Palmade fait « dire des choses monstrueuses » dans « Le Grand restaurant »

  • Le troisième numéro du Grand restaurant est diffusé sur M6 ce mercredi, à 21h05, dix ans après la diffusion du deuxième volet sur France 2.
  • « J’adore ce principe de pouvoir écrire des sketches pour des grandes stars de cinéma et de théâtre, des gens que j’admire », confie le papa de ce projet, Pierre Palmade, à 20 Minutes.
  • « C’est fait pour être drôle et puis, parfois, il y a une petite morale, une philosophie, ce sont des fables », explique l’humoriste.

A l’heure où les brasseries et troquets sont obligés de rester portes closes, crise sanitaire oblige, Pierre Palmade rouvre son Grand restaurant ce mercredi, à 21h05, sur
M6. Une quarantaine de personnalités, de 
Florence Foresti à
Isabelle Huppert, de Gérard Jugnot et Alex Lutz, sont conviées dans cette fiction où les dialogues sont bien plus gratinés que les plats à la carte. D’une table à l’autre, les répliques sont servies, féroces ou tendres et, à une ou deux exceptions près, les sketches sont goûtus. 20 Minutes a demandé sa recette à Pierre Palmade, quitte à mettre les pieds dans le plat.

Vous aviez lancé les deux premiers volets du « Grand restaurant » sur France 2 en 2010 et 2011, pourquoi y revenir dix ans plus tard sur M6 ?

C’est un divertissement auquel je tiens énormément et dont je suis très fier. M6 m’a permis de faire un troisième volet. J’adore ce principe de pouvoir écrire des sketches pour des grandes stars de cinéma et de théâtre, des gens que j’admire. Certains sont des copains, d’autres non, je suis allé les démarcher timidement, avec beaucoup d’humilité.

Il vous a été facile de convaincre Isabelle Huppert ?

Je l’ai croisée à une générale de Muriel Robin. Du bout des lèvres, je lui ai demandé si elle accepterait de jouer un de mes textes dans une émission. Elle a répondu pourquoi pas. On s’est vus, elle a réfléchi, elle a lu le texte et ça l’a intéressée. Ce qui est agréable, c’est que les gens disent oui en lisant le texte, ce qui veut dire qu’a priori mon écriture leur plaît. Ce n’est pas facile de débaucher Joeystarr non plus, même s’il aime bien se diversifier. Et puis il y a des gens qui sont très occupés comme Yolande Moreau et Florence Foresti. Si on veut des stars, il faut vraiment réussir à les séduire avec un texte qui va leur laisser un bon souvenir.

Le dossier de presse informe que le sketch avec Muriel Robin n’est pas celui qui était prévu au départ. Que s’est-il passé ?

Elle devait jouer avec un acteur qui a eu, au dernier moment, des soucis de santé. Je l’ai su la veille pour le lendemain et je me suis retrouvé avec une Muriel Robin sans sketch alors que je la voulais dans mon Grand restaurant. Elle m’a dit que si je lui en écrivais un dans la soirée, elle l’apprendrait dans la nuit pour le jouer avec sa compagne Anne [Le Nen]. A minuit, j’avais écrit le sketch, elle l’a appris jusqu’à trois heures du matin et le lendemain à 11h, elle l’a joué. C’est d’ailleurs un sketch très fou.

Cette histoire de femme qui kidnappe une enfant pour l’adopter est effectivement très audacieuse. C’est plus libérateur d’écrire en étant au pied du mur, parce qu’on réfléchit moins ? Ou c’est stressant ?

Ce Grand restaurant est un stress permanent. Il y a des acteurs qui ne peuvent plus, il y a des impératifs d’horaires, de textes, donc je suis prêt à tout pour que ça marche. J’avoue que je fonctionne plutôt bien dans l’urgence même si, cette émission, ça a été trois mois d’écriture en amont. Je me suis fait aider par François Rollin parce que je voulais aller davantage dans l’absurde et ne pas rester dans la simple observation. J’ai un humour boulevardier, de situation.

