Et si cette dixième saison de « The Voice » était la meilleure ?

  • Ce samedi, c’est jour de finale pour TF1 qui diffuse le dernier show en direct de la dixième saison de The Voice.
  • Que ce soit par peur de lasser ou en raison de la crise sanitaire, le programme a été forcé de se réinventer en proposant plusieurs nouveautés.
  • Ambiance entre les quatre coachs, narration de l’émission, chansons parfois à côté de la plaque… Le service Culture de 20 Minutes fait le bilan des bonnes choses, mais aussi des moins bonnes, que l’on a vues cette année.

The Voice entre dans la dernière ligne droite.
TF1 retransmet, ce samedi soir, la finale de cette dixième saison du télécrochet. Si le programme star de la chaîne a compté seulement deux émissions en direct cette année – contre quatre d’habitude – ce n’est pas pour autant que l’édition 2021 aura été moins captivante. A l’approche de sa conclusion, le service Télé de 20 Minutes fait un bilan des points forts et des faiblesses de ce The Voice en temps de
Covid.

  • Une narration efficace

Les règles sanitaires (distanciations physiques, rassemblements interdits…) avaient de quoi compliquer la tâche de la production. Habituellement, les talents viennent accompagnés de leurs proches et un public assiste à leurs différentes prestations. Pandémie de coronavirus oblige, le plateau était vide de spectateurs – jusqu’aux « cross battles » auxquelles ont assisté 101 personnes – et les candidats ont reçu les encouragements de leurs familles et amis par écrans interposés. « Le Covid nous a contraints à faire évoluer les choses. C’est devenu une force. On a réussi à trouver une nouvelle écriture », nous explique le producteur artistique Pascal Guix. L’accent a été mis sur ce que, d’ordinaire, le téléspectateur ne voit pas. De la crise de panique de Marie avant son audition à l’aveugle aux ultimes encouragements des coachs vocaux avant le passage sur scène, cette saison, les fidèles ont pu observer une autre facette du télécrochet. « On a fait tout un travail de production et de montage pour faire vivre ces instants-là. On a filmé les préparatifs et essayé de faire en sorte que le téléspectateur puisse voir par le trou de la serrure ce qu’il se passe en coulisse, encore plus que d’habitude, résumait Pascal Guix avant l’épisode des « cross battles ». Cela donne un sentiment de réel que, même en direct, on n’aurait pas pu vivre. On a gardé les meilleurs moments ceux de tension, de soutien… J’ai l’impression qu’on a réussi à créer de nouveaux codes. »

  • L’alchimie entre les coachs

On a été taquins envers Vianney au début de la saison, notamment au sujet de sa posture, mais force est de reconnaître qu’au fil des épisodes la nouvelle recrue a conforté son assise. Il a trouvé sa place aux côtés d’Amel Bent, Marc Lavoine et Florent Pagny et ce quatuor fonctionne parfaitement bien, en complémentarité. Si, certaines saisons, on avait du mal à discerner ce qui relevait de la blague ou de la remarque passive agressive entre deux jurés, cette fois-ci, aucun doute n’était permis. Les chambrages étaient bon enfant et les désaccords argumentés. Les deux doyens ont donné à voir leur amitié de trente ans, les « animaux » Bent et Pagny se sont opposés aux « cérébraux » Vianney et Lavoine et les uns n’hésitaient jamais à saluer les prises de position des autres… On se demande si l’absence de public n’a pas contribué à leur spontanéité. « Est-ce que c’est grâce à cela que les coachs se sont plus lâché ?, s’interroge Pascal Guix. Je ne minimiserais pas la capacité de ces quatre-là d’être d’un naturel désarmant. »

