TEMOIGNAGE. Commandant Jean-Baptiste :"Je suis d’abord médecin, puis militaire"

Chirurgien spécialiste du visage et de la mâchoire, le commandant Jean-Baptiste est aussi militaire. Et part régulièrement en zone de guerre, conscient du paradoxe d’être soignant et soldat, comme il en témoigne dans Engagés pour la vie, jeudi 1er avril, à 00 h 30, sur LCP

Télé Star : Pourquoi avez-vous choisi d’être médecin militaire ?

Commandant Jean-Baptiste : C’était le compromis parfait. En grandissant, je savais que je voulais être médecin. J’ai aussi toujours eu la vocation militaire. Mon grand-père était amiral. Devenir militaire me permettait de servir mon pays – même si, à la base, tout médecin sert son pays en prodiguant des soins à la population. Mais aussi de sortir de ma zone de confort, de voir du pays et de vivre des choses un peu extraordinaires. Je peux associer la chirurgie de pointe et la chirurgie de guerre extrême. Je peux soigner les militaires qui risquent leur vie en zone de conflit. Ils sont rassurés de savoir qu’ils ont un système de soin au plus près d’eux quand ils sont au combat.

Êtes-vous d’abord médecin ou militaire ?

Je suis d’abord médecin car je ne suis pas là pour faire la guerre. Mon rôle premier est de soigner les blessés. Je suis ensuite militaire mais je n’ai pas un rôle de combattant et on ne me demandera jamais d’aller attaquer quelqu’un. Cependant, au besoin, je dois savoir défendre ma vie et celle de mes confrères et camarades sur le terrain. Vivre dans un camp au Mali signifie aussi avoir un savoir-vivre militaire pour que la machine fonctionne très bien au quotidien et en cas d’attaque. Le côté militaire permet de maintenir un état de veille et d’organisation du camp optimal afin de faire face à toute situation.

Vous soignez tout le monde, amis et ennemis…

C’est le quotidien du médecin. Quand on m’amène un malade en France ou un blessé au Mali, je ne lui demande pas s’il a un casier judiciaire, ni si c’est une bonne personne ou non. Un médecin doit donner le meilleur de lui-même quelle que soit la personne qui a besoin de soins. C’est quelque chose que vous apprenez dès le début. Je suis là pour soigner, pas pour juger. Quand on m’amène un blessé, j’entre dans un mode de fonctionnement un peu automatique et c’est comme ça que j’arrive à sauver le plus de personnes possible.

Vous étiez de garde dans un hôpital parisien pendant les attentats du 13 novembre 2015. Comment avez-vous vécu cette tragédie ?

C’était éprouvant physiquement et psychologiquement mais j’ai pu mettre à profit tout mon apprentissage en chirurgie et en médecine de guerre. Cela reste différent d’une intervention en opération extérieure où vous êtes préparé à faire face à ce genre d’événements, où vous êtes formé pour. Et où vous savez que cela va arriver. Là, ce qui a été dur, c’est d’avoir des blessés de guerre dans notre vie normale. C’est le plus compliqué à appréhender : avoir un théâtre de guerre en plein Paris, puis rentrer chez soi le soir et retrouver sa famille. C’est déroutant.

Source: Lire L’Article Complet