Il y a des sketchs assez cruels, comme celui où le personnage de Vincent Dedienne est rejeté par ses parents…

Là aussi, c’est François qui m’a aidé. Parfois je prends les choses à contre-pied et je le fais jouer avec naturel. Sous couvert d’une espèce de banalité, je fais dire des choses monstrueuses à mes comédiens. Comme quand le personnage joué par Arielle Dombasle demande, d’un air complètement naïf, à sa meilleure amie de tuer son mari, ou quand Isabelle Nanty explique à François Berléand que, dans la vie, pour réussir, il faut être méchant… Pousser les limites de la franchise, de la transparence ou de la cruauté, c’est un genre d’humour que j’affectionne.

Vous évoquez des sujets de société plus ou moins sérieux, comme les écrans qui rythment nos vies…

Tout à fait. Il y a des personnes qui ne veulent se parler que par application et non en vrai, comme dans le sketch avec Baptiste Lecaplain. Il y en a un autre avec une mère et sa fille obligées de communiquer par Facebook. L’omniprésence des réseaux sociaux et des téléphones, surtout au restaurant, m’exaspère, donc ça m’inspire. C’est fait pour être drôle et puis, parfois, il y a une petite morale, une philosophie, ce sont des fables. Joeystarr qui avoue à son meilleur ami qu’il est blanc, c’est évidemment une allégorie du coming-out, lorsque l’on révèle être homo. Il y a aussi cette femme incarnée par Isabelle Huppert face à qui je joue le réac qui lui dit qu’un homme alcoolique, c’est tolérable, mais pas une femme alcoolique.

Ce « Grand restaurant » évoque à plusieurs reprises l’homosexualité et met en scène plusieurs personnages homos. C’est un choix conscient ?

C’est vrai. Il y a Muriel [Robin] avec sa compagne qui ont kidnappé une enfant parce que ça va plus vite pour adopter. Jeanfi Jeanssen joue un homo très susceptible qui voit de l’homophobie partout… L’homosexualité fait partie de ma vie. Je ne m’en cache pas, même si je l’ai vécue de façon contrariée au début alors que je la vis bien maintenant. Cela reste un sujet très actuel, de société. Même si en France, on est de plus en plus décontracté avec ça, cela reste très touchy.

Le sketch allégorique avec Joeystarr dont vous parliez commence par le fait qu’il révèle à Fred Testot, « être blanc ». En le voyant on se demande dans quel direction cela va aller…

Le propos du sketch, c’est qu’il n’y a pas à discuter du fait que c’est bien ou pas bien d’être homo : c’est comme ça, comme être noir ou blanc, blond ou brun. Chacun y verra ou du drôle, ou du moral, ou du social. Mais au départ, moi, je veux faire rire et je me rends compte que malgré moi il y a un petit message.

Dans un sketch, Chantal Ladesou et Stéphane Guillon interprètent deux personnes trans. Redoutez-vous les réactions de la communauté trans ?

Alors là, non, je ne vois pas où je dirais du mal d’elles. Ce sont deux meilleurs amis qui ont changé de sexe sans se le dire et qui se revoient trente ans après. Je ne vois pas où je me moque de ça. Chantal a parfois des airs de camionneur et Stéphane savait très bien jouer la préciosité. Vu la vie que j’ai et le camp auquel j’appartiens, je ne pense pas faire de faute de goût quand je touche à ces sujets.

Allez-vous scruter les réactions sur les réseaux sociaux pendant la diffusion ?

Je demanderai à mes amis de regarder. Je suis sensible alors quand je vois que les gens n’ont pas de retenue et sont un peu méchants ou manquent de tact, ça peut me blesser. Mais je me ferai faire un compte rendu de ce qui se dit.

Vous seriez partant pour un quatrième « Grand restaurant » ?

Selon l’audience… Si les gens sont nombreux à regarder et à apprécier, je serai partant pour une nouvelle aventure avec M6.

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