Il a déjà tes yeux (C8) Aïssa Maïga : "D’une certaine manière, j’ai été, moi aussi, adoptée"

Dans cette jolie comédie familiale, Aïssa Maïga alterne humour et émotion avec la même grâce. Un art délicat et précieux…

Depuis La Première Étoile, en 2009, faire rire et réfléchir en taclant les préjugés racistes est au cœur du cinéma humaniste de Lucien Jean-Baptiste. Avec cette fable en forme de comédie, l’acteur et réalisateur poursuit dans cette veine qui a fait le triomphe, sur le même thème, de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? Le cinéaste précise toutefois que sa nouvelle réalisation va plus loin : « Le film évoque les problèmes de transmission et d’héritage. Je montre aussi comment certains couples se battent pour offrir à des enfants abandonnés une vie de famille. Je tends vers des sujets universels. »

Un thème inédit

Après des années d’attente, Paul et Sali (lui d’origine antillaise, elle, sénégalaise) se voient confier à l’adoption Benjamin, un bébé de 4 mois. Le couple est aux anges et, contrairement à l’assistante sociale, carrément malveillante, qui doit les évaluer, ne se formalise pas de ce que le poupon soit blanc… Dans le rôle de la maman adoptive, Aïssa Maïga est rayonnante. « Un couple de Noirs adoptant un enfant blanc était un thème inédit au cinéma. C’était donc un projet excitant. J’ai été emballée par le scénario, parce qu’il évitait, avec intelligence, les lourdeurs et les clichés sur le choc des cultures et la couleur de peau. » C’est effectivement un exercice d’équilibriste, dans lequel le réalisateur, qui sait être à la fois frontal et diplomate, est passé maître. Son secret, selon Aïssa : « Il porte sur tous ses personnages, même a priori les plus obtus, un regard d’une tendresse et d’une indulgence infinies. »

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Un film positif

Cela fonctionne à la perfection, l’humour et l’émotion (et les punchlines) sont au rendez-vous de cette comédie aux très bonnes vibrations. Aïssa ajoute : « C’est un film positif, qui reflète la France multiethnique, qui parle du vivre ensemble avec humour et émotion. » Quoi d’autre ? L’interprétation participe au plaisir que procure ce divertissement. En assistante sociale aigrie et inquisitrice (on entend des cris de corbeaux chaque fois qu’elle apparaît !), Zabou Breitman excelle. « Elle a apporté des idées formidables. Et quelle actrice ! Inventive, pétillante… », confie Aïssa. Aux antipodes sur l’échelle du cool, Vincent Elbaz, en poteau de lycée resté scotché à l’adolescence velléitaire, livre aussi un numéro de pure comédie.

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Mais c’est avec Marius, 4 mois, que les échanges ont été les plus extraordinaires, selon la comédienne. « J’adore les bébés. Je les aimais avant d’être maman moi-même, à 21 ans (Aïssa a deux fils, de 16 et 23 ans, ndlr). Enfant, dès qu’un bébé pleurait, dans ma famille, on m’appelait. Ce don a développé en moi un instinct maternel très fort. Avec le bébé du film, c’était pareil. Chaque journée de tournage était miraculeuse. » Ce que Lucien Jean-Baptiste confirme : « Aïssa avait une très belle relation avec lui. » Pour l’actrice, cette histoire d’adoption a aussi résonné de manière intime :  » Après la mort de mon père (quand elle avait 8 ans), mon oncle et ma tante m’ont recueillie. D’une certaine manière, j’ai été, moi aussi, adoptée. » Quand l’émotion est sincère, elle illumine l’écran. 

Il a déjà tes yeux, est diffusé mardi 2 février à 21h15 sur C8  

Julien Barcilon

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