VIDEOS. Sacre de Pomme et de Benjamin Biolay, revendications et soutien au monde de la culture : ce qu'il faut retenir des 36e Victoires de la musique
Les Victoires de la musique ont livré leur verdict. Cette 36e édition, qui s’est tenue vendredi 12 février à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), a été marquée par les sacres de Benjamin Biolay dans les catégories artiste masculin et album de l’année, tandis que Pomme a été élue artiste féminine. La cérémonie s’est déroulée sur le thème « le spectacle continue« , devant un public de 200 « figurants », en raison des restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19.
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Alors que les concerts de musiques actuelles sont à l’arrêt depuis presque un an, les catégories concert et révélation scène étaient absentes de cette édition. Pour compenser, l’ancien prix révélation de l’année a été scindé en deux : révélation féminine et révélation masculine. La catégorie « titre le plus streamé » a également été ajoutée. Franceinfo revient sur le palmarès et les moments forts de cette édition, marquée par les messages de solidarité pour le monde de la culture.
Des messages de soutien au monde de la musique et du spectacle
Dès l’ouverture, le ton était donné. Jean-Louis Aubert, parrain de cette 36e édition, a lancé un appel à Roselyne Bachelot. « Je profite de la présence, plutôt de l’absence de Madame la ministre, pour ne rien réclamer. En effet, quand j’ai commencé la musique, je ne crois pas que l’Etat y était mêlé. (…) L’Etat ne m’a rien donné, je lui ai beaucoup rendu. Tout ce que je vous demande, Madame la ministre, c’est de prendre soin de tous ceux qui bossent autour de nous : les techniciens, les organisateurs de spectacle. Pas longtemps, juste le temps de reprendre la route. »
Plusieurs artistes récompensés ont eu quelques mots pour les intermittents du spectacle, les musiciens, les techniciens et tous ceux qui œuvrent en coulisses pour la tenue des spectacles, durement touchés par la crise sanitaire et la fermeture des salles de concert. Au cours de la soirée, Thomas Savi, un musicien de l’orchestre des Victoires, a plus longuement pris la parole en leur nom : « Madame la ministre de la Culture, n’entendez-vous pas l’inquiétude qui tourne au désespoir ? Comment vivre sans exercer son art quand c’est le choix de toute une vie ? Quand on a perdu la moitié de ses revenus ? » Il a réclamé la prolongation du soutien aux intermittents du spectacle qui ont obtenu une année blanche à partir de mars 2020.
En coulisses, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a réaffirmé auprès de l’AFP son soutien aux artistes. « Les artistes ne peuvent pas pour l’instant se produire sur scène mais je travaille d’arrache-pied de jour comme de nuit avec eux pour bâtir un modèle résilient qui va nous permettre de traverser cette crise. Je suis avec les artistes et je leur souhaite beaucoup de courage. Je suis avec eux.«
Artiste féminine : Pomme
Repartie avec le prix Album révélation en 2020, Pomme remporte la Victoire de l’artiste féminine en 2021. « Je ne pleure jamais dans la vie, mais ça a été une année trop intense en bonheur et en déception« , a dit l’artiste de 24 ans. « Je crois qu’on peut dire que ça a été une année de failles » a continué l’artiste en référence au titre de son dernier album Les failles cachées. Pomme a rendu hommage aux deux chanteuses nommées dans la même catégorie qu’elle : « Suzane et Aya [Nakamura] je vous admire énormément, je suis hyper honorée d’être nommée avec vous dans cette catégorie« .
Enfin, l’interprète de Grandiose a également émis le souhait d’une « industrie plus safe pour les femmes« , en espérant que « cette nouvelle génération de femmes saura s’imposer et renverser les codes ». Pomme a publié jeudi 11 février une longue lettre ouverte sur un blog du site Mediapart, dans laquelle elle raconte ses traumatisants premiers pas dans le monde de la musique : « De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement« , y écrit-elle.
Artiste masculin : Benjamin Biolay
Il était le favori de ces Victoires. Benjamin Biolay remporte la catégorie reine d’artiste masculin. « Cela n’a pas été une année très victorieuse pour la musique« , a-t-il déclaré en récupérant son prix. « Dans cette année de silence a suivi un silence étourdissant, celle des pouvoirs publics (…) j’attends qu’on nous écoute un petit peu« , a-t-il déploré. Il affrontait Gaël Faye et Vianney, qui repartent sans prix.
