Colette, ancienne résistante âgée de 92 ans, héroïne d'un documentaire de Michael Moore nommé aux Oscars
Colette Marin-Catherine est une femme de caractère. Il n’est pas facile d’impressionner cette ancienne résistante de 92 ans. Lorsque le réalisateur de documentaires mondialement connu Michael Moore l’a appelée pour lui annoncer la nomination du film qui porte son nom aux Oscars, elle ne savait tout simplement pas qui il était.
La Caennaise observe de loin l’engouement autour du film dont elle est l’héroine, mais elle est fière que la mémoire de son frère soit honorée. Le 25 avril, jour de la cérémonie des Oscars, elle sera chez elle, à Caen. Mais se tiendra sans doute au courant de ce qu’il se passe à Los Angeles.
Le documentaire « Colette », du réalisateur américain Anthony Giacchino et de la journaliste française Alice Doyard, est disponible sur le site du « Guardian », qui l’a produit. Colette Marin-Catherine s’était juré de ne jamais mettre un pied en Allemagne, pays qui lui a enlevé Jean-Pierre, son frère, à l’âge de 17 ans. Et puis, elle n’a jamais apprécié ce qu’elle appelle le tourisme « morbide » qui s’est développé autour des camps de concentration. Mais 75 ans plus tard, elle change d’avis, notamment grâce à sa rencontre avec une étudiante en histoire, Lucie, qui s’est intéressée pour sa thèse au parcours de Jean-Pierre, ce jeune résistant normand.
« Je suis dépassée par l’horreur »
Le film raconte en 25 minutes ce voyage en compagnie de Lucie sur les traces de Jean-Pierre, dans le camp de Mittelbau-Dora où il fut déporté après son arrestation en 1943 et où il mourut d’épuisement en 1945. « Quand je vais franchir la frontière avec l’Allemagne, je sais que je ne serai plus la même », dit Colette, alors qu’elle prépare sa valise.
Le film raconte avec pudeur des moments d’une force incroyable. Colette n’est pas femme à laisser paraître ses émotions, et encore moins à se laisser dépasser par elles. Mais, quand elle se rend là où son frère a tant souffert et est décédé, forcément elle craque, comme 75 ans plus tôt. « Je suis dépassée par l’horreur », dit-elle en pénétrant dans le crématorium. Un témoignage fort et précieux à faire découvrir au plus grand nombre.
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