INTERVIEW. Aurélien (Koh-Lanta) éliminé : "Les jaunes sans moi, c’est un peu No Man’s Land"
Éliminé in extremis de "Koh-Lanta : Les Armes Secrètes" par une stratégie montée par Shanice, Aurélien revient sur son aventure. Pour Télé Star, il évoque sa découverte de lui-même, ses difficultés avec les Toa et la trahison de Shanice et Thomas.
Télé Star : À quel moment de votre vie avez-vous décidé de faire Koh-Lanta ?
Aurélien : Ça remonte à il y a à peu près cinq ou six ans. Je me suis dit "Tiens, j’apprécie énormément le programme" et j’avais l’impression d’être un bon catalyseur de ce qui pour moi, faisait un bon aventurier. A la fois du physique, de la logique, peut-être des capacités en stratégie et en tactique. Il n’y avait vraiment que l’aspect survie où je me disais "Je ne sais pas trop" puisque personne n’est jamais soumis à des conditions aussi rudes. Je me disais "Tu as un bon mental, tu as fait des choses qui nécessitaient d’avoir du mental pour aller au bout", notamment des triathlons, donc pour moi, ça coulait un petit peu de source.
Comment avez-vous vécu votre aventure dans son ensemble ?
C’est là où ça a été vraiment surprenant, parce que je ne m’attendais pas à être aussi à l’aise dans la partie survie. J’avais aucune notion de ce que ça pouvait donner. J’avais des vertus, des idées et en fait, on se rend compte que la survie, c’est beaucoup de logique. Au final, j’ai plutôt très bien dormi. Le manque de nourriture, c’est sûr que c’était un petit peu compliqué, mais on voit bien que sur le camp, c’est moi qui ramène de nourriture. Il y avait une forme de fierté aussi, d’être le pourvoyeur de nourriture de mon équipe, quoi.
À plusieurs reprises dans l’aventure, vous confiez vous être senti en décalage par rapport à votre équipe…
Complètement. Quand je me suis inscrit à Koh-Lanta, je pensais qu’il y aurait plus de profils un peu comme le mien, c’est-à-dire de gens qui ont un attrait pour la tactique, des gens qui se seraient vraiment entraînés ou en tout cas renseignés sur ce que c’était que la survie… Au final, je me rends compte que si on m’enlève un peu de l’équation du camp jaune, c’est un peu light quoi, c’est un peu un "No Man’s Land" en termes d’activité. C’est vrai que j’aurais apprécié de pouvoir avoir quelqu’un sur qui me reposer. Une Candice, par exemple, m’aurait été super bénéfique parce que c’est vrai qu’il y a une forme de lassitude, en fait. Quand vous voyez que tous les matins, vous êtes le premier debout dès que l’aurore est arrivé. Dès l’arrivée du premier rayon de soleil, vous êtes le premier à aller chercher du bois, pêcher, chasseur, améliorer nos conditions de vie, au bout d’un moment il y a une forme de lassitude de se dire "Si je suis le seul à avancer dans ce sens-là, où est-ce que ça merde ?" Cette partie-là n’était pas forcément hyper facile à vivre. Au tout début, je m’étais dit "Okay, ils ont l’air un peu néophytes mais si je leur donne plein d’astuces, ils vont les appliquer". Si je vais tout seul chercher des crabes pendant une heure, je vais en ramener peut-être une vingtaine. Par contre, si on y va tous ensemble pendant dix minutes, on va en ramener la même quantité. Donc moi je ne vais pas me fatiguer, me crever, et je serais peut-être plus efficace sur les épreuves… Et je trouve que dans mon équipe, ce qui manquait un petit peu, c’était cette logique.
Lors de votre dernier conseil, vous sembliez surpris de voir votre nom apparaître sur les bulletins. Pourquoi vous pensiez-vous intouchable ?
Clairement, je pays un excès de confiance. Si je dois dire que je suis fautif, c’est là-dessus. J’ai eu un gros excès de confiance. J’ai analysé la situation par le filtre de ma propre analyse. Je me suis dit "Me virer à ce moment-là alors qu’on est en équipe, qu’on a besoin de manger, de gagner les épreuves, qu’elles soient physiques, statiques, on a besoin d’un élément comme moi. Je suis pourvoyeur de nourriture comme il n’y en a pas d’autre." De mon point de vue, m’éliminer à ce moment-là, c’est une hérésie. Mais une fois de plus, c’est là où je pêche, c’est que je l’analyse selon mon propre avis. Alors qu’en fait, ça a été de se dire "C’est peut-être l’occasion d’éliminer un élément un peu fort parce que la réunification approche".
Avant votre départ du conseil, vous avez laissé entendre que vous vous sentiez trahi par certains candidats. Quelle a été la trahison la plus difficile à vivre pour vous ?
