"En fait si on est con, c'est qu'on a fait l'école" : "Adieu les cons", d'Albert Dupontel, revient à l'affiche à l’occasion de la réouverture des cinémas
La comédie d’Albert Dupontel Adieu les Cons, qui a déjà attiré 700 000 spectateurs dans les 10 jours d’exploitation qu’il a connu avant le deuxième confinemement et la fermeture des cinémas, revient à l’affiche mercredi 19 mai, auréolé de sept statuettes, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Un triomphe aux César auquel Albert Dupontel n’a pas assisté.
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Le film retrace la rencontre de trois personnages : JB, employé d’une obscure administration qui rate jusqu’à son suicide, Suze Trappet, malade en phase terminale qui veut retrouver, avant de mourir, un fils auquel elle a donné naissance sous X, et un archiviste aveugle. C’est le « schéma classique » de « quelqu’un qui ne peut plus vivre et qui va rencontrer quelqu’un qui ne veut plus vivre », explique Albert Dupontel, qui revient pour franceinfo sur la genèse de son film.
Franceinfo : Quel a été le personnage point de départ pour Adieu les cons ?
Albert Dupontel : Quelqu’un qui ne peut plus vivre et qui va rencontrer quelqu’un qui ne veut plus vivre. C’est un schéma classique. Après, j’ai inventé des personnages par rapport à ça. Ils se meuvent dans un décor que je trouvais assez juste et qui, malheureusement, s’est révélé prémonitoire. C’est un monde très connecté, mais c’est un monde dans lequel les gens sont très seuls, bizarrement.
Qu’est-ce qu’on fait pour ne pas être un con ? Est ce qu’on sort de cette société ? On fait comme vos personnages et on s’en va ?
On se pardonne parce qu’en fait, si on est con, c’est qu’on a fait l’école et l’école, qu’elle le veuille ou non, amène une forme d’apprentissage de la compétition. Cette compétition qui justement fait qu’on est en train de faire fondre la planète. Épictète trouvait une autre façon d’ « éduquer » les enfants. Je pense qu’on aura une société dans vingt ans qui sera différente. Franchement, si on continue comme ça, dans vingt ans, est-ce qu’il y aura encore un monde ? C’est la question qu’on est en droit de se poser sans ironie.
Votre personnage principal que vous interprétez veut se suicider et dit : « C’est injuste, c’est injuste, c’est injuste ». C’est quoi pour vous, cette injustice ?
Il a été formé pour qu’on soit reconnu à la performance. Il estime être très performant, ce qui est vrai, ce que le film va révéler. Mais il a passé la limite d’âge et il dit : « Ce n’est pas juste parce que je suis très bon, j’ai fait un truc très bien, etc. » Cette petite anecdote scénaristique est malheureusement vécue par des millions de gens sur la planète en ce moment. On est formatés pour une façon de penser unique qui est vraiment dommage. C’est ce que raconte le film. J’enfonce des portes ouvertes en disant ça.
Qu’attendez-vous de la ressortie du film en salles à l’occasion de la réouverture des cinémas ?
Je n’ai aucune attente commerciale sur cette ressortie. Juste, je trouve ça bien que les salles de cinéma rouvrent. Un peuple qui réfléchit, c’est déjà un peuple qui désobéit, c’est fondamental. L’acte de soumission joyeuse du spectateur quand il va au cinéma, c’est chouette. Je vais me soumettre à un grand écran, je vais me soumettre à des personnages plus grands que moi. J’adore ce voyage qu’on propose et je comprends mieux l’imaginaire que le réel.
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