Album : « Grand Prix » de Benjamin Biolay
Et de deux ! Benjamin Biolay a également remporté le prix de l’album de l’année pour Grand Prix, son neuvième disque. Un album aux tonalités rock traversé par une métaphore de la course automobile, un sport qui le passionne. « Et maintenant la bamboche !« , a lancé le chanteur, qui comptabilise six Victoires depuis son premier sacre en 2002.
Révélation féminine : Yseult
« Je pleure comme une vieille meuf, c’est chaud de ouf, qui l’aurait cru ?« . Yseult, qui remporte le prix de la révélation féminine, est arrivée sur la scène des Victoires en larmes. « Ce n’est pas fini, le chemin est long en tant que femme noire, femme grosse, femme oubliée par la société et la culture, a-t-elle clamé. Le chemin est long et sinueux mais on va y arriver ! On ne veut pas nous laisser prendre l’ascenseur on va prendre l’escalier (…) Notre colère est légitime et je voudrais que toute la France l’entende.«
Révélée par l’émission « Nouvelle Star », Yseult définit son style comme de la « Y-trap », qui oscille entre rap, sonorités électro et ballade au piano. Yseult était nommée aux côtés de Clou et Lous and the Yakuza. Son morceau Corps est un hymne à l’acceptation de soi, particulièrement revendiquée dans la chorégraphie réalisée sur la scène des Victoires.
Révélation masculine : Hervé
Le jeune artiste de 28 ans est la révélation masculine de cette année. Il l’emporte contre Noé Preszow et Hatik. Hervé a sorti son premier album Hyper en 2019, suivi par la réédition Hyper – Les prolongations en 2020. Le chanteur est venu récupérer son prix sur scène les larmes aux yeux. « Cela n’a n’a pas été évident de travailler mais on n’a pas laché ! »
Chanson originale : « Mais je t’aime », de Grand Corps Malade et Camille Lellouche
« C’est l’extrait d’un album en hommage aux femmes, un titre piano-voix qui évoque l’histoire déchirante d’un couple à la dérive« , a présenté Laury Thilleman. Mais je t’aime de Grand Corps Malade et Camille Lellouche, remporte le prix de la chanson originale. C’est la première collaboration des deux artistes. Le clip qui a accompagné la chanson était devenu viral sur les réseaux sociaux, totalisant 60 millions de vues.
« Ce sont les premières victoires de toute ma vie« , s’est exclamée sur scène Camille Lellouche, émue. « On va vite vous rendre cette victoire, car on va bientôt revenir sur scène et kiffer tous ensemble« , a promis de son côté Grand Corps Malade.
Création audiovisuelle : « Nous », de Julien Doré (réalisateur Brice VDH)
Vaisseau spatial échoué sur une plage, dinosaures… Le clip déjanté du titre Nous de Julien Doré, réalisé par Brice VDH, reçoit le prix de la création visuelle. « Un clip sophistiqué, ultra positif », a présenté Stéphane Bern. « Avec Brice, on en rêvait et grâce à vous, on l’a entre nos mais« , s’est exclamé Julien Doré qui a également remercié sa « famille artistique« . Le chanteur a dédié ce prix à sa grand-mère Aimée, « bientôt cent ans« , qui a également donné son nom à son dernier album.
Titre le plus streamé : « Ne reviens pas », de Gradur featuring Heuss l’Enfoiré
Pas de suspense pour ce prix, car le lauréat était déjà connu. Avec plus de 101 millions d’écoutes entre le 1er décembre 2019 et le 30 novembre 2020, Gradur remporte le trophée du titre le plus streamé de l’année pour Ne reviens pas (featuring Heuss l’Enfoiré). « Quand j’ai commencé la musique, il n’y avait pas le streaming, a commenté Gradur sur la scène des Victoires. Aujourd’hui le stream permet à des artistes d’être écoutés un peu partout.«
Victoire d’honneur : Jane Birkin
Tous les ans, les Victoires de la musique célèbrent un artiste pour l’ensemble de sa carrière. Cette année, la chanteuse Jane Birkin a succédé à Maxime Le Forestier. Etienne Daho, Vanessa Paradis, Eddy de Pretto ou encore Thomas Dutronc ont rendu hommage à sa riche carrière. Leur prestation a été suivie d’un émouvant discours de sa fille, Lou Doillon.
Jane Birkin a sorti en décembre Oh ! Pardon tu dormais… , un 14e album « intime et presque thérapeutique » selon ses mots. Sur scène, elle a rendu hommage à Serge Gainsbourg. Ce dernier avait lancé sa carrière musicale en 1969 en la faisant chanter Je t’aime… moi non plus, avant de partager sa vie. « De mes 20 ans jusqu’à sa mort, il m’a écrit des bijoux », a remercié la chanteuse.
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