David Aguilar (Lego Masters) : "Je veux créer des prothèses pour les autres"
Atteint du syndrome de Poland, David Aguilar, 21 ans, candidat de Lego Masters, mardi 5 janvier à 21 h 05 sur M6, est né sans avant-bras droit. À 9 ans, il a créé sa propre prothèse en Lego. Et travaille aujourd’hui sur sa sixième.
Comment s’est passée votre enfance avec votre handicap ?
David Aguilar : J’ai connu le harcèlement à l’école. Les enfants ne comprennent pas les gens différents et ils rigolent sans savoir qu’ils font du mal. En grandissant, c’était plus compliqué car les insultes et les mauvaises paroles ne s’adressaient plus qu’à moi. Par exemple, on me disait que c’était la faute de ma mère. À un moment, j’ai décidé de montrer qui j’étais pour savoir qui m’aimait et qui ne m’aimait pas. Petit, j’avais l’habitude de couvrir mon bras. Maintenant, je porte des manches courtes dès que je le peux.
Votre première prothèse à 9 ans n’a-t-elle pas changé le regard des enfants à l’époque ?
Non, ils ne comprenaient pas que c’était une bonne façon de démontrer que je n’étais pas si différent. Et les profs, eux, ont pensé que je lançais un appel au secours pour avoir une prothèse. C’était bizarre mais c’était le commencement d’une belle histoire.
Portez-vous constamment votre prothèse Lego ?
Pas du tout. Je n’ai pas besoin de prothèse. Je me suis très bien adapté à ma situation et je vis une vie normale sans prothèse. Je ne la porte que pour démontrer tout ce que vous pouvez faire avec ce jouet incroyable et pour aider les autres à s’aimer comme ils sont, quelle que soit leur condition. Je ne la porte que pour diffuser mon message ou pour faire des conférences.
Aujourd’hui, vous étudiez la bio-ingénierie à l’université de Barcelone…
Je veux créer des prothèses pour les autres, fonctionnelles, pas trop chères, ni trop lourdes. Je travaille sur un prototype qui mixe les Lego et des éléments en polymère imprimés en 3D. Elles seront à destination des enfants mais aussi des grands. C’est plus facile de vivre quand vous naissez avec une condition comme la mienne que si vous êtes amputé plus tard, à 30 ou 40 ans, à cause d’un accident ou d’une maladie.
Réalisez-vous que vous êtes un modèle pour beaucoup d’enfants ?
Savoir que des enfants me traitent comme un super-héros et demandent des Lego à leurs parents, c’est super émouvant. Et cool.
Mais comme dans Spider-Man, «un grand pouvoir implique de grandes responsabilités»…
Je sais. Je dois toujours donner le bon exemple, toujours choisir les bons mots. Les personnes avec un handicap peuvent être très sensibles à ce que vous dites. Mais j’essaie toujours de dire la vérité et ce que je pense. Et ce, de la meilleure façon possible.
Quel plaisir prenez-vous à construire des Lego ?
C’est satisfaisant. Chaque brique a sa place, tout s’emboîte comme il faut. Il y a ce sentiment d’accomplissement une fois que vous avez fini toutes les étapes des instructions de montage. Et puis, le Lego est comme une langue. Je connais les briques, je sais comment elles se connectent et je peux faire n’importe quoi avec. La seule limite est l’imagination.
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