Joker (Ciné+ Premier) : Pourquoi Joaquin Phoenix et Robert de Niro se sont-ils clashés sur le tournage ?
Familier des rôles extrêmes, Joaquin Phoenix livre, ici, une performance à la fois époustouflante et dérangeante. Le film, sombre et violent, lui doit tout. Retour sur le tournage…
Oubliez le bouffon grimaçant des comics et ses nombreux avatars au cinéma. Celui qui hante le film de Todd Phillips (Very Bad Trip) n’a rien en commun avec eux. Mais qui dit Joker, dit Batman. Raté ! L’homme chauve-souris est, ici, seulement évoqué à travers son père, Thomas Wayne, un milliardaire candidat à la mairie de Gotham City, en proie à une crise économique dévastatrice. Dans ce décor d’apocalypse, Arthur Fleck, humoriste raté, rêve de gloire. Mais, souffrant de crises de rire incontrôlables, il est incompris et rejeté. Privé de ses aides sociales, il enquille pour survivre les boulots mal payés et les humiliations. Sa vie n’est que malheur, jusqu’à cette nuit où, voulant défendre une femme harcelée par trois yuppies, tout bascule…
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Dès l’écriture du film, Todd Phillips a pensé à Joaquin Phoenix : « C’est le plus grand acteur de sa génération, et, surtout, il me paraît idéal pour incarner cet agent du chaos. Il faut une bonne dose de folie. Ceux qui l’ont campé avant lui, comme Jack Nicholson et Heath Ledger, en avait. » Porté par son appétit pour les rôles extrêmes (le chanteur Johnny Cash, dans Walk the Line, un tueur à gages dans Les Frères Sisters…), Phoenix fait exploser les curseurs : « J’aime les personnages en conflit avec eux-mêmes. Quand il a accepté le rôle, il s’est demandé s’il pourrait lui donner de l’humanité ». « J’avançais dans le scénario et je me disais “Et si on faisait en sorte que le public sympathise ou éprouve de l’empathie pour lui ?” « Et c’est ce qui arrive, surpris que nous sommes par la fragilité que lui apporte son interprète. Pour se glisser dans la tête et le corps sec d’Arthur Fleck, et exprimer sa folie autant que sa grâce singulière, il a perdu 23 kilos, fait des recherches sur le narcissisme, la criminologie, et étudié la gestuelle de Buster Keaton.
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Le roi De Niro
Pendant le tournage, l’acteur s’est coupé du monde afin de se consacrer à son rôle. « Il ne parlait qu’à moi, confie Todd Phillips. C’est l’expérience la plus intense et la plus belle que j’ai vécue en tant que réalisateur. » De Niro, qui incarne Murray Franklin, l’animateur vedette d’un talk-show très populaire, où le Joker rêve d’être invité, s’est, au contraire, accroché avec son opiniâtre partenaire. Avant chaque tournage, De Niro aime que les acteurs lisent le scénario ensemble, rapporte le magazine Vanity Fair. Phoenix, qui pourtant admire la star de Taxi Driver, ne voulait pas en entendre parler, préférant l’improvisation. Son aîné n’en démordait pas : « Dites-lui qu’il est acteur et qu’il doit venir ici. On fait une lecture, c’est comme ça que cela se passe. » Todd Phillips raconte qu’il a fini par accepter, à contrecœur, marmonnant son texte avant de rentrer chez lui. Parce que, pour Phoenix, « incarner un personnage, ce n’est pas une performance, mais une expérience ». C’est aussi la voie royale pour remporter, à 45 ans, l’Oscar du Meilleur acteur en février dernier. Le premier de sa carrière hors normes.
Joker : samedi 24 avril à 22h35 sur Ciné+ Premier
Isabelle Magnier
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