Cinémiam (Ciné+ émotion) Thierry Marx : “Le chef est un metteur en scène”

Le grand chef évoque ici les liens entre le cinéma et la gastronomie, deux univers dans lesquels l’émotion est au coeur de la création…

Quelle est votre première réaction lorsque l’on évoque la gastronomie et le cinéma ? 

Thierry Marx : L’art culinaire est de donner de la mémoire à de l’éphémère. Le cinéma, lui, fournit une mémoire plus durable, car, bien évidemment, on peut revoir un film plusieurs fois. Mais je trouve qu’il y a presque un intérêt commun à parler de cinéma et de gastronomie. C’est un mariage qui semble, finalement, être une évidence.

Trouvez-vous des points communs dans le processus de création d’un réalisateur et d’un chef ? 

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Totalement ! Un plat n’est pas une succession d’ingrédients, ça ne marcherait pas. Il faut raconter une histoire : par exemple, que le boeuf que j’ai acheté vient d’un petit boucher, qui est lui-même allé le chercher chez tel paysan… Il y a une dramaturgie du plat, il faut créer un univers. Le chef est un metteur en scène, afin que les ingrédients jouent un rôle. 

Avez-vous été marqué par une scène de cuisine dans un film ? 

Je pourrais en citer beaucoup, mais je dirais Diva : le moment où Richard Bohringer explique l’art du zen dans la tartine. Il exprime tout, finalement : la cuisine, c’est le geste, le feu, le temps. Il parle de « satori » : c’est quelque chose de fort, un épanouissement. Le geste et le propos de Bohringer à ce moment-là sont d’une justesse absolue. 

Interview Aurélien Gaucher 

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