VIDEO. "Complément d'enquête" sur la succession de Claude Berri : le mystère des œuvres disparues

Fini le temps des records de Césars et d’Oscars pour des paris audacieux comme The Artist… Thomas Langmann a mis sa carrière de producteur entre parenthèses pour se consacrer à la traque des œuvres dont il affirme avoir été lésé lors de la succession de son père, le cinéaste Claude Berri. 

A sa mort, en 2009, le réalisateur de Tchao Pantin et producteur de Bienvenue chez les Ch’tis a laissé une pléthore de films, mais aussi une collection phénoménale d’œuvres d’art, signées Brassaï, Klein, Giacometti… Le clou d’un héritage estimé à 85 millions d’euros. Selon Thomas Langmann, des centaines de ces œuvres auraient disparu dans la nature. Dans le bureau en sous-sol de son hôtel particulier près des Invalides, il reçoit les journalistes de « Complément d’enquête ». 

La pièce est remplie de dossiers, classeurs, disques durs informatiques… récupérés dans l’appartement de son père en juillet 2015, alors que, selon lui, son demi-frère Darius se faisait prier pour lui transmettre les documents de la succession (close en 2013). Sur l’un de ces disques durs, Thomas Langmann a découvert des centaines de photos datées de février et mars 2009, quelques mois après la mort de son père. Selon lui, on y voit Darius en train d’inventorier sa collection, en compagnie d’un grand marchand d’art proche de la famille et de la secrétaire de Claude Berri. 

La collection de Claude Berri comprendrait non pas 1 200 œuvres mais 1 800…

Si Darius était effectivement chargé de recenser les œuvres avant partage, Thomas affirme n’avoir été informé à « à aucun moment » d’une opération d’inventaire. Il suspecte un inventaire clandestin dans le document que tient en main, sur une photo du 13 février 2009, la secrétaire de son père. Par exemple, l’un des tableaux qu’il mentionne n’est pas déclaré sur la dévolution successorale. Pourquoi la liste de février ne correspond-elle pas à l’inventaire officiel, réalisé en juin 2009 ? 

Thomas Langmann décide alors de contacter des avocats, pour leur confier ce travail de fourmi : en comparant les deux listes, identifier les éventuelles pièces qui se seraient évaporées après la mort de son père. Dans la plainte remise à la justice en 2016, ses deux avocats défendent une thèse qui semble difficile à croire : 593 œuvres auraient disparu ! Claude Berri n’aurait pas laissé 1 200 pièces, mais près de 1 800, et les œuvres soustraites représenteraient « plusieurs dizaines de millions d’euros ».

… dont 593 auraient disparu, selon les avocats de Thomas Langmann

Les journalistes de « Complément d’enquête » ont cherché à vérifier ce chiffre, mais n’ont pu récupérer qu’un tiers du supposé inventaire officieux. Reste que, sur la seule catégorie des photos classiques, 20 pièces sont par exemple manquantes. Il y a aussi ce mail d’un assureur, qu’ils se sont procuré. En 2015, selon les informations qu’il contient, Darius assure pour 33 millions d’euros d’œuvres d’art. Pourtant, après impôt, sa part s’élevait à 16 millions…

Qu’en dit-on du côté des accusés ? Pour l’avocat de Darius, Me Laurent Merlet, ces histoires d’inventaire clandestin ou de tableaux volés ne riment à rien et « Thomas Langmann dit strictement n’importe quoi ». Selon lui, « ni au décès de son père ni à aucun autre moment, ces œuvres [qui auraient été soustraites de la succession] n’ont existé dans le patrimoine qu’ont reçu ses enfants en héritage ». Darius Langmann, qui a refusé les demandes d’interview des journalistes, leur a conseillé par SMS de s’intéresser plutôt à « la folie, la cupidité, la paranoïa (…) de Thomas Langmann »

Extrait de « Au nom du père, du fisc et de Claude Berri », un document à voir dans « Complément d’enquête » le 20 mai 2021.

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