Allain Bougrain-Dubourg : "Je n’ai pas la prétention d’avoir des héritiers"

Les Sauveurs des animaux sauvages, diffusé mardi 4 mai à 21h15 sur C8, raconte le quotidien de ceux qui volent au secours des espèces les plus menacées, du guépard au rhinocéros noir d’Afrique ou aux koalas d’Australie. Allain Bougrain-Dubourg y apporte son expertise de quarante ans d’engagement.

De quoi ce documentaire est-il le signe ?

Allain Bougrain-Dubourg : Autant la prise de conscience du réchauffement climatique est réelle, autant la disparition de la biodiversité n’est pas encore bien perçue, malgré l’incroyable déclin qui l’affecte. Quand une espèce d’oiseaux disparaît, la biodiversité en subit les conséquences. Aujourd’hui en France, un tiers des oiseaux est menacé.

Votre engagement est-il une vocation ?

À 12 ans, j’ai monté le Club des jeunes amis des animaux, au lycée-collège Eugène-Fro-mentin de La Rochelle. Ce que je constate, c’est qu’avec la Ligue de protection des animaux (LPO), on s’est professionnalisé. Je fais simplement respecter les lois. Récemment, concernant le piégeage à la glu, nous sommes allés jusque devant le Conseil d’État et la Cour européenne de justice, et nous avons gagné. La première qualité d’un naturaliste, c’est la patience.

Quelles sont vos autres principales victoires ?

Devant le Conseil d’État, j’ai gagné 13 fois au sujet du braconnage de la tourterelle dans le Médoc. Il a fallu vingt ans pour que le préfet fasse respecter la loi. Même chose pour les ortolans, ça a mis quinze ans. Il y a une prise de conscience des citoyens sur la condition animale avec les questions de la maltraitance et de la chasse mais, hélas, ça n’avance pas à cause de lobbies très actifs.

Quel regard portez-vous sur votre parcours à la télévision ? Estimez-vous avoir été utile ?

Des biologistes, des chercheurs m’ont confié que c’est en regardant Animalia qu’ils avaient eu la vocation de s’engager. Pour moi qui n’ai que "bac -1", c’est très flatteur.

Que pensez-vous de la trop petite place faite aux animaux à la télévision ?

Je regrette qu’il n’y ait pas de magazine pour montrer le formidable travail des associations de protection des animaux et celui des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ou de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Aujourd’hui, on préfère apparemment faire des documentaires où on montre comment vole un oiseau-mouche en battant 80 fois des ailes par seconde !

Cela vous intéresserait-il de l’incarner ?

Je ne fais pas les antichambres de l’audiovisuel. Il y a des gens très compétents qui sauraient s’en occuper.

Qui pourrait être votre héritier ?

Je n’ai pas la prétention d’avoir des héritiers. Mais, je suis heureux de retrouver en Hugo Clément un personnage qui n’est pas mon contraire.

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