Gravity (TF1 Séries Films) Le film d'Alfonso Cuarón est-il scientifiquement réaliste ?

TF1 Séries Films diffuse ce soir le blockbuster Gravity. En 2013, cette renversante odyssée de l’espace signée Alfonso Cuarón, faisait franchir un grand pas au cinéma. Même les astronautes ont été bluffés, malgré quelques entorses à la réalité. Explications.

La Terre vue d’en haut

Dès les premières images, on partage l’émerveillement du docteur Ryan Stone, incarnée par Sandra Bullock, dont c’est le premier vol dans l’espace. Pour les séquences de couchers et de levers de soleil vus de l’espace, le réalisateur a pu utiliser des archives de la Nasa. « J’ai eu l’impression de revivre les sensations éprouvées lors de mes deux vols, en 1996 à bord de Mir, la station russe, et en 2001 à bord de l’ISS, la station spatiale internationale », raconte la spationaute française Claudie Haigneré. Un avis partagé par l’Américain Scott Parazynski, cinq missions spatiales au compteur, avec plusieurs sorties pour réparer, comme dans le film, le télescope spatial Hubble.

Dangers à l’horizon !

Lors d’une sortie pour de menus travaux sur un panneau solaire, à 600 km au-dessus de la Terre, le docteur Stone subit une pluie de débris cosmiques aux conséquences dramatiques. Dans le film, il s’agit des morceaux d’un satellite détruit par un missile. Dans la réalité, c’est impossible puisque Hubble se situe au minimum 200 km plus bas que les premiers satellites, dont la plupart gravitent à plus de 30 000 km d’altitude ! Cela dit, le risque d’être heurté par des objets en orbite est bien réel, comme l’explique Claudie Haigneré : « Les débris sont constitués de petits outils perdus lors des sorties ou d’écailles de peinture qui heurtent la station à 28 000 km/h. Les hublots sont couverts d’impacts ! » Si un gros débris isolé se présentait, il suffirait de dévier la station de son orbite. L’équipage de Mir s’est ainsi mis plus d’une fois à l’abri dans la capsule Soyouz, véritable canot de sauvetage prêt à larguer les amarres.

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Perdus dans l’espace 

Lorsque Stone part en roulé-boulé dans l’immensité après la rupture de son fil d’Ariane, elle ne doit sa survie qu’à l’intervention de son coéquipier interprété à la cool par George Clooney. C’est ballot ! Sandra Bullock a oublié que sa combinaison disposait d’un Safer, une sorte de parachute composé de mini-réacteurs stabilisateurs. Sans dévoiler une partie de l’intrigue, il convient aussi de préciser que, dans l’espace, on ne coule pas comme Leonardo DiCaprio dans Titanic. « On flotte juste sur place », explique Parazynski. Pas très propice à la dramaturgie : Cuarón a donc pris l’option sous-marine ! Quant à l’utilisation d’un extincteur comme propulseur, c’est en théorie possible. En revanche, rejoindre Mir depuis l’ISS, puis la station chinoise, c’est pousser le bouchon un peu loin, vu la différence d’orbite : des centaines de kilomètres ! Ce qui fait dire à l’astronaute américain Michael J. Massimino dans The New York Times : « Ce serait aussi vraisemblable que de rallier à la nage Londres et les Caraïbes ! »

La bonne combinaison 

À l’écran, Stone n’est pas une astronaute chevronnée : elle n’a eu que six mois d’entraînement, alors qu’il faut au moins deux ans pour se mouvoir correctement dans l’espace. Mais lorsqu’elle est aveuglée par la buée sur sa visière, là, on touche du doigt la réalité, puisque la condensation provient du circuit de refroidissement des combinaisons. C’est pourquoi on croit rêver lorsque Miss Bullock enfile son scaphandre avec ses seuls sous-vêtements !

Gravity, est diffusé dimanche 11 avril à 21h05 sur TF1 Séries Films

Julien Barcilon

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