Euzhan Palcy saluée par un Oscar d'honneur : la carrière de la cinéaste française en 5 films

La réalisatrice française Euzhan Palcy, née en Martinique en 1958, est une pionnière qui a impressionné la planète cinéma dès ses débuts. Elle devient la deuxième cinéaste française, après Agnès Varda, à recevoir un Oscar d’honneur que l’Académie des Oscars lui remet le 19 novembre à Los Angeles, aux Etats-Unis. Retour sur cinq œuvres notables de sa filmographie. 

1« Rue Case Nègres » : œuvre fondatrice

Le film Rue Case Nègres (1983), adaptation du livre La Rue Cases-Nègres (Présence Africaine) de Joseph Zobel que la cinéaste a lu adolescente, est l’œuvre qui révèle Euzhan Palcy. Dans la Martinique des années 30, le long métrage raconte l’histoire du petit José, 11 ans, et de sa grand-mère M’Man Tine prête à tout pour qu’il reçoive une éducation d’autant plus qu’il a décroché une bourse. Elle l’a décidé : son petit-fils doit échapper à la plantation de canne à sucre. En 1984, Euzhan Palcy décroche le César de la meilleure première œuvre, une première pour une réalisatrice noire. La cinéaste est également la première artiste noire à recevoir un César.

Bande annonce de Rue Cases Nègres d'Euzhan Palcy from JMJ International Pictures on Vimeo.

2« Une saison blanche et sèche » : premier pas à Hollywood 

Euzhan Palcy a été très vite repérée par le cinéma américain. Robert Redford l’invite en 1985 (lien en anglais) aux ateliers de Sundance, le festival du film indépendant dont le comédien américain est à l’origine. Elle y travaillera sur son nouveau projet : l’adaptation du best-seller anti-apartheid, A Dry White Season (Une saison blanche et sèche) d’André Brink. Le film raconte le parcours d’un enseignant blanc, Ben du Toit, qui réalise la violence du régime ségrégationniste de l’apartheid quand le fils de son gardien noir est arrêté. Euzhan Palcy prendra tous les risques pour se documenter, notamment en se rendant en Afrique du Sud pour recueillir des témoignages. En réalisant A Dry White Season, qui sort au cinéma en 1989, Palcy devient, entre autres, la première cinéaste noire produite par une major de Hollywood (Metro Goldwyn Mayer) et la seule femme qui ait dirigé Marlon Brando. A Dry White Season est aussi le seul film réalisé durant les années de détention de Nelson Mandela, l’icône de la lutte anti-apartheid et premier président noir de l’Afrique du Sud. 

3« Siméon » : ode à la joie antillaise

Siméon (1992)film musical et fantastique, est la rencontre de deux géants de la culture antillaise. A savoir, Euzhan Palcy et le mythique groupe Kassav’. Les héros du long métrage, le professeur de musique Siméon et son disciple Isidore, souhaitent faire du zouk, un rythme antillais, une genre musical qui fera danser toute la planète. Pour cela, l’aide d’Orélie, la fille d’Isidore, leur sera indispensable. Dans la vie réelle, Kassav’ a déjà réalisé le rêve porté par Siméon : le groupe antillais a exporté le zouk aux quatre coins du monde. 

BANDE ANNONCE SIMEON 2017 from JMJ International Pictures on Vimeo.

4« Ruby Bridges » : hommage à une pionnière afro-américaine

Il n’a pas été facile de convaincre Euzhan Palcy d’accepter de réaliser Ruby Bridges, le téléfilm sur l’écolière noire qui mettra fin à la ségrégation scolaire en 1960 aux Etats-Unis en intégrant un établissement réservé aux blancs. Disney finit pas convaincre la cinéaste française qui coproduit le film. Le président américain Bill Clinton et Michael Eisner, qui dirige alors Disney, présentent le film diffusé sur la chaîne ABC depuis la Maison Blanche le 18 janvier 1998. Une première. 

5« Les Mariées de l’Isle Bourbon » : pour l’histoire

Les Mariées de l’Isle Bourbon est une mini-série qui revient sur un épisode méconnu de l’histoire française : le mariage forcé au XVIIe siècle sur l’actuelle île de la Réunion. En deux épisodes diffusés pour la première fois sur France 3 en 2007, Euzhan Palcy retrace le parcours de trois femmes qui survivent à un éprouvant voyage en mer, depuis la France, pour épouser de force des ex-patriotes français résidant sur l’île. L’objectif de ces unions étant de peupler le territoire.  

« Avec ma caméra, je ne filme pas. Je répare… J’essaye modestement de guérir les blessures créées par l’Histoire » , résumait Euzhan Palcy en 2019 en évoquant sa démarche artistique lors de la 41e édition du Festival international de films de femmes de Créteil.  

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