  • Les cross battles

C’est LA nouveauté de la saison et ça a été une réussite. Une émission entière a été consacrée à ces duels entre talents des différentes équipes. En une soirée, on est passé de 16 à 8 candidats à la victoire finale. Le dispositif, où les coachs choisissaient un de ses talents puis l’équipe qu’il allait affronter, ne garantissait pas que chaque coach ait encore des talents pour les deux dernières émissions. Et ce stress des coachs était très télégénique… La part de stratégie dans le choix des artistes à envoyer au combat, sans révolutionner la partie, a aussi amusé les coachs. On a par exemple vu Florent Pagny se réjouir de constater que son équipe a « fait peur » aux autres coachs. Ces duels ont aussi permis de constater une belle solidarité entre les candidats d’équipes différentes. Les éliminations n’en étaient que plus déchirantes. Le dernier point fort des « cross battles » aura été la présence de 100 votants dans le public. Ni vraiment un show en direct, où les téléspectateurs votent pour leurs chouchous auxquels ils se sont attachés, ni une émission enregistrée où seuls les coachs tranchent, les « cross battles » ont rebattu les cartes et avantagé les talents capables de séduire le public avec une seule interprétation.

  • Les K.-O.

Si le concept des « cross battles » est exemplaire en termes d’intensité, de suspense et de lisibilité des règles, on ne peut pas en dire de même des K.-O. Lors de cette étape, chaque coach doit faire passer de huit à quatre le nombre de talents dans son équipe. Le hic, c’est qu’il n’y a pas de marche à suivre précise et que chacun n’en a fait qu’à sa tête. Florent Pagny, par exemple, a attendu que quatre des voix féminines qu’il estimait proches les unes des autres (Azza, Marie, Marghe et Stellia) soient passés sur scène avant de rendre son verdict, alors qu’il avait déjà qualifié Giada et Edgar. Amel Bent, qui venait d’attribuer trois places qualificatives a mis les deux dernières candidates à passer, Sonia et Anik, en ballottage. Marc Lavoine, lui, avait déjà sélectionné quatre talents pour l’étape suivante au moment où
Anaïd est venue défendre ses chances. Malgré son excellente prestation, elle a dû quitter l’aventure, son coach refusant de revenir sur ses choix pour lui permettre de se qualifier. Autrement dit : avant même de chanter, elle était déjà éliminée. En résumé : les K.-O. préfèrent les uppercuts à l’équité au risque de faire triompher la frustration des candidats et du public.

  • Laissez-nous danser

Magnolias for Ever de Claude François reprise par Angelo Mougin avec des trémolos dans la voix, on ne s’y attendait pas, mais The Voice l’a fait. Quand on est un puriste de la version disco, ça fait un peu mal. On aurait pu pardonner ce pas de côté si la quasi-intégralité des titres dansants n’avait pas été reprise, au moins en partie, de façon lancinante lors des « cross battles » : Bad Romance par Niki Black, Chandelier par Mentissa Aziza… La direction musicale de l’émission nous a même privés du plaisir de pousser la table basse de notre salon pour danser sur Don’t Start Now puisqu’elle a décidé de démarrer la chanson de Dua Lipa en piano voix. Cette marotte de la production qui tient à tout prix à ralentir le tempo de ses reprises a fini par nous lasser. La recette est efficace lorsqu’elle nous permet de redécouvrir des textes,
à la façon de Jim Bauer avec Tata Yoyo, mais lorsque cela fait plus d’un an que l’on est privé de boîtes de nuit, laissez-nous nous déhancher sur notre canapé sans transformer chaque tube pop en slow parfait pour un bal de fin d’année.

  • Des talents… talentueux

Avec tout ça, on oublie un peu que le cirque télévisuel ne serait rien sans les artistes. Et cette année, ils étaient au rendez-vous. Si le défilé des voix lors des auditions à l’aveugle ne s’est pas particulièrement démarqué des éditions précédentes, les finalistes, et même les huit demi-finalistes, forment un aréopage étonnement homogène du point de vue de la qualité. A tel point que samedi dernier nous étions bien en peine de savoir quel quatuor éliminer (bon, ok, Arthur et Tarik étaient un peu en dessous). Bien sûr, certaines voix de cette saison manqueront samedi soir (Anaïd notamment), mais cela faisait longtemps qu’on n’avait pas eu droit à une finale aussi équilibrée. C’est bon pour le suspense, et donc c’est bon pour le show.

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