Le cinéma d’animation français tente d'afficher sa différence
- Le festival du film d’animation de Rennes Métropole connaît sa deuxième session en ligne en raison de la fermeture des cinémas.
- Avec la fermeture des écoles, bon nombre d’enfants vont sans doute profiter de sessions plus longues de dessins animés.
- « Il ne faut pas diaboliser les écrans », estime la porte-parole de l’événement, qui tente de faire la promotion d’un contenu différent des grandes plates-formes.
C’est un tiraillement pour certains parents. Un questionnement pour d’autres. Un non catégorique pour une minorité. Et un usage sans limite pour quelques-uns. Avec la fermeture des écoles, bon nombre d’enfants vont voir leur temps passé devant des dessins animés progresser ces prochaines semaines, pendant que leurs parents tentent de travailler à la maison, tout en supervisant le travail scolaire. Faut-il en avoir peur ? Non, mais il faut l’encadrer. Et surtout choisir les bons contenus. C’est ce que tente de faire le festival du film d’animation de Rennes, qui va connaître sa deuxième édition en ligne du 7 au 20 avril.
Privé de cinéma, l’événement a décidé d’investir la Toile en proposant 150 films pour petits et grands. Avec un goût prononcé pour l’authentique, le drôle et le sensible.
Vous ne verrez pas trace d’un Ninjago, d’un Pat’Patrouille, d’un Pokemon ou d’un Disney dans la programmation. « Il ne faut pas diaboliser les plates-formes. Il y en aura toujours et il faut les intégrer. Mais le rôle d’un festival, c’est de montrer qu’il y a autre chose que les canaux mainstream », explique Sabine Zipci, déléguée générale de l’Association française du cinéma d’animation (AFCA), qui coordonne l’événement. Depuis ses débuts en 1983 et son déménagement à Bruz (Ille-et-Vilaine) en 2010, le festival n’a cessé de mettre en avant le savoir-faire français dans le domaine de l’animation et d’éduquer le public à sa passion pour le dessin animé. « Pour les enfants, c’est souvent la première expérience au cinéma. On n’y va pas juste pour voir un film, on y va pour faire une découverte, visiter un lieu culturel dans un cadre collectif ».
Si les salles obscures sont fermées, les « projections » continuent mais ont été déplacées dans les salons de familles confinées. « L’écran n’est pas à diaboliser ni à bannir mais il faut l’encadrer. L’idéal, c’est de vivre l’expérience avec eux, de leur donner le choix et d’en parler. On peut préparer la projection, évoquer l’histoire, faire pause quand tout n’est pas compris », estime Sabine Zipci, tout en rappelant qu’elle « n’est pas médecin » . Il y a quelques mois, nous avions interrogé Séverine Erhel, maître de conférences en psychologie cognitive et ergonomie à l’université Rennes 2. Ses propos allaient dans le même sens. « On se focalise sur le temps de connexion mais tout dépend du contenu. C’est plus complexe que de dire “Vous laissez trop vos gamins devant l’écran”. Certaines études ont montré que des enfants qui regardaient des programmes éducatifs et de qualité avaient vu leur niveau de langage progresser ».
Plusieurs grands succès français en 2020
Le cinéma d’animation l’a bien compris et propose une palette très large de contenus, pour les grands comme les petits, du court métrage artisanal aux longs métrages comme Calamity de Rémi Chayé, Josep, réalisé par Aurel et
qui croule sous les trophées, ou Petit Vampire
de Joann Sfar. « L’animation n’est pas un genre mais un ensemble de procédés techniques. C’est même un langage cinématographique », conclut Sabine Zipci. Un langage qui se plaît mélanger les techniques de la 2D, de la 3D, des marionnettes ou de la pâte à modeler. Proposée comme un festival « classique », la version en ligne de l’événement sera en partie payante mais espère trouver son public. Reste à savoir si petits et grands voudront se mettre devant un écran devenu omniprésent.
Festival du film d’animation de Rennes, du 7 au 20 avril sur le site de CinéCapsule.
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