La fugue (France 2) Valérie Karsenti : "Couper le lien brutalement, c’est le cauchemar ultime des parents"

En ouverture d’une soirée consacrée à ces adolescents fugueurs sur France 2, Valérie Karsenti incarne Jeanne, une mère courage dans cette fiction à couper le souffle. Entretien avec la comédienne.

Il y a 150 fugues par jour en France, et un tiers des fugueurs ne sont pas retrouvés dans les six mois qui suivent : ces chiffres vous ont-ils surprise ? 

Valérie Karsenti : Énormément ! Cette fuite en avant d’un adolescent est effrayante. Il part à un âge où il n’est pas encore armé. Le fait de couper le lien brutalement, c’est le cauchemar ultime des parents. 

Qu’est-ce qui vous a le plus touchée dans cette histoire ? 

C’est le parcours de cette famille recomposée, avec le père biologique, qui a été très absent et qui va renouer avec sa fille, et le père qui l’élève, celui qui a toutes les responsabilités. Comment ces trois adultes, les deux pères et la mère, vivent ensemble leurs angoisses et leur culpabilité. Le trio que je forme avec Samir Guesmi et Sagamore Stévenin est intéressant, je trouve qu’il fonctionne bien.

Le temps semble long alors que tout est urgence… 

Quand on a un problème personnel, on est dans une angoisse et un besoin de trouver des solutions très vite. À côté de cela, Jeanne découvre que l’on ne peut pas mettre un flic derrière chaque adolescent disparu. 

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Elle s’aperçoit aussi qu’elle ne peut pas tout contrôler… 

Exactement. C’est une femme de tête. À force de projeter sur sa fille un comportement qui ne lui correspond pas, elle est passée à côté de sa détresse. Cette fugue est une épreuve initiatique pour Jeanne. Elle va devoir évoluer dans ses rapports avec sa fille, mais aussi avec son ex-mari. L’aigreur va disparaître, au profit de cette adolescente qu’ils ont eue ensemble. De manière générale, nos enfants nous obligent à évoluer profondément. 

« Si vous aviez des enfants, vous sauriez qu’on ne sait rien sur eux », lance Jeanne à la policière qui prend sa déposition. Vous êtes d’accord avec ça ? 

Oui, et c’est normal que nos adolescents aient un jardin secret et qu’ils n’aient pas forcément envie de le partager. C’est leur manière à eux de commencer leur vie. Dans le cas de Chloé, son jardin secret n’est pas abîmé par ses parents, mais par ses amis et un garçon. C’est pour ça qu’elle perd pied. Moi, je n’ai pas envie de tout savoir sur mes adolescents, je serais bien trop angoissée !

La jeune Mayline Dubois, qui incarne Chloé, est fascinante de dureté et de beauté… 

Comme une ado ! Elle est sur la défensive, on a envie de la rejeter. Mais c’est tellement juste ! Le seul moment où elle s’abandonne et appelle à l’aide, c’est quand elle retrouve son beau-père et qu’elle se laisse aller dans ses bras. 

Quelle adolescente étiez-vous ? 

J’avais déjà cette passion pour le théâtre. C’était un refuge. Un enfant passionné, c’est un enfant sauvé. Quel que soit son rêve. Et puis, je ne pouvais pas me permettre de me rebeller à 15 ans, il y avait trop de fragilité dans ma famille. Du coup, j’ai fait ma crise d’ado à 24 ans. Je me la suis coltinée toute seule ! (Rires) Je conseille à tout le monde d’emmerder ses parents plutôt que de reporter la rébellion à plus tard. Les séismes sont plus forts à l’âge adulte… 

La fugue : mercredi 6 janvier à 21h05 sur France 2

Interview Amandine Scherer 

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