"La Passagère" : Cécile de France en pêcheuse amoureuse dans une romance miraculeuse
Récemment, Mes rendez-vous avec Léo traitait de la sexualité d’une « séniore ». « La Passagère« , sur les écrans mercredi 28 décembre, raconte l’amour d’une quadra pour un jeune homme de 20 ans. Ce premier long métrage d’Héloïse Pelloquet, avec Cécile de France, prend pour cadre une pêcherie de la côte Atlantique, univers qu’elle a déjà exploré dans ses deux courts. Un des aspects les plus réussis du film.
Marée montante
Unis et heureux, Chiara gère avec son mari Antoine leur pêcherie artisanale sur une île de la côte atlantique, où ils travaillent ensemble depuis vingt ans. Maxence, un jeune bourgeois, convainc ses parents de devenir apprenti sur leur bateau. Il va bouleverser les convictions de la femme, l’équilibre du couple et découvrir l’amour.
Dans son premier court-métrage, L’Age des sirènes, Héloïse Pelloquet filmait une initiation à la pêche professionnelle en mer. Elle reprend ce point de départ pour le transformer en histoire d’amour. Une autre réussite du film est sa progression narrative. Une marée des sentiments, lente, invisible mais inlassable, monte jusqu’à un point G. Cette écriture orgasmique est servie par un beau filmage et une interprétation inspirée.
Tabou interdit
Héloïse Pelloquet sait raconter son histoire. La sensible évocation de son environnement marin, fictionnalise plus qu’elle ne documente. Chiara (Cécile de France) apprend à Maxence la rudesse du métier, plus qu’Antoine, quasi absent. C’est ce temps passé ensemble qui va déclencher l’amour. Une passion plutôt : la réalisatrice n’oublie pas l’objet de son récit, ni la différence entre les deux sentiments.redécouverts pour elle, nouveaux pour lui.
Le naturel avec lequel l’actrice se glisse dans ses personnages se vérifie dans La Passagère. Héloïse Pelloquet capte sa sensualité avec tact et animalité. Nous ne sommes plus au temps de Gabrielle Russier qui s’était suicidée en 1969 après la découverte de ses relations avec un de ses élèves. Le fait divers avait inspiré Mourir d’aimer d’André Cayatte avec Annie Girardot qui fit scandale en 1971. De moins en moins tabou, la différence d’âge entre femmes et hommes et non plus seulement entre hommes et femmes, éclaire La Passagère d’une vitalité contagieuse : une belle romance marine.