Mademoiselle de Joncquières (Arte) Cécile de France : "C’est savoureux de jouer une méchante !"

Dans cette adaptation de l’un des récits de Jacques le Fataliste, de Diderot, l’actrice à l’aura solaire investit, pour la première fois, le registre de la noirceur.

« Si aucune âme juste ne tente de corriger les hommes, comment espérer une meilleure société ? » Le sémillant marquis des Arcis (le dandy Édouard Baer est parfait en libertin des Lumières) n’aurait jamais dû trahir les tendres sentiments que lui portait la très sage Madame de la Pommeraye. D’autant qu’avant de céder à ses avances assidues, la jeune veuve fortunée n’avait cessé de repousser le séducteur mondain. Arcis aurait dû savoir, vu la noblesse de sa conversation, que l’on ne badine pas avec l’amour. Sa vengeance sera impitoyable : la vertu outragée et l’amour bafoué peuvent rendre profondément immoral L’innocente Mademoiselle de Joncquières sera son arme fatale. « Après avoir été raisonnable, la marquise devient passionnée, puis victime et vengeresse. » 

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“C’est savoureux de jouer une méchante” 

« Il est rare de jouer quelqu’un qui évolue autant : c’est le rêve pour une actrice », se réjouit Cécile de France, ravie d’incarner enfin une méchante. « Moi qui suis, d’habitude, en empathie avec mes personnages, là, c’était un peu compliqué. Madame de la Pommeraye est tellement cruelle et diabolique ! » Avant de lui faire passer des essais, le réalisateur Emmanuel Mouret, qui, jusqu’ici, nous a régalés de ses marivaudages modernes (Laissons Lucie faire, L’Art d’aimer…) doutait de sa capacité à épouser la noirceur. « Après avoir fait une lecture, j’étais convaincu qu’elle allait être grandiose », confie le cinéaste. « C’est savoureux de jouer une méchante ! C’était génial de faire ma Glenn Close dans Les Liaisons dangereuses », poursuit Cécile. La langue de Diderot — « C’est peut-être sur nos troubles que les Lumières ont jeté le plus de clarté », estime Mouret — est un enchantement, ajoutant au plaisir visuel (César des Meilleurs costumes) procuré par ce conte cruel, qui voit la transformation d’une oie blanche en oiseau de proie. 

Mademoiselle de Joncquières :  mercredi 10 février à 20h55 sur Arte

Julien Barcilon 

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