Festival Fame du film musical en ligne : l’histoire de Talk Talk, groupe maudit des années 80, et l’avant-garde du mouvement Noise
Un programme éclectique au deuxième jour du festival Fame (en virtuel sur le Net jusqu’au 25 février). In a Silent Way, raconte le destin malheureux d’un groupe britannique prometteur des années 80, Talk Talk, tué dans l’œuf par les majors. A qui veut bien l’entendre, fait le point sur le mouvement Noise, qui puise ses origines dans le « bruitisme » des années 1910-20, adapté aux nouvelles technologies. Passionnants.
« In a Silent Way » : ceci n’est pas du Miles Davis
Qui se souvient de Talk Talk (1981-1992) ? Le leader du groupe, Mark Hollis est un peu ce qu’a été Brian Jones pour les Stones ou Syd Barrett pour Pink Floyd : à l’origine d’un groupe mythique. Brian Jones est mort à 27 ans et Syd Barrett (1946-2006) a sombré dans la folie. Le groupe Talk Talk, lui, est (presque) oublié aujourd’hui : génie musical, Mark Hollis a été tué par les maisons de disques. Décédé prématurément à 64 ans en 2019 de sa belle mort, In a Silent Way, retrace son parcours. Le film, au titre éponyme d’un grand disque de Miles Davis, raconte cette voie qui l’a mené au silence.
In a Silent Way (de Gwenaël Breës) – Trailer VOSTFR from Dérives asbl on Vimeo.
In a Silent Way évoque une page mal connue de l’histoire du rock. Le film retrace le destin d’un musicien exceptionnel, arrivé sur le « marché » à l’apogée des maisons de disque qui recyclent les recettes des années 70, avec Deep Purpple, Led Zeppelin ou Alice Cooper. Si eux ont réussi à garder un temps leur indépendance, lorsque les magnats de l’industrie ont voulu en faire des produits ils se sont séparés. Talk Talk est emblématique du phénomène. New Wave, Synthpop, Post Punk, Post Rock… trop d’étiquettes ont été collées sur ce groupe qui reste inclassable.
Le réalisateur du film recueille les témoignages des autres membres du groupe toujours vivants dans une très belle mise en images. Identifié à la naissance de la New Wave, au seuil des années 80, avec The Stranglers, Duran Duran et Eurythmiks, Talk Talk fait un carton avec les hits It’s My Life et Such a Shame. Emi, à la production, veut que le groupe poursuive sur cette lancée. Non ! Le deuxième album est un virage à 180° et ira de plus en plus dans une direction moins commerciale qui mènera à la rupture du contrat et à la séparation du groupe.
« A qui veut bien l’entendre » : les aventuriers du son perdu
Le mouvement Noise est à la pointe de la recherche sonore en matière de production musicale. Niche expérimentale, elle trouve sa source dans le « bruitisme » né du Futurisme italien des années 1913, relayé par Dada, puis les avant-gardes russes, le Bauhaus et autre De Sijl. La vague Noise s’est aujourd’hui adaptée aux nouvelles technologies, en les mêlant à la performance artistique. Bienvenu chez les fous… de sons.
Film d’art, plus que documentaire, A qui veut bien l’entendre peut dérouter dans ses premiers plans, volontairement longs, où se succèdent silence, maelstrom de sons saturés et lecture du manifeste bruitiste. Vient ensuite une table ronde entre plusieurs musiciennes et musiciens Noise qui débattent de leur art, avec en alternance des performances filmées in-extenso.
Ces artistes s’interrogent sur la place des femmes, la signification politique de leurs pratiques hors normes, aux confins d’expériences physique parfois éprouvantes. Exigeantes, ces prestations peuvent être renversantes, notamment celles d’Arnaud Rivière et de Nina Garcia alias Mariachi à la guitare électrique ou la star du genre au nom d’artiste iconoclaste : « … ». A noter que la performance d’Alessandra Zerbinati, qui hurle en se scarifiant, n’est pas à mettre devant tous les yeux : cœur et oreilles sensibles s’abstenir.
Mode d’emploi
Rien de plus simple pour voir tous ces films : rendez-vous sur le site Fame à la Gaîté lyrique. Vous retrouverez tous les films, les performances, les tables rondes et la billetterie virtuelle. Du jeudi 18 au jeudi 25 février, sur MK2 Cruriosity
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