"The Pale Bleue Eye" sur Netflix : un thriller gothique avec le jeune Edgar Allan Poe

Dans l’Amérique du XIXe siècle, en 1830 dans l’Etat de New York plus précisément, un élève officier est retrouvé pendu et son cœur arraché non loin de la célèbre académie militaire de West Point. Les responsables de l’institution, piétinant dans leur enquête, font appel à Augustus Landor, commissaire veuf à la retraite, interprété par un Christian Bale torturé, rongé de l’intérieur par la douleur. Le policier accepte de sortir de son isolement, de sa cabane, pour donner un coup de main pour résoudre le mystère. Barbu, émacié, tout de colère rentrée, Christian Bale est loin de ses anciens rôles comme American Psycho ou la trilogie The Dark Kights. 

L’impossible deuil 

Inspiré du roman policier historique éponyme de Louis Bayard, The Pale Blue Eye, Un œil bleu pâle en français (éditions Cherche-midi), est un thriller gothique intense, bien servi par la pléiade d’artistes. Pour seconder Christian Bale dans son enquête, un cadet surdoué et solitaire nommé Edgar Allan Poe interprété par Harry Melling, exceptionnel de justesse et de profondeur. Le duo fonctionne très bien. Tous les deux continuent de vivre dans un passé traumatisant. The Pale Blue Eye est aussi un film sur le deuil impossible, la solitude et la revanche comme unique moyen de survie. Edgar Allan Poe a perdu sa mère mais continue de l’entendre dans son sommeil, le commissaire Landor pleure toujours la mort de sa femme et il est toujours hanté par la disparition de sa fille. 

A côtoyer les morts, les vivants risquent la folie. Poe et Landor sont dans un combat inégal. Ils doivent faire face à leurs démons intérieurs mais aussi au tueur qui continue de profaner les corps dans la prestigieuse académie militaire, à la grande fureur et désarroi de ses chefs. Et là, nous assistons à un retournement de situation aussi bien dans l’intrigue du film mais aussi, et surtout, dans le jeu d’acteur. L’acteur britannique Harry Melling vole la vedette à Christian Bale, il est plus présent, plus dense, plus habité par son rôle. Il est Edgar Allan Poe. 

Le réalisateur Scott Cooper avait tous les ingrédients pour faire de The Pale Blue Eye un grand film. Pourtant, il peine à séduire totalement. 

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