Sonia Rolland (Tropiques criminels) : comment sa vie privée a inspiré les scénaristes…

Après le carton de la première saison, Sonia Rolland est de retour dans la peau de la commandante Mélissa Sainte-Rose, héroïne de Tropiques Criminels, ce vendredi 19 février sur France 2. L’occasion de parler de ces combats et de ses convictions sans langue de bois.

Télé Star : cette deuxième saison est marquée par de nombreuses interférences entre la vie privée et la vie professionnelle de votre personnage, provoquant encore plus de scènes de comédie, comment l’avez-vous vécu ?

Sonia Rolland: Comme une libération ! Peut-être est-ce dû à Miss France, mais j’ai une image de femme forte, sérieuse, très fantasmée et surtout très éloignée de moi. Du coup, on me propose beaucoup de personnages dans le pouvoir qui montrent peu leur vulnérabilité. L’exploration de la vie privée de Mélissa Sainte-Rose va lui permettre de vivre ses fragilités. Pour une comme comédienne, c’est jubilatoire.

Parmi les nouveautés, il y a cette relation avec votre légiste, Phil, persuadé que vous êtes folle de lui…

C’est une petite idée que j’ai chuchotée à l’oreille des auteurs car cela m’est souvent arrivé. Quand j’étais plus jeune, et encore davantage à l’époque Miss France où j’avais cette image de femme un peu inaccessible, il y avait toujours des mecs qui, juste parce que je me montrais aussi proche avec eux qu’avec mes copines, se disaient que je les kiffais ! (elle rit)

Comme Melissa, vous avez une ado à la maison. Vous êtes-vous inspirée de votre vécu pour certaines séquences ?

Bien sûr ! Le vécu d’une mère d’adolescent est toujours hallucinant !  (elle rit). Vous êtes sans arrêt sur des montagnes russes, avec une personne qui passe son temps à vous balancer vos quatre vérités ! Selon ma fille, la différence entre moi et Melissa, c’est que j’aurais pété un câble en deux minutes ! D’ailleurs j’ai proposé à la production qu’elle explose en troisième saison. Une mère qui élève seule ses enfants, à un moment, elle craque ! Ce sont des choses dont il faut parler car cette série est comme un écho à la réalité. Elle est libératoire pour les gens.

Dans quelle mesure le féminisme fait-il partie de l’ADN de Tropiques Criminels et des raisons qui vous ont conduite à accepter le projet ?

Pour moi, ce n’est pas qu’un projet féministe. C’est une série qui réuni toutes les problématiques sociétales, qu’elles soient culturelles, sociales ou de genres. A travers Tropiques criminels la diversité est également mise en valeur en déconstruisant toutes formes de clichés et, surtout, en balayant les antagonismes. S’il y a bien une personne qui peut incarner cette déconstruction, c’est moi. Car je ne suis ni noire, ni blanche – pas assez l’une ou pas assez l’autre pour certains projets – avec la volonté de remettre le curseur au centre du débat.

Le métissage à la télévision est-il suffisamment représenté selon vous ?

Je comprends la frustration de certains par rapport à toutes ces années qu’il a fallu pour faire valoir à l’écran la multiplicité des visages qui existe en France. Grâce à Tropiques Criminels, clairement, on permet l’émergence de nouveaux talents issus de la diversité. Mais j’ai demandé aussi que l’on ouvre le spectre encore plus car, aux Antilles, il y aussi des Chinois et des Indiens. Le vrai ennemi de l’évolution sur la question de la diversité, c’est la peur. Il ne faut plus avoir peur. Un sujet sur lequel je travaille beaucoup par ailleurs, en préparant un documentaire sur le métissage.

Et en fiction, avez-vous des projets ?

Je travaille sur un téléfilm inspiré de mon histoire personnelle, avec une scénariste qui s’appelle Fadette Drouard, en co-production avec Harold Valentin ( Dix pour cents). Un sujet qui peut faire grincer quelques dents car je ne ménage personne : ni les bien-pensants, ni les radicaux.

Qu’avez-vous envie de mettre en exergue à travers vos différents projets ?

Le métissage est une notion que l’on n’a pas encore bien saisie. C’est dommage car elle pourrait vraiment faire avancer la réflexion. Au lieu de créer des tensions et des antagonismes autour des questions identitaires, on se rendrait compte que la société française est cosmopolite depuis la nuit des temps ! Si cette réalité était intégrée dans l’inconscient collectif, toutes les autres questions sur les minorités seraient bien plus évidentes à aborder. C’est fou comme, dans les médias, on prend un malin plaisir à opposer les extrêmes. On ne laisse pas la place à la parole mesurée.

Vous avez à nouveau foulé le plateau des Miss France à l’occasion de la dernière édition. Comment l’avez-vous vécu ?

(Elle rit) Quand Sylvie Tellier, la veille, m’a annoncé que c’est moi qui ouvrirai le bal, j’étais stupéfaite ! Je n’avais pas fait cela depuis 20 ans ! Mais elle m’a dit que le défilé, c’était comme la bicyclette, ça revient vite. Je l’ai fait avec trouille au ventre ! Et finalement, ça m’a fait du bien à l’égo. J’ai pu aussi faire voir à mes filles ce que pouvait être leur maman il y a vingt ans… avec quelques rides en plus !

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