Alpheratz : "Je suis une personne trans, qui passe d’un genre à un autre"
Assigné. e (ou «assignæ») femme à la naissance, Alpheratz, 50 ans, ne se reconnaît dans aucune de ces constructions sociales que sont le féminin et le masculin et témoigne dans le reportage de Zone interdite, Ni fille, ni garçon, enquête sur un nouveau genre, dimanche 10 janvier à 21 h 05.
Télé Star : Vous êtes prof de linguistique. Comment vous présentez-vous à vos étudiants ?
Alpheratz : Je leur dis que je suis une personne trans, qui passe d’une catégorie de genre à une autre, en l’occurrence du féminin au non-binaire. Et que j’utilise le genre neutre et inclusif pour que le masculin ne l’emporte pas sur le féminin. Dire qu’un genre l’emporte sur un autre est l’expression d’une pensée inégalitaire. Cela dit bien que nous vivons dans un monde où «les droits de l’homme» sont l’expression de l’escroquerie d’une catégorie sociale qui se présente légitime pour représenter tout le monde.
Comment en êtes-vous venu.e (ou « venux ») à revendiquer votre genre non-binaire ?
Je suis une personne de mots, qui écrit, qui traduit, qui enseigne la linguistique. Je travaille dans le domaine du langage et les mots que j’emploie m’ont fait réfléchir et m’ont amené. e (ou «amenæ») à me questionner sur les genres grammaticaux et sociaux, et donc à m’interroger sur ma propre identité de genre. Dans cette réflexion, j’en suis au point où l’identité non-binaire me convient bien actuellement.
Cela veut-il dire que vous n’êtes ni homme ni femme ou que vous êtes les deux ?
Les personnes se réclamant d’une identité non-binaire donnent plusieurs propositions. Pour moi, cela représente une façon d’affirmer que le féminin et le masculin, tels qu’ils ont été façonnés par la culture et l’histoire, sont des constructions plus aliénantes qu’autre chose. La non-binarité est la possibilité d’exprimer une identité qui souhaite se libérer de ces constructions.
Est-ce une façon de se révolter contre la société ?
C’est ainsi que je prends les choses. C’est un refus d’utiliser les conventions qui nous enferment dans des stéréotypes et qui sont un frein à l’expression de notre potentiel en tant qu’être humain.
Est-ce aussi une façon d’affirmer son homosexualité ou sa bisexualité ?
L’identité de genre n’a aucun rapport avec l’orientation sexuelle. Quand je parle de genre, je ne parle pas de sexe mais d’identité sociale et d’un sentiment d’appartenir ou non à ces identités sociales que sont le masculin ou le féminin.
Comment les non-binaires sont-ils traités ?
Aujourd’hui, toutes les personnes qui se disent différentes de celles d’un système bien établi par les conventions sont déjà stigmatisées.
Comment a réagi votre entourage à l’annonce de votre non-binarité ?
Cela n’a pas été facile. Des gens m’ont dit « pas de souci » et d’autres, comme mon papa, n’arrivent pas à s’adapter. Je préfère ne pas créer de rupture et accompagner ces personnes qui me sont chères.
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