Green Book : Sur les routes du Sud (France 2) Pourquoi Viggo Mortensen a-t-il failli refuser de jouer dans le film de Peter Farrelly ?
Dans l’Amérique des années 60, en pleine lutte pour les droits civiques, l’histoire d’un pianiste noir et de son chauffeur blanc nous bouleverse par la profondeur du message et la virtuosité de l’interprétation.
Imaginez un Guide du Routard destiné aux Noirs, leur indiquant les motels, les restaurants et les bars où ils peuvent faire étape sans risques. Comprenez que tous les autres… sont réservés aux Blancs. C’était ça, le Green Book, qui donne son titre au premier film de Peter Farrelly sans son frère Bobby, avec lequel il a réalisé, dans les années 90, une flopée de comédies régressives (Mary à tout prix). « Depuis longtemps, on me demandait si je me sentirais de faire un drame. Et ma réponse était toujours : “Quand ça se présentera !” » C’est une histoire vraie, ancrée dans celle de son pays, qui l’a décidé à franchir le pas : la rencontre, en 1962, de Tony Lip, un videur italo-américain de Brooklyn, raciste, et de Donald Shirley, un pianiste noir renommé. Le second engage le premier comme chauffeur pour le conduire lors d’une tournée à travers le Sud ségrégationniste. Au fil de leur périple, où chaque jour apporte son lot d’humiliations, les deux hommes vont tisser une profonde amitié.
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« Lorsque mon ami Brian Curry m’a parlé du script, explique Farrelly, je me suis dit : “Bon sang, c’est de l’or en barre ! C’est phénoménal !” J’ai tellement aimé cette histoire que nous avons fini par écrire l’adaptation ensemble. » À l’écran, cette aventure a encore plus à offrir, Peter Farrelly faisant son miel, pimenté d’une bonne dose d’humour, de l’inversion du rapport de domination et de l’opposition entre Tony, prolétaire, gros mangeur, baratineur, gentiment beauf, et Don, virtuose cultivé et raffiné à l’extrême « Ce type est assis sur un trône, habillé en robe, on dirait un seigneur zoulou », raconte Tony à sa femme. Plus tard, sur les routes du Midwest, Don apprendra à ce balourd à rédiger de superbes lettres d’amour à son épouse. Ce plaidoyer antiraciste puise sa force dans les moments où les deux hommes s’apprivoisent et font voler en éclats leurs préjugés.
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20 kg de plus pour Viggo
Dans le rôle de Tony Lip, c’était Viggo Mortensen ou personne. Sans lui, et sa notoriété, le film ne se serait pas monté. « Viggo a lu le script et l’a aimé, se souvient Farrelly, mais il ne se voyait pas le faire. Il a fallu le convaincre. Je lui ai dit que s’il avait joué un Russe chez Cronenberg (dans Les Promesses de l’ombre, ndlr), il pouvait jouer un Italien. » Mortensen confirme : « Un tel rôle de composition était une première pour moi, et un vrai défi, car les sujets abordés ont beau être sérieux, les répliques et les situations sont souvent censées être drôles. Je craignais de verser dans la caricature. » Aucune crainte ! Alors qu’il a 20 kg de trop sous des chemisettes serrées, et un accent italien à couper au couteau, l’acteur apporte une certaine noblesse à son personnage. Face à lui, Mahershala Ali (un Oscar en 2017 pour Moonlight… et une deuxième statuette pour Green Book) est impérial dans le costume de Don Shirley. Un regard, une attitude et tout est dit : le racisme est soluble dans l’amitié.
Green Book : Sur les routes du Sud : dimanche 7 février à 21h05 sur France 2
Isabelle Magnier
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