaffirmant son désir de choisir quand et comment elle partirait, elle a déjà le scénario en tête. « Je veux mourir à La Jonchère [sa demeure de Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine, ndlr] dans mon lit avec mon chien Pirate à côté de moi… s’il est encore en vie ! Je le caresserai, je lui demanderai de venir plus près de moi et il viendra plus près. Je serai entourée de tous mes proches, avec qui je parlerai. J’ai envie de laisser une image apaisante. Mes amis souhaitent que je parte sans souffrir. »

Et si cet instant arrive trop tôt, avant qu’une loi ne soit promulguée et que sa décision ne soit autorisée ? « C’est décidé : sans loi, je mourrai en résistante ! » déclare-t-elle avec la fougue qu’on lui connaît. S’il avait besoin d’un soutien en or, Emmanuel Macron en a un tout trouvé.

Louis-Paul CLÉMENT

Source: Lire L’Article Complet