"Petite Maman" de Céline Sciamma invite à un voyage onirique et troublant dans le temps

Quand une fillette devient l’amie d’enfance de sa propre mère : avec Petite maman, mercredi 2 juin en salles, la réalisatrice française Céline Sciamma offre un voyage dans le temps onirique et déroutant, propice à l’introspection familiale. 

« Expérience abolissant les âges »

Le film raconte l’histoire d’une petite fille de huit ans, Nelly, qui perd sa grand-mère. Après un adieu à la maison de retraite, elle part avec ses parents vider la maison de l’aïeule, nichée dans les bois. La mère s’en va. Nelly reste seule avec son père, et part explorer la forêt.

Près d’une cabane construite au pied d’un arbre par sa mère enfant, elle rencontre une petite fille, prénommée Marion… comme sa mère, et qui devient sa « petite maman« . Pendant 01H12, le film joue de ces allers-retours temporels : la petite Nelly se liant d’amitié avec sa maman redevenue petite, inventant des histoires, cuisinant des crêpes ou courant dans les bois.

Après le Portrait de la jeune fille en feu (2019), récompensé à Cannes, Naissance des pieuvres (2007) ou encore Tomboy (2011), Petite Maman offre une « expérience abolissant le passé, le présent et les âges » qui laisse une très grande place d’interprétation au spectateur. « Rencontrer ses parents, mais enfants, c’est presque un fantasme secret, et j’espère que ça va devenir (un fantasme) collectif » avec ce film, dit la cinéaste.

Atmosphère « intemporelle »

Tourné en extérieur dans le Val-d’Oise, où elle a grandi, et pour les scènes intérieures en studio pour donner une atmosphère « totalement intemporelle« , le film est porté par ses deux jeunes actrices, deux soeurs jumelles, Gabrielle et Joséphine Sanz, qui se prêtent avec naturel au jeu du cinéma. Pour brouiller les pistes, Céline Sciamma les a habillées de vêtements chinés sur internet, après avoir scruté des photos de classe des années 1950 à aujourd’hui, établissant un catalogue des pièces de mode les plus intemporelles des dernières décennies.

« Le film est aux prises avec des questions que l’on traverse ensemble avec les enfants, comme celle du deuil« , explique Céline Sciamma. « On s’adresse toujours aux enfants comme des citoyens du futur, mais ce sont des citoyens du présent, qui vivent toutes les crises« .

Petite maman, mûri avant la pandémie et tourné à l’été 2020, peut désormais trouver un sens encore plus « urgent« . « Ce film est fait pour rester dans votre tête (…) qu’il puisse vous consoler, et qu’il vous donne de l’imagination« , espère la cinéaste, qui l’a pensé pour que les enfants puissent le voir avec leurs parents, voire leurs grands-parents.

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