"Les Granges brûlées" : 50 ans après, le face-à-face Signoret-Delon sur fond de polar rural fascine toujours en Franche-Comté

Sorti en mai 1973, Les Granges brûlées réunit sur grand écran deux monstres sacrés du cinéma français : Simone Signoret et Alain Delon. Deux ans auparavant, ils étaient déjà à l’affiche d’un drame psychologique, La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre, tourné en Bourgogne. Cette fois, c’est dans la Franche-Comté rurale que se retrouvent les deux acteurs, sous la houlette du réalisateur Jean Chapot. 

La neige, personnage principal

Le titre du film fait référence à un lieu existant, La Grange rulée, située au-dessus de Pontarlier, à 1 025 mètres d’altitude. Le cinéaste avait choisi cette ferme avant de jeter son dévolu sur une autre, La Grange des miroirs, un peu plus haute en altitude. C’est là que la plus grande partie des scènes a été tournée. Natif de Pontarlier et repéreur de décors pour le cinéma, Pierre Jouille se souvient très bien des exigences du Jean Chapot : “Il fallait que la maison soit dans la neige. C’était primordial car la neige était le personnage principal du film”, se souvient celui qui a trouvé les décors de plus de 200 films français et étrangers. Car qui dit neige, dit isolement, sons étouffés, reliefs ensevelis, climat glacial…

Un contexte idéal pour un huis clos psychologique dont le point de départ est un crime. Une jeune Parisienne est retrouvée morte à proximité des Granges brûlées, une ferme familiale où Rose (Simone Signoret), une femme fière et digne, vit avec son mari (Paul Crauchet), ses deux fils (Bernard Le Coq et Pierre Rousseau) et leurs épouses (Catherine Allégret et Béatrice Costantini) ainsi que sa fille (Miou-Miou). Le juge d’instruction, Pierre Larcher (Alain Delon) s’intéresse à ce lieu et à ce clan qui vit refermé sur lui-même. Entre Rose et lui, un rapport fait d’admiration se met en place. Mais l’enquête va aussi fragiliser les rapports entre les membres de la famille et mettre au jour des tensions.

Chapot vs Delon

Peu connu du grand public, Jean Chapot s’est d’abord fait connaître en tant qu’acteur et assistant metteur en scène durant les années 50. Il a notamment travaillé au théâtre avec Raymond Rouleau, Simone Signoret et a côtoyé Bertold Brecht. En 1966, pour son premier long-métrage, La Voleuse, il dirige des stars de l’époque, Romy Schneider et Michel Piccoli sur des dialogues de Marguerite Duras. Malgré le casting, le film est un échec.

Six ans plus tard, Chapot revient avec un court-métrage, Le Fusil à lunettes (1972) qui reçoit la Palme du meilleur court-métrage à Cannes. Vient ensuite le tournage des Granges brûlées, où il retrouve Simone Signoret. Mais le film est coréalisé avec Alain Delon. Avec son tempérament fougueux, la star va s’opposer à Chapot et les heurts entre les deux hommes seront nombreux sur le tournage. Pour certains critiques, ce climat de tension aurait nui au film.

Cela n’empêche pas Les Granges brûlées d’être un succès au cinéma avec 991 624 entrées. Mais ce fut une déception pour Jean Chapot qui pensait égaler le triomphe obtenu par La veuve Couderc. Sorti en 1971, le film de Pierre Granier-Deferre avait attiré plus de 2 millions de spectateurs. Après ce film, Jean Chapot participa aux scénarios de plusieurs films avant de se tourner vers la télévision pour laquelle il réalisa entre 1978 et 1994 une douzaine de téléfilms et épisodes de séries. 

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