Box-office France : "Les gros succès sont toujours américains", relativise le réalisateur Cédric Klapisch
Alors que la fin d’année laisse la place au bilan, celui du cinéma français peut sembler un peu morose. Aucun film français n’apparaît cette année dans les dix premières places du box-office France, qui comptabilise le nombre d’entrées dans les salles obscures. Une première depuis 33 ans. « C’est toujours comme ça, les gros succès sont toujours américains », relativise mercredi 28 décembre sur franceinfo Cédric Klapisch, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma français. Son film « En corps » fait partie des plus gros succès de l’année.
franceinfo : Vous tirez votre épingle du jeu dans un box-office trusté par les Américains. Est-ce que ça vous interpelle ?
Cédric Klapisch : C’est toujours comme ça. Tous les ans, les gros succès sont toujours américains avec les gros blockbusters américains. C’est aussi une différence de budget, ce sont des films cent fois plus chers qu’un film moyen français. Ce n’est pas le même genre de films.
Est-ce trop cher pour la France ?
Aucune production française ne peut financer un film à plus de 200 millions d’euros. Là, par exemple, « Les Trois Mousquetaires », la grosse production française à venir, c’est 60 millions d’euros. C’est dix fois moins cher. Ce n’est pas la même chose, c’est difficile de comparer.
Tire-t-on un bénéfice de ces grosses machines ?
C’est un aspect du cinéma. Moi, ce n’est pas le cinéma qui me fait rêver. Le cinéma américain, c’est toujours ce qu’on attend. Le cinéma européen, on essaie de faire des choses qu’on n’attend pas. « En corps », on ne savait pas si ça allait marcher ou pas. On n’est pas dans le même registre.
« En corps », c’était un sacré pari ?
On fait du cinéma pour que les gens le voient et, quand on s’approche de scores comme ça, c’est inattendu et formidable. En France, c’est une bonne période. Les films français sont plutôt en bonne forme. Il y a une vraie offre diversifiée en France.
« On a tendance à dire qu’il y a une baisse de fréquentation en salles. Mais, depuis septembre, les gens retournent au cinéma. »
à franceinfo
Il y avait besoin de reprendre des habitudes ?
Oui, on a eu tous peur d’aller dans des salles de spectacle où il y avait plein de gens. On a perdu des habitudes. Le confinement nous a habitués à utiliser plus nos télévisions et les plateformes. Mais c’est vrai qu’il y a un plaisir d’aller dehors, dans les terrasses de café, dans les salles. Ce n’est pas près de disparaitre.
Et l’avenir du cinéma français, vous avez des pistes ?
Tout le monde étudie tout : le prix des places, le type de films… Ça remet en question chez nous, réalisateurs ou scénaristes, que, peut-être, il faut faire autrement, fabriquer autrement. Il y a aussi l’histoire de l’éducation à l’image. Le nouveau « Fast and Furious » ou « Marvel »… Il y a un truc un peu triste que le spectateur ne soit attiré que par ça. Il y a vraiment une éducation du regard, de façon à créer une curiosité un peu plus diversifiée.
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