"Le Schmilblic" : retour sur les meilleurs moments de ce jeu télévisé animé par Guy Lux !
Ce jeu au titre si étrange, animé par Guy Lux, où les candidats devaient deviner le nom d’un objet, a fait les belles heures de la télévision et mit à rude épreuve les zygomatiques des téléspectateurs.
Le Schimblic, le Schimilibilic, le Misblic… les candidats auront décidément donné tous les noms à l’un des plus ancestraux et plus épatants des divertissements médiatiques, né au doux temps de l’ancien franc ! Entre 1969 et 1970, Guy Luxanima ce jeu, adapté de sa version radiophonique, Le Tirlipot. L’origine du nom à l’empilage improbable de consonnes qui ne veut littéralement rien dire que le plaisir de son étrangeté (un peu comme les Schtroumpfs de Peyo) remonte aux années 50. L’humoriste Pierre Dac invente le « Schmilblick« , « un merveilleux appareil » qui ne sert à rien. C’est justement pour cela que Pierre Bellemare décide d’en faire le gimmick d’un jeu radiophonique qui devient vite fameux et que Guy Lux reprend le 29 septembre 1969 (le titre du programme s’écrit sans le « k » final).
Devinettes à l’appel
©Georges Dudognon
Le principe du jeu télévisé de l’ORTF imaginé par Jacques Solness et Jacques Antoine, à qui on doit Les Jeux de 20 heures, L’Académie des neuf, Tournez manège, Une famille en or ou encore l’indétrônable Fort Boyard, est simple. Apparaissait à l’écran, en noir et blanc, la photo d’un objet pris en gros plan. Les candidats défilaient devant Guy Lux (l’émission était réalisée en duplex depuis une ville en France et Paris où était l’animateur) pour poser une question permettant de deviner l’objet mystère à partir de quelques-unes de ses caractéristiques déjà rendues publiques.
Ces objets aux photos troubles, de fait difficilement identifiables au premier coup d’œil, sont mis en scène dans un marabout de ficelle de devinettes. Toute question appelant une réponse positive permettait d’ajouter 100 francs dans une cagnotte et autorisait le candidat à formuler une proposition d’objet. Si celle-ci était la bonne, il repartait avec l’enveloppe contenant les gains. Et là, dans les yeux des téléspectateurs de la France pompidolienne, s’allumaient des petits feux de Bengale.
Les Français découvrent alors également un plaisir qu’ils ne soupçonnaient pas : se voir à la télévision. Certains n’hésitent pas à faire passer quelques messages à leur famille ou à leurs amis. On s’amuse, on abuse de l’antenne et on en redemande car, outre les soucis techniques régulièrement rencontrés par l’émission et les difficultés pour certains participants à prononcer le mot « schmilblic », le programme a parfois été confronté à des situations burlesques qui ont fait le succès du jeu.
Ce dernier s’interrompt pourtant à l’été 1970 pour reprendre quelques années plus tard, en 1974, sous un nouveau titre Le Schmilblic à brac. L’émission cette fois-ci est animée par Léon Zitrone et diffusée sur Antenne 2 où elle devient hebdomadaire et plus longue (50 minutes). Seule innovation par rapport à la première version : le candidat n’a le droit de poser sa question que s’il a apporté un objet ancien à faire expertiser. Cette nouvelle mouture prend fin en février 1976. France 3 le rediffuse en 1987.
Langueurs d’ondes
Après une longue absence, le jeu culte revient en format radio, sur l’antenne de Nostalgie, dès le 10 avril 1995, entre 12 h 30 et 13 heures. Pour la station dont la dernière campagne de publicité décline des messages tels que « Si t’as pas de nostalgie, t’as pas de mémoire« , reprendre le célèbre jeu s’inscrit dans le sillage d’une démarche logique dont la programmation fait du souvenir une valeur cardinale positive. Animée par Georges Beller, depuis les studios de la station, à Paris, l’émission a lieu en direct et en duplex avec une ville différente chaque semaine. Sur place, un animateur régional de Nostalgie assure le lien entre la capitale et la province. Première étape de l’émission : Cajarc, en direct de chez Moulinot. La station ne pouvait avoir meilleur symbole.
Durant la semaine, les auditeurs de la France entière sont ainsi invités à démasquer l’objet mystérieux, dont la valeur de départ s’élève à 5 000 francs et doit augmenter de 50 francs à chaque bonne réponse fournie. Mais, même si l’époque est alors à la nostalgie, la magie n’opère plus et Le Schmilblic n’avance définitivement plus…
Dominique PARRAVANO
Et aussi…
« C’est papy Mougeot ! »
En 1975, encouragé par son producteur Paul Lederman, Coluche tourne Le Schmilblick en parodie du jeu télévisé quotidien éponyme et décroche la timbale comique. Le sketch fait un tabac et devient culte en quelques semaines, et même le succès de l’été, enregistré en 45-tours. Répondant à la voix de Martin Lamotte, qui imite Guy Lux, et de Christine Dejoux, qui figure Simone Garnier, Coluche interprète plusieurs candidats, plus pittoresques les uns que les autres. Une radiographie piquante de la société des années 70. L’humoriste fait la satire des différents profils sociologiques et comportementaux de cette décennie (les « coueffeurs », les « pédés », le gauchiste, le travailleur immigré, les journalistes et l’inénarrable papy Mougeot…).
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