Là où j’ai été le plus surpris, c’est sur le vote de Thomas. Le vote de Vincent est logique. Il entend par Shanice que j’envisage de voter contre lui parce qu’à ce moment de l’aventure, il "servait" moins que Lucie, qui était un peu plus costaud dans les épreuves. Lucie, c’est elle ou moi donc son vote est logique. Et j’ai Thomas, qui est l’élément qui me fait plonger, parce que c’est pas non plus écrasant comme vote. C’est 5 voix contre 4. Sa voix me fait plonger. Thomas, c’est vraiment quelqu’un dont je m’étais rapproché. Lui-même s’était beaucoup confié à moi. Il avait beaucoup de choses à me dire, je l’avais écouté d’une oreille très attentive et je me suis laissé berner par ça en me disant "S’il se confit à moi, c’est qu’il me fait confiance donc je peux lui faire confiance." Je me suis complètement planté. J’ai oublié que Koh-Lanta c’était un jeu de tactique avant tout, il y a de la stratégie tout le temps. Ça a été la douche froide quand j’ai vu mon nom. J’avais fait des calculs, je me disais que je pouvais avoir un, deux ou trois votes, et j’avais pas bien calculé le vote de Thomas. Mais je peux pas lui en vouloir parce que je suis arrivé sur l’île avec cette idée-là. C’est un jeu, tout est possible, c’est une parenthèse dans la vie. Ça fait partie du jeu. Je considère qu’ils ont bien joué. Et je vois qu’au final, quand je dis "Chez les jaunes, il y a un ou deux cerveaux pour dix", et bien il s’avère que là, en l’occurrence, c’est moi qui ai mis le mien sur OFF et les autres en ont profité.
Votre départ a en grande partie été provoqué par Shanice. Quel sentiment aviez-vous à son sujet ?
Sur le camp, je trouvais qu’elle n’était pas très active. Elle avait mis la main sur le riz comme Cerbère sur un trésor. J’avais un petit peu de mal avec ça parce que je voyais pas la légitimité qu’elle avait alors que l’ensemble était plutôt d’avis de manger un peu plus de riz. Je ne voyais pas quelle légitimité elle avait pour nous imposer sa vision des choses. On arrivait à obtenir un peu plus, mais c’était toujours la bagarre pour avoir quelques coquillages de plus. Je voyais bien qu’elle était sur une sensibilité complètement différente de la mienne. Je ne pensais pas qu’elle avait à ce point un problème avec l’autorité. Je l’ai découvert dans l’épisode avec les feuilles de cocotier qu’elle ramassait. C’est peut-être de ma faute, je lui ai peut-être mal expliqué. Mais elle peut nous en ramener des tonnes, c’est pas du tout quelque chose de nécessaire pour le feu. Et je pense que c’est là que j’ai pas été bon. Dans mon discours, le fond est bon mais la forme ne l’était pas. Pas pour quelqu’un qui a du mal avec le principe d’autorité.
Avez-vous pu parler à Shanice, Thomas et aux autres depuis votre retour en métropole ?
Oui, on a eu l’occasion de discuter. Thomas s’est excusé de son vote. Globalement il a fait un mea-culpa sur ce vote-là. Myriam, c’est pareil, et je pense que Shanice n’a pas du tout eu envie de revenir sur cet évènement-là et c’est tout à fait son droit. Une fois de plus, je n’en veux à personne. Ça faisait 15 jours qu’on se connaissait, on ne parle pas d’amitiés de 10 ou 15 ans, il faut vraiment accepter le fait que c’est un jeu. Je trouve qu’en tant que joueurs, leur œuvre a été plutôt bien pensée parce que je n’ai à aucun moment envisagé de jouer le talisman en mode défensif. Je m’étais auto-convaincu que je devais le jouer contre les rouges, parce que mon objet ça a toujours été de jouer pour l’équipe.
Vous regrettez de ne pas avoir joué le talisman ?
J’ai deux regrets. Le premier, ne pas avoir jouer le talisman. Je pense que c’était une erreur qui de toute façon m’aurait coûté derrière. Parce que si je l’avais joué, ça faisait voler en éclats l’unité apparente des jaunes et ça aurait eu des conséquences par la suite. Mais on aurait pu remettre les choses à plat par la suite. Le deuxième regret que j’aie, c’est que l’exigence que je m’applique au quotidien et sur l’île, je l’ai appliquée aussi pour les autres. Et en effet, ils n’étaient peut-être pas sur le même mode de communication que moi. Certains avaient peut-être besoin que ce soit plus doux dans la façon de le dire. Ce côté un peu militaire parfois passait peut-être mal, c’est là que j’ai peut-être fait des erreurs. Certains auraient peut-être eu plus de besoin qu’on leur passe de la pommade dans le dos en leur disant "C’est bien ce que tu fais". J’étais peut-être trop dans le côté négatif, mais c’était pour le bien de l’équipe. C’était fait toujours de façon des bienveillante.
Quel est votre meilleur et votre pire souvenir dans l’aventure ?
Le pire, c’est le moment où vous voyez votre nom pour la toute première fois sur un bulletin. Ça, c’est vraiment quelque chose de particulier, vous êtes vraiment pris aux tripes, c’est vraiment très désagréable comme sensation. Le meilleur, je ne savais pas vraiment ce que je valais vis-à-vis du harpon, et c’est quand je me mets dans l’eau, je fais un premier tir qui est un peu mal cadré, j’en fais un deuxième et je flèche un poisson. Là, ouais, c’est une satisfaction personnelle incroyable. Je sais qu’en plus, on chasse et on pêche pour manger. C’est vraiment la finalité de se dire "Je me nourris par moi-même, et je nourris mon équipe". C’était quelque chose d’hyper agréable à vivre.
Maintenant que vous avez un pied dans la télé, avez-vous d’autres projets ?
Je suis plus dans le côté dépassement de soi, mental… Ouais, c’est vrai que si l’optique d’un Ninja Warrior se présentait, je répondrais présent. Et on ne peut pas nier que quand on fait une demi-aventure comme ça, on pense forcément à la possibilité d’un All Stars. C’est pas à moi de déterminer si je le mérite, mais je serais vraiment ravi de pouvoir faire ça. Peut-être dans des conditions un peu différentes, avec des gens qui auraient déjà connu ces pratiques de survie, et qui auraient une vision du jeu à moyen-terme. Des gens avec un mode de fonctionnement un peu différent.
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