TEMOIGNAGE. Manuel Laigre : "Je voulais que le téléspectateur soit avec moi dans le feu"
Journaliste et réalisateur de documentaires, Manuel Laigre a eu carte blanche pour suivre des pompiers pour Zone interdite – Pompiers de Paris : un an au coeur d’une unité d’élite, dimanche 11 avril à 21 h 05 sur M6. Il est allé au plus près des flammes.
Pourquoi avez-vous suivi une formation de pompiers pour ce reportage de Zone interdite ?
Manuel Laigre : Comment faire des interviews de pompiers dans des bâtiments en feu si ce n’est en y entrant avec eux ? J’ai donc suivi une version accélérée de la formation incendie des pompiers, pour limiter la casse au maximum car un feu n’est jamais sans risque. Il y a beaucoup de choses auxquelles je ne pensais pas. Par exemple, dans un immeuble en feu, les pompiers déversent des centaines voire des milliers de litres d’eau. D’un côté vous avez la chaleur et de l’autre les vapeurs d’eau qui reviennent sur vous. C’est compliqué de filmer en portant un casque et une bouteille d’oxygène, ou de trouver sa place pour capter de bonnes images.
Lors de votre formation, comment avez-vous vécu l’exercice du caisson qui reproduit les conditions d’une pièce en feu ?
Les températures sont hallucinantes ! Jusqu’à 1 000 °C. C’est progressif sinon vous ne tenez pas. Ce sont des conditions extrêmes que normalement vous ne connaissez pas en incendie car les pompiers font tout pour ne pas en arriver là. Cela fait vraiment peur. Les chaleurs initiales, dans les premières secondes, sont intenses. Je me demandais si j’allais résister. Puis le corps s’acclimate. C’est aussi un exercice maîtrisé, contrairement à un incendie où il y a beaucoup d’inconnues. Là, vous ne faites pas d’effort, vous ne bougez pas, vous savez à peu près où les flammes vont se déployer. J’ai enchaîné les caissons, jusqu’à trois par jour, à chaque fois pour une dizaine de minutes. Le soir, je dormais bien !
Vous vous êtes mis en danger pour ce sujet…
Avec du recul, je peux me le dire. Mais sur le moment, je me disais que si les pompiers y vont… Il y avait un côté rassurant car ils étaient à côté de moi. Les regards se croisaient, j’avais le sentiment d’être en sécurité avec eux. Je pense que c’était juste une impression. C’est vrai que j’étais proche des flammes, mais je n’ai pas trouvé d’autre solution pour obtenir un reportage au plus près des pompiers. Pour montrer et comprendre la réalité du métier, voir leur visage et leurs réactions, les interroger sur leur ressenti sur le moment. Je voulais que le téléspectateur soit avec moi dans le feu, qu’il découvre à travers moi le métier. Qu’il se rende compte de la dangerosité et des conditions.
Quel moment retenez-vous ?
Quand je suis entré dans un immeuble en feu. J’avais le sentiment de faire partie de l’équipe. C’est assez déstabilisant car d’habitude on me dit de reculer avec ma caméra. Là, personne ne va me demander de faire demi-tour et je me dis alors que je vais devoir faire gaffe. Il y a une petite sensation particulière.
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