"Pause café" : une série sans filtre !

Cette série sur une assistante sociale au grand cœur, qui accueillait les élèves en quête d’écoute, reste à jamais au panthéon cathodique.

Si on reconnaît Véronique Jannot dans la rue, si on l’apostrophe pour la féliciter et lui grappiller un selfie, c’est encore et toujours à cause de Joëlle Mazart, personnage qu’elle a campé avec ferveur dans Pause café. Une série culte adaptée du livre de Georges Coulonges qui a marqué le début des années 1980 et l’ère Mitterrand, avec l’ambition de tendre un miroir sur la jeunesse de l’époque soucieuse d’aller au bout de ses rêves. Cette surexposition a certes solidifié la popularité de la comédienne, mais elle l’a aussi figée. Il y a une sorte d’éternité sociologique dans le personnage de Joëlle Mazart qui a pénétré profondément l’inconscient collectif.

©Plaut/IP/Starface

C’est le 12 février 1981 que la jeune assistante sociale au grand cœur débarque sur la première chaîne française (TF1). Tout juste diplômée, Joëlle Mazart, 22  ans, commence sa carrière dans un lycée d’enseignement général de la banlieue parisienne, avec son proviseur vieux jeu, toujours à contretemps, ses élèves indisciplinés et ses professeurs débordés.

Pétulante et sans apprêt, cette « grande sœur » a de l’énergie à revendre et un enthousiasme à toute épreuve. Dans son bureau, autour d’un café – d’où son surnom de « Pause café » –, elle sonde les cœurs et écoute avec empathie les déboires, désarrois existentiels et petits problèmes des lycéens qui se heurtent à l’incompréhension des adultes. À chaque récréation, le ballet est le même. La sonnerie a à peine retenti que des ados surgissent dans son bureau. Ici, c’est un peu la maison. Ils viennent « au café ». Joëlle Mazart voit ces moments comme un outil de prévention, un moyen de briser la glace, de mettre les jeunes en confiance.

Pulsion de vies

©MEUROU/SIPA

Confrontée à l’âpreté de la vie lycéenne et au mal-être des adolescents, Joëlle doit également faire face à la rudesse de certains professeurs et de l’administration. Dans ce monde institutionnel conservateur, elle sait mettre des mots sur des maux et adopter une attitude bienveillante pour recueillir les confidences des élèves. Elle est à l’image de ces fourmis qui se démènent dans l’ombre, à la manière de ces « invisibles » que l’on ne peut plus ignorer.

Pause café est une peinture grandeur nature des années 1980 à travers le quotidien d’un établissement scolaire, avec son système, ses injustices, son univers parfois impitoyable. Contre l’indifférence, Joëlle Mazart se bat avec la foi inébranlable de sa jeunesse et son altruisme. Progressiste, soutenue par quelques collègues face à d’autres plus traditionalistes, elle arrive à imposer ses pratiques modernes, à rebours d’une hiérarchie bous-culée face aux changements de l’époque.

La série a été un tel succès entre sa première diffusion un jeudi soir et les multiples rediffusions le week-end qu’une deuxième saison est diffusée l’année suivante. « Pause café » travaille désormais dans un lycée professionnel. La série est alors rebaptisée Joëlle Mazart. Une troisième et dernière saison sera diffusée en 1989, sous le titre Pause café, pause tendresse.

Dominique PARRAVANO

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LE SAVIEZ-VOUS ?Pause café a vu débuter Clovis Cornillac, Benoît MagimelMarc Lavoine et Élie Semoun.

À la série comme à la ville

La série n’a pas hésité à mettre en avant certaines préoccupations sociétales, semblant opérer la France du début des années 1980 à cœur ouvert. Par ses thèmes contemporains et sans tabous (la contraception, l’avortement, les défaillances parentales, le harcèlement sexuel, la drogue, la délinquance, les angoisses liées aux débouchés professionnels…), Pause café a connu un succès foudroyant, rassemblant 50 % d’audience à chaque diffusion. Elle a aussi été exportée dans quatorze pays.

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