On a joué au bingo anti-vegan devant « 100% Bio » de Fabien Onteniente

C’est presque une surprise de le retrouver à la télévision. Même s’il a déjà tourné pour le petit écran, le réalisateur Fabien Onteniente est surtout connu pour ses comédies sur grand écran, plus particulièrement les Camping avec Frank Dubosc. Proposé ce mardi en prime sur
France 3, 100 % Bio est bien un téléfilm, même s’il était pensé au départ pour le cinéma, avec Christian Clavier. « Pas dans le timing », confie le cinéaste au
Parisien.

Didier Bourdon tient finalement le premier rôle de Gabi Moreno, charcutier basque qui voit d’un mauvais oeil la relation entre sa fille Marie et Thomas, un kinésithérapeute parisien… et vegan. Vous avez bien lu, on dirait presque une parodie, mais non. De là à s’attendre à une enfilade de clichés et de vannes sur les vegan, il n’y a qu’un pas, et on a voulu vérifier avec un jeu de bingo inspiré de celui de l’argumentation omnivore trouvé sur le site de l’Insolente Veggie. Avec donc un peu de spoilers.

Bonjour, c'est moi le cliché vivant du bobo parisien vegan avec mes graines, mon sac bio et mon vélo

Le vegan, forcément un bobo parisien à vélo bouffeur de graines

« Chérie, tu vas être contente, j’ai trouvé des graines de courge et d’azuki. » La première apparition de Thomas donne le ton et annonce le meilleur (le pire) pour la suite. Être vegan dans 100 % Bio, c’est manger des graines et des herbes (« c’est un vrai terrain de golf là-dedans »)… Et c’est tout ? Ah non, c’est aussi pratiquer le yoga, aller dans des séminaires et conduire une voiture électrique, et donc se prendre des coups de jus (!). Vous ne voyez pas le rapport ? Et la différence entre veganisme, végétarisme, végétalisme ? Ce n’est pas la question, « un vegan, c’est un végétarien en pire » résume un personnage. Le téléfilm entretient d’ailleurs le flou, et mélange tout, entre vegan et bio, sur l’autel de la blague. « Je prendrai un thé au jasmin. – Je vous amène des tapas bios alors. » Euh… merci ?

« Allez, goûte, tu verras, c’est bon »

Lorsqu’il débarque chez la belle-famille à l’improviste, en plein repas, Thomas, ou plutôt « le vegan » comme l’appelle le paternel, se voit servir un pied de cochon. Et est invité à goûter. Il ne se fait bizarrement pas trop prier, et devinez quoi ? Il se tord bientôt dans tous les sens, avant de vomir ses tripes et, bien sûr, de s’énerver contre tout le monde. « Oh ça vaaaa », à entendre avec l’accent de Didier Bourdon et les cigales, comme dans le sketch Le Cid des Inconnus. Quand ce sera son tour de manger des graines, toujours elles, il filera direct aux toilettes. C’est LA scène de 100 % Bio, le beau-père et le gendre s’affrontent en mode La Grande Bouffe, à coups de couilles de lièvres versus algues vertes wakamé de Fukushima.

Le bien-être animal et l’avenir de la planète, ok, mais mollo

A deux reprises, le téléfilm essaie de mettre en perspective son pitch de départ, mais point trop n’en faut. Lorsque Gabi veut tuer son cochon de compétition « élevé comme un prince », le vegan en appelle au bien-être animal, même s’il concède que c’est mieux que dans les abattoirs, et va parler au cochon pour le calmer et qu’il accomplisse son « destin ». Dans une autre scène, a priori anecdotique mais plus problématique, Thomas explique son choix de vie vegan, et comment il participe à sauver la planète, à son échelle. Un discours qui plonge tout le monde dans le silence et qui semble endormir la tante jouée par Catherine Jacob. Ah, mais non, rien à voir, elle fait toujours ça, elle est victime de micro-siestes. Lol ? Cela permet surtout de mettre fin à la discussion par une pirouette, et ne pas trop s’appesantir sur le sujet.

On peut jouer au bingo ?

De toute façon, l’opposition viandard/vegan n’inspire pas plus que ça Fabien Onteniente. Et il nous laisse avec notre bingo à moitié rempli. En effet, très vite, le réalisateur revient aux ressorts déjà vus de la comédie franchouillarde, à base de guéguerre des régions et de conflit entre beau-père et gendre. Il est plus intéressé par le personnage de Didier Bourdon et ce qu’il représente de sa région d’adoption, le Pays basque, à savoir que derrière, là aussi, les gros clichés, « il y a du cœur ici » pour citer le vegan. On reprendra notre bingo à la sortie de
Barbaque de Fabrice Eboué, où un couple de bouchers tue un militant vegan par accident… et le vend en jambon.

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