Mission Impossible : Le film qui a fait basculer la carrière de Tom Cruise !
Depuis 25 ans, et la sortie du premier film Mission: Impossible, Tom Cruise est Ethan Hunt. Retour sur une relation compliquée entre l’acteur et son alter-ego de cinéma, et sur le film qui a tout déclenché.
Un quart de siècle que Tom Cruise incarne l’intrépide Ethan Hunt. Une longévité quasi-unique à Hollywood, seulement concurrencée par Harrison Ford et ses rôles d’Indiana Jones et Han Solo. Pourtant, cette franchise a pris avec le temps des allures de prison dorée, dont l’acteur ne parviendrait plus à s’évader, piégé dans le rôle du populaire agent prêt à tout. Une histoire qui a débuté un jour de mai 1996, quand la carrière de Tom Cruise a basculé pour de bon grâce au succès d’un film : Mission: Impossible.
Avant la sortie américaine de Mission: Impossible le 22 mai 1996, Tom Cruise est au firmament d’Hollywood. Il faut dire que depuis 15 ans, l’acteur choisit ses projets avec soin, et tourne avec les plus grands réalisateurs : Francis Ford Coppola, Ridley Scott, Tony Scott, Martin Scorsese, Oliver Stone, ou encore Sidney Pollack. Tout ça avant même ses 30 ans. Surtout, Tom Cruise sort de 10 années de succès au box-office américain : Top Gun, Né un 4 juillet, Rain Man, Des Hommes d’honneur, La Firme, Entretien avec un vampire… À part quelques exceptions, le jeune acteur est reconnu pour des mélodrames ambitieux signés par les plus grands auteurs de l’époque. Un équilibre qui va complètement basculer avec Mission: Impossible.
Au début des années 90, les adaptations au cinéma de séries télévisées sont à la mode, et des films comme Le Fugitif ou La Famille Addams rapportent dollars et récompenses. Ça tombe bien : Tom Cruise est fan de la série originale Mission: Impossible (diffusée de 1966 à 1973) depuis son enfance, et décide d’en faire le tout premier projet de sa nouvelle société, créée avec la productrice Paula Wagner : Cruise/Wagner Productions. Pour la première fois de sa carrière, Tom Cruise ne sera donc plus seulement la star, mais également le producteur du film. Et il annonce d’emblée la couleur : ses collaborateurs souhaitent un thriller à 40 millions de dollars ? Lui veut “un gros film d’action tape-à-l’oeil” qui coûte le double.
Ce remake cinématographique transforme également la série originale, axée autour d’un groupe homogène sans véritable star, en version américanisé de James Bond, avec Tom Cruise en tête d’affiche dans le rôle d’Ethan Hunt. Là où Hunt n’est qu’un agent comme les autres dans la série télévisée (le chef Jim Phelps peut davantage être considéré comme le premier rôle), il devient ici l’incarnation même de la licence. Pour mieux servir sa star principale, bien sûr. Enfin, Cruise insiste sur un point essentiel : il veut faire ses propres cascades. Il n’en a alors peut-être pas tout a fait conscience, mais il est en train d’écrire sa propre légende.
Pour emballer son bébé, Tom Cruise s’offre un cinéaste de renom en la personne de Brian De Palma, réalisateur entre autres du culte Scarface (1983) et des Incorruptibles (1987). Une brillante idée aux croisements de deux mondes qu’il convoite – le cinéma d’auteur reconnu et le spectacle grand public. Un mariage qui deviendra l’ADN de la franchise, puisque les prochains opus seront également réalisés par d’autres réalisateurs à forte identité visuelle : John Woo, J.J. Abrams, Brad Bird et Christopher McQuarrie. Tourné de février à novembre 1995, ce premier Mission: Impossible va installer d’autres éléments de la franchise : un casting à tendance international (Jon Voight, Ving Rhames, les Français Jean Reno et Emmanuelle Béart, et l’anglaise Kristin Scott-Thomas), une intrigue à tiroirs, des faux-semblants, des twists dévastateurs et surtout, des scènes d’actions jamais vues.
