3 Billboards, les panneaux de la vengeance (France 2) Pourquoi Frances McDormand a-t-elle d'abord refusé ce faire ce film ?
Révélée dans le film Fargo, l’actrice incarne avec maestria, une mère prête à tout pour venger la mort de sa fille, dans le film 3 Billboards diffusé ce soir sur France 2…
Ebbing, bourgade du Missouri. Ce trou perdu n’a pas beaucoup changé depuis son édification par les pionniers : une artère principale, un bar, quelques commerces, une station-service et un poste de police, où le shérif, Bill Willoughby (Woody Harrelson), déprime sévèrement. Ce flic, un macho costaud de 1 m 90 aux manières de cow-boy, est humilié par Mildred Hayes, un petit bout de femme. Outrée que la police du cru n’ait pas résolu l’enquête sur le viol et le meurtre de sa fille, quelques mois après le drame, cette mère révoltée a loué, pour 5 000 dollars, trois immenses panneaux publicitaires, plantés dans les champs situés à l’entrée de leur ville. On peut y lire : « Violée pendant son agonie », « Toujours aucune arrestation ! » et « Pourquoi, chef Willoughby ? » Une publicité désastreuse, dont les autorités locales se seraient bien volontiers passées…
Une évidence
En 2015, le réalisateur britannique Martin McDonagh (Bons baisers de Bruges, en 2008) écrit le scénario de ce drame en pensant à une comédienne qu’il vénère en secret : Frances McDormand. Il a été impressionné par son interprétation de Marge Gunderson, policière enceinte lancée à la poursuite de tueurs, dans le thriller culte Fargo, des frères Joel et Ethan Coen, sorti en 1996. Une prestation époustouflante, qui lui a valu l’Oscar de la Meilleure actrice, en 1997. Mais, lorsqu’il lui propose le rôle de la mère vengeresse, le metteur en scène essuie un refus cinglant. Motif : Frances McDormand, artiste au caractère bien trempé, et mariée, depuis 1984, à Joel Coen, dont elle est l’actrice fétiche (Ave, César !, Burn After Reading), s’y connaît plutôt bien en cinéma. Elle trouve le scénario peu crédible. « Pourquoi faites-vous de moi une mère, alors que j’ai 60 ans ? Donnez-moi plutôt le rôle d’une grand-mère !« , lâche-t-elle, sèchement, à un Martin McDonagh blême. Mais le réalisateur, irlandais de souche, est, lui aussi, une forte tête : pas question de toucher à son scénario. C’est donc Joel Coen qui va trancher : « Un matin, il est venu vers moi et m’a juste dit : “Tu fais le film.” Donc, j’ai accepté« , résume, avec son humour bien à elle, Frances McDormand.
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L’Amérique profonde
Le tournage débute en mai 2016, en Caroline du Nord. Fille adoptive d’un pasteur canadien, qu’elle accompagnait lors de prêches dans l’Amérique profonde, McDormand est à l’aise au milieu des champs de maïs qui s’étendent à perte de vue : « Tout le décor de mon enfance » Sur le plateau, le metteur en scène découvre, admiratif, le professionnalisme d’une actrice consciencieuse à l’extrême : debout à 5 heures, elle arrive en même temps que le chef opérateur, pour assister au réglage de la lumière. Quant à son maquillage et à sa coiffure, elle tient à les faire elle-même. Et, lorsque Woody Harrelson, bluffé par sa personnalité, lui demande quels sont les acteurs qui l’ont influencée, Frances McDormand répond : « John Wayne. Un type pas facile, mais qui avait du cran et des tripes. » Un peu comme elle…
3 Billboards, les panneaux de la vengeance : dimanche 10 janvier à 21h05 sur France 2
Jean-Baptiste Drouet
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