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Frédéric François et sa femme Monique : 50 ans d’amour à l’italienne
Après la traversée du désert des années disco, en 1982, Frédéric François reprend son destin en main et retrouve son public… À ses côtés, son amour de toujours, Monique, qui dans les hauts comme dans les bas a toujours fait preuve d’une admiration sans faille.
A propos de
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Frédéric François
Une astuce, pour ceux qui goûtent les spaghettis : afin de casser l’acidité de la tomate, il suffit d’intégrer, dans la sauce, quelques petits pois. « Ou alors des carottes, ajoute Francesco Barracato, alias Frédéric François, tout en ouvrant une grande bouteille de Margaux extraite de sa cave. En Sicile, c’est notre façon de faire ! » En contemplant le ciel grisâtre au travers des baies vitrées de sa maison située dans la ville de Wanze, pile entre Liège et Namur, la grande île du sud de la Méditerranée semble bien lointaine. Il poursuit : « En arrivant, ma mère a demandé à mon père : “Le soleil ne se lève jamais, ici ?” ». De sa terre natale, il se rappelle les rues en terre battue, les maisons aux rez-de-chaussée réservés aux animaux, les hivers rugueux et les étés brûlants. Le bruit des roues sur les rails, aussi : souvenirs du voyage de deux jours et deux nuits pour gagner la Belgique, une fois l’Italie rejointe en bateau. Sa femme Monique, avec qui il est marié depuis cinq décennies, propose une part de gâteau de riz.
Depuis le mois de mars, ils ne sortent que très peu de chez eux. « Je suis Gémeaux et j’ai les poumons fragiles, assure le chanteur. J’ai même commencé à me confiner le 8 mars, dès que j’ai vu ce qu’il se passait en Italie. » Frédéric François se lève de table. Bella a disparu. Cadeau d’anniversaire pour ses 70 ans, qu’il a fêtés en juin dernier, la jeune golden retriever n’est pas un modèle d’obéissance. « Le portail est ouvert ? » Il l’est, la chienne est sortie dans la rue. Un de ses fils, Anthony, la quarantaine, la ramène à bon port. Ce dernier accompagne son père lors de ses spectacles, l’assiste et le conduit là où il va chanter. Cinquante ans que ça dure. Tout gamin, le jeune Francesco, lui, allait apporter sa gamelle à son père, mineur dans le bassin houiller de Liège. La famille Barracato vient du village de Lercara Friddi, dans la province de Palerme. « Ce n’est pas très loin de Corleone, précise-t-il. Là d’où vient celle de Frank Sinatra, mais aussi là où est né le mafioso Lucky Luciano… »
La même amoureuse depuis ses 19 ans
Après la Seconde Guerre mondiale, la Belgique avait besoin de bras dans ses mines et ses usines et a accueilli les Siciliens par wagons entiers. Des Polonais, aussi, le pays d’origine de sa femme Monique. Les familles habitent alors toutes en face du charbonnage. « Il me regardait en train de nettoyer les fenêtres de la maison », se souvient Monique. « J’avais 19 ans et pas un sou, poursuit Frédéric François. Elle m’a proposé d’aller danser, puis m’a payé un verre. J’étais très maladroit. » Il joue de la guitare dans des groupes de bal, elle croit en son talent. « J’ai été coiffeuse puis j’ai travaillé dans une usine de pièces pour avions de chasse. C’est moi qui faisais bouillir la marmite. » Son mari acquiesce, en baissant la tête : « Pas facile à avaler, pour un Sicilien… » En 1971, une première éclaircie. Alors qu’il fête ses 21 ans et que leur première fille Victoria voit le jour, premier succès avec le 45 tours Je n’ai jamais aimé comme je t’aime. C’est parti, celui qui se fait désormais appeler Frédéric François en hommage au compositeur Frédéric François Chopin a définitivement trouvé son style. « Tout simplement la chanson napolitaine que nous chantait mon père ! », précise-t-il.
Le succès
Des chansons d’amour, encore et toujours, qu’il entonne pendant toutes les années 70 en pantalon pattes d’éléphant, talons hauts, le cheveux long et la chemise à jabot. « Avec les autres “chanteurs à minettes”, nous jouions des personnages, se rappelle-t-il. C’était les consignes de nos maisons de disques ! » Et les disques d’or s’accumulent – il en a reçu 85 à ce jour –, Guy Lux l’invite régulièrement dans ses émissions, et Monique l’accompagne lors de ses voyages. Leurs parents, restés en Belgique, gardent les enfants : Gloria, donc, mais aussi Vincent, Anthony et enfin Victoria. Mais soudain, tout s’arrête. D’un coup d’un seul, on ne veut plus des chanteurs à minettes, les boules à facettes ont chassé les slows et les sérénades romantiques. Le disco est passé par là, et Frédéric François s’enfonce, refuse de changer de style. Les dates s’annulent, les disques sont repoussés. Il somatise, multiplie les crises d’angoisses et de spasmophilie. Tandis que sa femme l’emmène prendre l’air du côté de la mer du Nord, ils décident de partir aux Etats-Unis visiter sa – très nombreuse – famille installée là-bas. « J’y ai laissé mes problèmes derrière moi, et j’y suis redevenu Francesco Barracato ! », explique-t-il.
La reconquistada
De retour en Belgique, il reprend son destin en main et retrouve son public dès 1982 en revenant à ses fondamentaux avec Adios Amor, Mon cœur te dit je t’aime ou encore Je t’aime à l’italienne. « Comme la gauche de Mitterrand à l’époque, j’ai reconquis la France », s’amuse-t-il. L’histoire ne s’arrête pas là. Dès que possible, le chanteur aux 40 millions de disques vendus va repartir pour la énième fois sur les routes, remplir l’Olympia à Paris comme les Zéniths en régions. Avec un nouvel album. Le titre ? La liberté d’aimer, comme il se doit. On ne se refait pas !
Crédits photos : JLPPA / Bestimage
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