Outre la scène culte d’un Tom Cruise en suspension dans le QG de la CIA, le film s’offre un final tonitruant sur le toit d’un Eurostar, pour une scène qui mélange effets spéciaux numériques, maquettes et véritables cascades. L’acteur ne recule devant rien pour recréer à la perfection la vitesse de pointe du TGV, et va jusqu’à acheter une turbine à vent capable de souffler à plus de 225 km/heure, et de l’écraser comme s’il était réellement sur un train à grande vitesse. Pendant 6 semaines de tournage dans les studios anglais de Pinewood, Cruise va refaire cette scène encore et encore, accroché à des câbles, jusqu’à collectionner coupures et ecchymoses. Pour la première fois, l’acteur montre son amour pour les cascades, et il veut que ça soit à l’écran : le public doit voir que c’est bien Tom Cruise qui saute d’un hélicoptère. Une mentalité qui deviendra un gimmick de la franchise.
Mission: Impossible sort le 22 mai 1996 aux États-Unis sur 3012 écrans – un record à l’époque – et signe le meilleur démarrage au box-office pour une sortie le mercredi, devançant Terminator 2 de James Cameron. Il glane dans la foulée 75 millions de dollars en une semaine, battant le record précédemment établi par Jurassic Park. Au final, Mission: Impossible devient ainsi le 3e plus gros succès de l’année au box-office américain, et récolte plus de 457 millions de dollars dans le monde, faisant alors du film le plus gros succès de la carrière de Tom Cruise. Il installe également l’acteur comme une nouvelle figure d’un cinéma d’action nerveux et sophistiqué. Pas mal pour quelqu’un qui a longtemps été complexé par sa petite taille (1,70m).
En 2000, Mission: Impossible 2 fait encore mieux que le premier opus, avec 546 millions de dollars au box-office mondial. Un succès qui confirme le potentiel de la série, et l’envie initiale qu’avait l’acteur de faire de Mission: Impossible une véritable franchise de blockbusters, et ce dès 1996. Il l’avouait d’ailleurs au magazine Total Film en 2012 : « Mission: Impossible était à l’époque le film le plus cher de la Paramount et le premier film que je produisais, c’était très excitant. Et j’ai démarré Mission: Impossible en espérant dès le départ que je pourrais en faire une franchise. Ethan Hunt un personnage avec lequel je peux évoluer et vieillir. J’en tournerai autant que les gens veulent en voir, car ces films sont à chaque fois un vrai challenge, et très amusants à faire. »
Mission: Impossible est à ce jour l’une des plus solides franchises de cinéma existantes. Malgré un Mission: Impossible 3 (2006) un poil décevant au box-office, les trois derniers opus – Ghost Protocol (2011), Rogue Nation (2015) et Fallout (2018) – ont généré respectivement 694, 682 et 791 millions de dollars dans le monde. Mais ce succès a aussi ses défauts, et plus les années avancent, plus la série Mission: Impossible accapare le temps et l’énergie de l’acteur : alors qu’il approche de la soixantaine, Tom Cruise a tourné 4 films de la franchise en 8 ans, avec la préparation titanesque que chacun de ces longs-métrages demande. Trop occupé à repousser les limites de ce qu’il peut faire à l’écran, il a délaissé son appétit pour le mélodrame et les collaborations avec les grands cinéastes qui ont fait sa renommée.
En 40 ans de carrière, Tom Cruise a tourné pour des réalisateurs aussi exigeants que Stanley Kubrick, Michael Mann ou encore Steven Spielberg. Certes, les films Mission: Impossible sont de formidables objets de cinéma, mais il est forcément rageant de le voir aujourd’hui enfermé dans une franchise qui lui demande d’être plus un cascadeur qu’un acteur, gâchant au passage l’un des plus grands talents de sa génération. Car il l’a prouvé par le passé : Tom Cruise sait autant faire frémir pendu à un hélicoptère qu’en avouant son amour à Renée Zellweger dans Jerry Maguire (1997), en s’écroulant face à son père mourant dans Magnolia (1999), ou en tueur glaçant et impassible dans Collatéral (2004).
Espérons simplement que lorsque qu’il décidera de quitter la franchise, celle-ci lui aura laissé assez d’énergie pour nous permettre de revoir l’acteur intimiste qu’on aimait tant. Ce n’est apparemment pas pour tout de suite : Mission: Impossible 7 et 8 – actuellement en tournage – sont prévus sur nos écrans respectivement pour mai 2022 et juillet 2023. Et quand on demande à l’acteur quand il pense arrêter d’incarner Ethan Hunt, Tom Cruise donne une réponse à la hauteur de sa légende : “Je pense que je m’arrêterais à 90 ans. Ils devront sans doute me jeter d’un avion dans mon fauteuil roulant à ce moment-là, mais quoiqu’il en coûte, je continuerais !”. Sacré Tom.
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