« Il faut libérer la parole des enfants », estime Jean-Luc Reichmann

  • A partir de ce jeudi, TF1 diffuse la huitième saison inédite de « Léo Mattéï ».
  • Jean-Luc Reichmann y incarne depuis 2013 le rôle-titre, celui d’un commandant d’une brigade des mineurs dans le sud de la France.

Léo Mattéï est de retour sur
TF1. Dès ce jeudi, la chaîne diffuse la 8e saison inédite de sa série policière, portée par
Jean-Luc Reichmann. L’animateur incarne depuis 2013 le rôle-titre, celui d’un commandant d’une brigade des mineurs dans le sud de la France.

Lors de trois soirées distinctes, le héros se penchera sur de nouvelles enquêtes en lien avec l’emprise et la difficulté de la libération de la parole des enfants et des adolescents. Des thèmes qui tiennent particulièrement à cœur de Jean-Luc Reichmann.

Nous avons appris que vous aviez le Covid-19. Comment allez-vous ?

Pendant douze jours, j’étais à plat complet. Depuis plus d’un an, on a vraiment pris toutes les précautions sur les tournages de Léo Mattéï et des 12 Coups de midi. On a été exemplaire de A à Z. Et un vendredi, l’école vous appelle pour vous dire « fermeture des classes ». J’ai envie de dire que c’est bien qu’on ait fermé les établissements scolaires, parce que je pense que le problème est venu de là. Trois jours plus tard, j’étais dedans, j’ai fait annuler tous les tournages. Ça va, car on a suffisamment d’avance par rapport à ce que nous avions déjà mis en boîte pour la quotidienne. Mais quand vous rentrez dans le tunnel, vous ne savez pas comment vous allez sortir.

Savez-vous quand vous allez pouvoir reprendre les tournages ?

Je me suis donné un petit moment. Ça fait une bonne douzaine de jours que je suis dans la tourmente, je fais les examens progressivement, les prises de sang, les scanners des poumons pour savoir quelles sont les incidences. Je pense qu’il faut suivre scrupuleusement le protocole, et je crois qu’il est urgent pour les personnes qui ne sont pas encore vaccinées – je ne suis pas dans la tranche d’âge –, que tout le monde le soit. Je ne souhaite à personne ce que j’ai vécu.

Cela fait déjà un an qu’il n’y a plus de public dans les émissions. Espérez-vous le retour des spectateurs en septembre ?

Tout ce qu’on a pu projeter depuis un an et demi ne s’est pas passé, donc je préfère ne rien prévoir. Mais on attend tous effectivement avec grande impatience de retrouver de la vie, c’est ça le plus important.

Vous revenez ce jeudi dans une nouvelle saison de « Léo Mattéï ». Ce rôle vous tient-il toujours autant à cœur ?

De plus en plus, par rapport aux valeurs que j’essaie de défendre sur l’éducation, sur les enfants, sur le fait de faire de la prévention à tout niveau en sachant que le danger est partout. Cela fait dix ans qu’on a créé cette série, et je ne pensais malheureusement pas être autant dans l’actualité dix ans plus tard.

Quand vous voyez tout ce qui se passe autour des enfants, des pièges et de l’emprise qu’il peut y avoir à quelconque niveau. La première soirée [de la série] se passe dans le sport et la natation, la deuxième dans les familles d’accueil avec des enfants handicapés, puis la troisième dans les familles et les communautés. On y retrouve Yves Rénier, Annelise Hesme ou encore Lou Jean, beaucoup de guests se sont ralliés à nous cette année.

Il faut évidemment continuer ce combat contre l’emprise. Il est temps de libérer la parole des enfants, il faut les écouter. C’est très difficile de parler avec un enfant ou de le faire parler. Quand on est père de famille, il n’y a rien de plus compliqué. On peut passer à côté de problèmes existentiels, quotidiens, à l’école, dans la rue…

Dans ces épisodes, il est question des prédateurs qui peuvent se retrouver dans l’entourage proche des enfants et des adolescents…

On a voulu explorer des univers différents à chaque soirée, pour dire que le danger est partout. Et le plus fourbe, le plus insidieux dans l’histoire, c’est qu’il n’est pas obligatoirement là où on pense.

Les épisodes de la première soirée abordent le harcèlement, la pédocriminalité, les violences physiques ou psychologiques… Des problématiques que vous vouliez en résonance avec l’actualité ?

Nous écrivons ces histoires un an à l’avance et malheureusement, un an après, on s’aperçoit à chaque fois qu’on est de plus en plus dans l’actualité. Les histoires sur lesquelles nous sommes en train de réfléchir, à mon grand désespoir, seront encore vraies dans un an. Mais plus on en parlera et plus on apportera notre petite pierre à l’édifice.

Y a-t-il une démarche de sensibilisation derrière cette série ?

Evidemment, on essaye de rendre hommage à la vérité, aussi pourrie qu’elle puisse être.

La série peut également faire écho à l’affaire Christian Quesada. Une affaire qui vous a profondément bouleversé ?

Je me suis exprimé là-dessus, ce n’est plus mon histoire. C’est l’histoire de la justice.

Vous n’avez rien ressenti à sa sortie de prison tout récemment ?

Je ne peux pas répondre à cette question, j’ai dit que je ne m’exprimerai plus sur une personne qui ne fait plus partie de ma vie.

La deuxième soirée est centrée autour d’enfants en situation de handicap. Vous vous êtes investi dans des associations qui luttent contre la discrimination de ces enfants. C’est un thème qui vous touche personnellement ?

Je suis dans une association qui s’appelle Equilibr. Il y a des enfants qui sont différents, qui sont maltraités, délaissés par des couples qui se séparent… Je suis un combattant pour la différence. Moi aussi j’en ai une, je suis né avec une tache sur le nez, on a voulu me la faire enlever plusieurs fois. J’ai résisté à l’école, ado et plus tard, quand j’ai commencé la télé. Je suis pour le respect de la différence, le respect du handicap, j’ai une sœur qui est handicapée. Tous ces facteurs m’ont mis sur cette voie. L’éducation d’aujourd’hui, c’est le monde de demain.

Des enfants en situation de handicap jouent dans les épisodes de la deuxième soirée. Cela n’a pas été trop difficile d’aborder cette histoire sombre et tragique qui parle notamment d’abandon ?

On a beaucoup parlé avec les parents pour demander si les enfants étaient aptes à tenir la charge émotionnelle, en disant qu’il fallait bien dissocier le fait que ce soit de la fiction et non la réalité. C’était très important pour moi de faire cette démarche psychologique avec les parents d’abord. J’ai voulu laisser la chance à ces enfants qui n’avaient jamais joué la comédie et qui, de temps en temps, sortent des scènes, des séquences qui n’avaient pas été écrites dans le scénario. Ça a été tellement beau qu’on n’a pas pu passer à côté de cette vérité-là, et on l’a laissée au montage. Ce sont des moments magiques et suspendus. C’était bouleversant, il y avait des techniciens qui pleuraient, ça ne m’était jamais arrivé sur un plateau.

Vous êtes-vous fixé un nombre maximum de saisons de « Léo Mattéï » ? Avez-vous encore beaucoup de choses à dire à travers cette série ?

Pour l’instant, je me sens utile. Il faut que cette ouverture médiatique serve aussi à libérer des paroles et à avoir une vision populaire sur ces phénomènes fallacieux, insidieux, fourbes, qui sont partout. Si cette ouverture peut arriver à faire ouvrir un peu plus les yeux, qu’on en parle et qu’on puisse libérer cette parole…

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