Le Corniaud : le secret derrière la scène culte de l'accident
Classique absolu de la comédie sorti un an avant la triomphale « Grande Vadrouille », « Le Corniaud » est le troisième film qui réunit Bourvil et Louis de Funès. Une oeuvre dans laquelle figure une scène devenue culte : celle de l’accident…
Classique indéboulonnable de la comédie française sorti en 1965, multi-rediffusé sur les chaînes TV avec la régularité d’un coucou suisse, Le Corniaud de Gérard Oury marquait les troisièmes retrouvailles du tandem Bourvil et Louis de Funès, tout juste un an avant le succès colossal de La Grande vadrouille.
Premier vrai succès populaire de Gérard Oury, Le Corniaud met en scène pour mémoire un personnage du nom de Saroyan (de Funès), un trafiquant, qui utilise à ses dépens un honnête commerçant répondant au nom d’Antoine Maréchal (Bourvil), pour emmener de Naples à Bordeaux une Cadillac remplie d’héroïne. Mais aussi de pierres précieuses, dont un énorme diamant logé dans le klaxon, baptisé Youkounkoun.
Si vous avez déjà vu le film, vous avez logiquement en mémoire une des scènes culte de l’oeuvre; en l’occurence celle de l’accident, où le pauvre Bourvil voit sa 2 CV réduite en miettes par la voiture de Louis de Funès. « Bah maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien, forcément ! » lâche un Bourvil dépité. « Qu’est ce que je vais devenir maintenant ? » « Bah un piéton ! » lui lâche du tac-au-tac de Funès.
Ci-dessous, la séquence en question, pour le plaisir…
Deux jours avant le début du tournage, le 29 août 1964, le fils du premier assistant Gérard Guerin emprunta la Jaguar que Louis de Funès devait initialement utiliser, et ravage la voiture dans un accident… Finalement, ce ne sera pas une Jaguar mais une Rolls Royce qui devra percuter la petite 2CV.
Le voiture de Bourvil fut équipé de boutons poussoirs, histoire qu’elle puisse effectivement s’éparpiller façon puzzle le moment venu. Pierre Durin, le responsable des effets spéciaux sur le film, découpa la 2 CV en 250 morceaux (!), puis les relia entre eux avec des crochets. De petits appareils électriques faisaient sauter les crochets solidarisant les morceaux au moment opportun.
Pour éviter tout incident, qui aurait alors imposé un démontage puis un remontage complet de la 2CV -autant dire un enfer-, Pierre Durin avait installé 250 boutons électriques sur le parechoc. Lorsque Bourvil percute doucement l’ultime obstacle, tous les poussoirs ainsi sollicités déclenchent dans un ordre bien précis la dislocation de la voiture.
C’est Rémy Julienne, célèbrissime coordinateur de cascades du cinéma français, qui avait calculé la bonne vitesse de l’accident pour que Bourvil ne se fasse pas mal. Et il n’était pas question de rater la scène. Comme le confira Gérard Oury dans ses mémoires, le moindre incident aurait contraint l’équipe du film à attendre un mois pour retourner la scène, tellement la création de Gérard Guerin était complexe. C’est pour cette raison d’ailleurs que cette séquence fut tournée en dernier, le 7 décembre 1964.
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